Jean Héritier

Erreur Lua dans Module:Wikidata à la ligne 118 : attempt to index field 'wikibase' (a nil value). Jean Héritier, né au Vésinet le 19 février 1892 et mort à Versailles le 3 mars 1969^[1], est un journaliste, écrivain, historien, militant royaliste et antisémite puis collaborationniste français.

Éléments biographiques[modifier]

Royalisme et antisémitisme[modifier]

Jean Héritier, le fils d'un dreyfusard, porte dès sa jeunesse des convictions sociales démocrates^[2]. C'est la lecture de l'ouvrage d'Édouard Drumont La Fin d'un monde qui l'engage sur la voie de l'antisémitisme^[3] : il pense dès 1913 que « la synthèse du national et du social » ne peut s'envisager que par « la solution préalable du problème juif et du problème maçonnique »^[2].

Il enseigne la philosophie et le grec au collège de Nogent-le-Rotrou^[4]^,^[5], rédige plusieurs ouvrages sur le XVI^e siècle français et collabore à La Revue du siècle et aux Cahiers d'Occident^[6].

Devenu royaliste, il fréquente l'Action française de Charles Maurras ; il est un des collaborateurs du quotidien du mouvement et de L'Étudiant français^[7]. Mais en 1934, estimant que Maurras parle beaucoup mais ne fait rien^[2], et dénonçant l'« anti-germanisme intégral » de ce dernier^[8], il rompt avec éclat et se tourne vers Hitler qui « [a] agi contre les Juifs », ce en quoi il voit une forme de fidélité à Drumont^[2]^,^[9]. Il collabore encore au Courrier royal du « comte de Paris » (1934) ainsi qu'à L'Insurgé de Jean-Pierre Maxence et Thierry Maulnier (1937)^[7].

Collaboration[modifier]

Durant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat et plaide pour la collaboration avec une Allemagne qu'il définit comme « européenne et catholique dans son essence », tout en recherchant la réforme sociale, ce qui le fait classer à gauche chez les collaborateurs^[10].

Il travaille pour l'antisémite Institut d'études des questions juives et ethnoraciales de George Montandon où il enseigne la littérature en compagnie d'Armand Bernardini qui y enseigne l'onomastique^[11]. Il rédige de nombreux articles pour la presse collaborationniste, notamment dans Au Pilori^[2], La Gerbe, L'Appel, Révolution nationale ou encore Je suis partout^[12]. Il publie également dans L'Ethnie française une série d'articles sur « Les Juifs et l'ancienne France »^[10].

Lors de l'avancée des Alliés en 1944, il se réfugie en août chez Déat quand les militants du RNP s'apprêtent à partir pour l'Est de la France puis l'Allemagne^[10]. Présent parmi les exilés de Sigmaringen avec son épouse et sa fille^[13], Héritier s'y présente comme « chargé de la mission de restaurer les lys de France »^[14] et convertit peu à peu l'ancien socialiste Déat à la monarchie^[15].

Comme la plupart des exilés de Sigmaringen en fuite au moment de la Libération, il est condamné à mort par contumace^[16] mais sera rejugé après sa réapparition en France^[4]. Il est arrêté en 1946 et interrogé le 2 juillet pour sa participation rédactionnelle à La Gerbe et à L'Appel ainsi que « pour sa participation à la direction d'un réseau de la Gestapo qui dénonça une dizaine de patriotes aux Allemands^[17]. » La documentation ne fait pas état du verdict prononcé mais d'une manière générale, les condamnations des universitaires consistent en des peines d'emprisonnement d'une relative clémence^[4]^,^[18].

Après la Libération, il est repris dans la liste — à usage interne — des « écrivains indésirables » du Comité national des écrivains^[19] ^[20].

Publications[modifier]

Trois erreurs politiques. Louis XVI, Robespierre, Napoléon ; suivies de Louis XVIII, Paris, Librairie de France, 1932
Histoire de la Troisième République (2 vol.), Paris, Librairie de France, 1932-1933 (directeur)
Marie Stuart et le meurtre de Darnley, Paris, F. Alcan, 1934^[21] — prix Thérouanne de l’Académie française en 1935
Catherine de Médicis, Paris, Fayard, 1940^[22]
Michel de l'Hospital, Paris, Flammarion, 1943

Notes et références[modifier]

↑ Notice de la BnF
↑ ^2,0 ^2,1 ^2,2 ^2,3 et ^2,4 Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001, p. 145.
↑ Voir à ce sujet J. Héritier, « Quand me fut révélé Drumont », in Au Pilori, 4 mai 1944, cité par S. Epstein, op. cit., p. 145.
↑ ^4,0 ^4,1 et ^4,2 Claude Singer, L'Université libérée, l'université épurée (1943-1947), éd. Les Belles Lettres, 1997, p. 194.
↑ « Chapitre 5 : Janvier 1942 - Mai 1944 : la guerre totale », sur archives28.fr (consulté le 7 septembre 2023)
↑ Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de « Je suis partout » : 1930-1944, éd. Sedopols, 1993, p. 49.
↑ ^7,0 et ^7,1 Michel Leymarie et Jacques Prévotat, L'Action française : culture, société politique, éd. Presses univ. du Septentrion, 2008, p. 36.
↑ Philippe Mège, Charles Maurras et le germanisme, éd. L'Aencre, 2003, p. 122.
↑ Max Weinreich, Hitler et les professeurs, Les Belles Lettres, 2013 (ISBN 2251444696).
↑ ^10,0 ^10,1 et ^10,2 Simon Epstein, op. cit., p. 146.
↑ Henri Thyssens, Robert Denoël, éditeur, Chronologie : 24 mars 1943, n.d., site internet en ligne.
↑ Deux articles à Je suis partout : « La leçon de Frédéric le grand », 12 mai 1944 ; « D'un préjugé à l'imposture », 21 juillet 1944 ; cités par P.-M. Dioudonnat, op. cit., 2003, p. 49.
↑ Guillaume Lévêque, « 17 août 1944, il est grand temps de faire ses paquets... », sur La Cliothèque, 7 mai 2015 (consulté le 7 septembre 2023)
↑ Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration : Sigmaringen, 1944-1945, éd. Complexe, 1984, p. 58.
↑ André Brissaud, Pétain à Sigmaringen (1944-1945), éd. 1966, p. 201.
↑ Jean-Félix Lapille, « Une parousie européenne : La Gerbe (1940-1944) », 2016
↑ André Halimi, La Délation sous l'occupation, éd. L'Harmattan, 2003, p. 267
↑ Roland Gaucher et Philippe Randa, Rescapés de l'épuration. Vol. I : Le journal de guerre de Marcel Déat, éd. Dualpha, 2002, p. 123.
↑ Pierre Assouline, L'Épuration des intellectuels, éd. Complexe, coll. « La mémoire du siècle », 1985, p. 161.
↑ « Héritier et Komaroff : le maître et le disciple, histoire de "collabos" », sur Alain Denizet (consulté le 6 septembre 2023)
↑ Henri Hauser, « Review of Marie Stuart et le meurtre de Darnley (collection : Les énigmes de l'histoire) », Revue Historique, vol. 173, n^o 3,‎ 1934, p. 593–595 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le 6 septembre 2023)
↑ Henri Drouot, « Jean Héritier. Catherine de Médicis », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 27, n^o 112,‎ 1941, p. 243–245 (lire en ligne, consulté le 6 septembre 2023)

Liens externes[modifier]

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[1] Notice de la BnF

[Epstein_145-2] 2,0 ^2,1 ^2,2 ^2,3 et ^2,4 Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, éd. Albin Michel, 2001, p. 145.

[3] Voir à ce sujet J. Héritier, « Quand me fut révélé Drumont », in Au Pilori, 4 mai 1944, cité par S. Epstein, op. cit., p. 145.

[Singer,_p._194-4] 4,0 ^4,1 et ^4,2 Claude Singer, L'Université libérée, l'université épurée (1943-1947), éd. Les Belles Lettres, 1997, p. 194.

[5] « Chapitre 5 : Janvier 1942 - Mai 1944 : la guerre totale », sur archives28.fr (consulté le 7 septembre 2023)

[Dioudonnat_49-6] Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de « Je suis partout » : 1930-1944, éd. Sedopols, 1993, p. 49.

[Leymarie_et_Prévotat,_p._36-7] 7,0 et ^7,1 Michel Leymarie et Jacques Prévotat, L'Action française : culture, société politique, éd. Presses univ. du Septentrion, 2008, p. 36.

[8] Philippe Mège, Charles Maurras et le germanisme, éd. L'Aencre, 2003, p. 122.

[9] Max Weinreich, Hitler et les professeurs, Les Belles Lettres, 2013 (ISBN 2251444696).

[Epstein_146-10] 10,0 ^10,1 et ^10,2 Simon Epstein, op. cit., p. 146.

[11] Henri Thyssens, Robert Denoël, éditeur, Chronologie : 24 mars 1943, n.d., site internet en ligne.

[12] Deux articles à Je suis partout : « La leçon de Frédéric le grand », 12 mai 1944 ; « D'un préjugé à l'imposture », 21 juillet 1944 ; cités par P.-M. Dioudonnat, op. cit., 2003, p. 49.

[13] Guillaume Lévêque, « 17 août 1944, il est grand temps de faire ses paquets... », sur La Cliothèque, 7 mai 2015 (consulté le 7 septembre 2023)

[14] Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration : Sigmaringen, 1944-1945, éd. Complexe, 1984, p. 58.

[15] André Brissaud, Pétain à Sigmaringen (1944-1945), éd. 1966, p. 201.

[16] Jean-Félix Lapille, « Une parousie européenne : La Gerbe (1940-1944) », 2016

[17] André Halimi, La Délation sous l'occupation, éd. L'Harmattan, 2003, p. 267

[18] Roland Gaucher et Philippe Randa, Rescapés de l'épuration. Vol. I : Le journal de guerre de Marcel Déat, éd. Dualpha, 2002, p. 123.

[19] Pierre Assouline, L'Épuration des intellectuels, éd. Complexe, coll. « La mémoire du siècle », 1985, p. 161.

[20] « Héritier et Komaroff : le maître et le disciple, histoire de "collabos" », sur Alain Denizet (consulté le 6 septembre 2023)

[21] Henri Hauser, « Review of Marie Stuart et le meurtre de Darnley (collection : Les énigmes de l'histoire) », Revue Historique, vol. 173, n^o 3,‎ 1934, p. 593–595 (ISSN 0035-3264, lire en ligne, consulté le 6 septembre 2023)

[22] Henri Drouot, « Jean Héritier. Catherine de Médicis », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 27, n^o 112,‎ 1941, p. 243–245 (lire en ligne, consulté le 6 septembre 2023)

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