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L'Islam est-il compatible avec la laïcité ?

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L'Islam est-il compatible avec la laïcité ? ✒️📰
Thème Philosophie

Simplement quelques éléments.

Le mot « islam » se traduit par « soumission » -voir roman récent du même nom-(dans des traductions plus softs par « confiance » (à prendre au sens fort), « musulman », mot de la même famille qu'islam, par « le soumis ». Par là l'islam apparaît comme l'antithèse des valeurs de la république des Lumières dont l'idéal est, au contraire de la soumission, l'autonomie, dont le principe de laïcité assure les conditions de possibilité.

Mais ça n'a rien de propre à l'islam : toutes les religions monothéistes réclament soumission : observance stricte et inconditionnelle de la loi chez les juifs : « la halakha (la loi rabbinique) est catégorique, ne tolérant pas de tergiversations, et inconditionnelle, ne tolérant pas de remaniements. On ne peut que s'acquitter de ses prescriptions, sans s'interroger sur leurs raisons, encore moins sur leur utilité... » (Ami Bouganim rapportant les conceptions de Leibowitz), l'obéissance chez les chrétiens puisque « les voies du seigneur sont impénétrables »...

C'est que les trois monothéismes ont leur origine dans la Genèse où le mal est originairement pure désobéissance, désobéissance aveugle puisqu'il consiste à manger du fruit de l'arbre de la connaissance par quoi se révèle ce que sont le bien et le mal : le mal est donc fait initialement en toute « ignorance de cause », en toute innocence, on fait le mal avant de savoir ce qu'est le mal : il ne consiste donc qu'en la désobéissance pure à Dieu qui est la source de l'interdit, c'est-à-dire en en ignorant les raisons… Bref, il serait possible de montrer que les relations à Dieu, aux diverses révélations, dans les trois monothéismes trouvent leur modèle dans ce point de départ.

Il y a laïcité quand on considère que les exigences de cette obéissance ne concernent que ceux qui, en toute liberté de conscience, adhèrent à la croyance qui les pose. La laïcité ne nie pas la foi mais la distingue de la croyance : la foi est une croyance volontaire, c'est la décision d'adopter une croyance en connaissance de cause, c'est-à-dire sachant que ce n'est qu'une croyance et qu'en droit il peut en exister d'autres équivalentes (c'est-à-dire de même valeur) donc admettre le pluralisme (pluralité irréductible). C'est dire que la foi suppose (au contraire de la croyance-crédulité) un choix autonome et, pourquoi pas, le choix de la soumission volontaire. Et pour nombre de théologiens modernes vaut seule comme foi authentique parce que décision volontaire, autonome.

Mais cette conception de la foi est le fait des théologiens et religieux modernes (la foi comme choix autonome et ne valant authentiquement comme foi que par là et non pas par la détermination de mes appartenances initiales et aléatoires (être né par hasard dans un milieu chrétien ou musulman ou juif dont j'adopte par inertie et sans distance les croyances)) et est exclue par tous les fondamentalismes. La laïcité n'est pas incompatible avec la foi, mais est exigence de dépassement de la croyance (rôle de l'école laïque par exemple). La laïcité émancipe des croyances mais donne la possibilité de la foi.

La question posée au départ me semble se jouer dans cette distinction.