Congrès UNEF-ID de Nanterre de 1980
Congrès de UNEF-ID de Nanterre de 1980 | |
Date | 3 au 5 mai 1980 |
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Lieu | Nanterre |
Majorité | 59 % (lambertistes) |
Tendances syndicaliste autogestionnaire du MAS et reconstruction syndicale de l'UNEF-US | 26 % (socialistes et autogestionnaires) |
LEAS | 15 % (LCR) |
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Le Congrès de Nanterre de 1980 (souvent appelé "congrès de réunification", marque la fondation de l'Union nationale des étudiants de France - Indépendante et démocratique (UNEF-ID) entre le 3 et le , syndicat étudiant créé par le regroupement des forces de la gauche non communiste, en particulier l'UNEF-US (UNEF-Unité syndicale) et le Mouvement d'action syndicale (MAS).
Le président de l'UNEF-US, Jean-Christophe Cambadélis, alors membre de l'Organisation communiste internationaliste (OCI, l'organisation trotskiste lambertiste), devient président du nouveau syndicat.
Contexte général[modifier]
Depuis la scission de l'UNEF en 1971, le paysage du syndicalisme étudiant est très divisé.
L'UNEF US (anciennement UNEF Soufflot) a gardé les locaux historiques. Mais l'UNEF (Renouveau), dirigée principalement par la mouvance des étudiants communistes, est dominante dans la plupart des universités. De plus, elle est présente et très bien élue dans les conseils d'université, alors que l'UNEF US refuse la participation aux élections dans ces conseils.
La gauche syndicale non-communiste, organisée jusque-là dans deux syndicats, l’UNEF-Unité Syndicale (UNEF-US) et le Mouvement d'action syndicale (MAS) décide en 1980 de s'unifier afin d'affaiblir la domination du PCF sur le mouvement étudiant, via l'UNEF-Renouveau, qui bénéficie alors de l'appui des socialistes proches de chevènementistes du CERES.
Vers l'unité[modifier]
L'idée de fonder une organisation commune se concrétise en janvier 1980 après plusieurs mois de discussions dans chaque organisation et entre elles.
À l'automne 1979 se sont ainsi tenus un meeting commun au centre universitaire de Tolbiac, et une réunion commune des deux bureaux nationaux. Avec la MNEF, la mutuelle étudiante, ils participent ensemble aux manifestations pour le droit à l'avortement et à la contraception en novembre 1979, alors que le vote pour le renouvellement de la loi Veil approche.
L’UNEF-US et le MAS signent finalement un protocole d’unification basé sur l’idée de l’unité syndicale étudiante et le rejet de la loi Faure de 1968 organisant les universités. Les deux organisations appellent les étudiants à constituer des "comités d'action pour la réunification syndicale" préparant le congrès. Une commission paritaire de réunification réunissant les quatre composantes (majorité et minorité de chaque organisation) est mise en place à l'échelle locale comme à l'échelle nationale. Le , le MAS et l'UNEF-us et de nombreuses associations font cortège commun pour les droits à l'inscription libre des étudiants étrangers.
Jusqu'au congrès, des débats intenses ont lieu entre les différentes composantes de ces organisations. Le processus fut plusieurs fois menacé, notamment en avril 1980, des critiques étant apportées à la transparence des mandats. Ce sont 17 000 cartes d'adhésion qui sont centralisées au total et qui seront représentées au congrès sur la base de un délégué pour 27 adhérents)[1].
En ce qui concerne les positions soumises aux suffrages, d’une part la majorité du bureau national (BN) du MAS, trotskiste lié à la LCR, veut présenter un texte commun avec le BN de l’UNEF-US, lui aussi trotskiste mais proche de l’OCI (lambertiste), qui refuse.
Après de nombreux rebondissements, l’équipe de Julien Dray (secrétaire général du MAS) accepte finalement de continuer la marche à l’unification en présentant un texte seul. D’autre part, les deux oppositions internes, celle socialiste de l’UNEF-US regroupée dans la Tendance reconstruction syndicale (TRS, Jean-Marie Le Guen, etc.), et la Tendance syndicaliste autogestionnaire (TSA) du MAS décident de se regrouper en présentant un texte commun prônant le contrôle étudiant et le salaire étudiant, affirmant ainsi une conception faisant des étudiants des travailleurs. La TRS et la TSA, cependant, ne décident pas de formaliser une tendance commune, renvoyant la question au congrès.
Congrès[modifier]
Une fois les positions clarifiées par les trois textes présentés, les statuts et le règlement intérieur négocié, les congrès peuvent se tenir. Il y a d’abord le 2 mai deux congrès séparés. L’UNEF-US se réunit à Nanterre et le MAS à Dauphine. Chacun des deux partenaires vote son autodissolution.
Dès lors, le lendemain, le congrès d’unification peut commencer, en présence de 650 délégués. Celui-ci ratifie la Charte de Paris, document de base de l'UNEF-ID. Directement inspirée de la Charte de Grenoble de 1946 dans sa conception de l'étudiant, la nouvelle charte définit les axes prioritaires de l'action du syndicat : lutte en faveur de l'aide sociale étudiante et contre la sélection à l'université, autoorganisation "quand vient l'heure de l'action".
Électoralement, l’ancienne direction de l’UNEF-US obtient 59 % des mandats, Jean-Christophe Cambadélis devient donc le premier président de l’UNEF-ID. La Tendance syndicaliste autogestionnaire du MAS et la Tendance reconstruction syndicale de l'UNEF-US, qui associe mitterrandiens, rocardiens et autogestionnaires des CCA recueillent ensemble, 26 % des mandats. Enfin l’ancien BN du MAS, animé par la LCR, obtient 15 % des mandats, sortant très affaiblie du congrès. Avec Julien Dray et Laurent Zappi à sa direction, elle décide de former la Tendance luttes étudiantes action syndicale (LEAS).
Mais en plein congrès, les socialistes se séparent des CCA pour fonder la Tendance pour l’unité syndicale (Tendance Plus. Dès lors les autogestionnaires radicaux des CCA se retrouvent seuls à la Tendance socialiste autogestionnaire reconstruction syndicale (SARS).
Sur 20 membres au bureau national, outre 11 majoritaires (parmi lesquels Philippe Darriulat, Bernard Rayard, Philippe Plantagenest, Marc Rosenblat, Jean-Michel Catin, jean-jacques Hazan...), siègent 5 socialistes (2 rocardiens - dont Séphane Fouks - et 3 "mitterrandistes", dont Pascal Beau), 2 CCA (Gilles casanova et Robi Morder) . La tendance LEAS à qui est accordée 2 sièges refuse de participer au bureau s'estimant sous-représentée. Elle acceptera d'y rentrer à la fin 1980 ayant obtenu un siège supplémentaire avec une adjointe au bureau.
La Fédération de l'Éducation nationale et Force ouvrière, suivent les travaux et soutiennent l'UNEF-ID. La CFDT, qui dispose de liens avec les autogestionnaires, s'y intéresse de façon plus distanciée. La MNEF appuie le processus d'unification dès le début, et plus particulièrement la tendance socialiste. Un protocole prévoit que deux représentants du BN de la mutuelle assisteront aux travaux du BN de l'UNEF-ID, et réciproquement deux représentants du BN de l'UNEF-ID assisteront aux réunions du BN de la MNEF.
Se tenant dans un contexte de mobilisations étudiantes sur les droits des étudiants étrangers, le congrès discute des modalités d'action et notamment de la question de la grève générale. De même, il maintient les positions majoritaires de boycott des conseils d'université. Au lendemain du congrès, l'UNEF-ID est reçue par le cabinet du premier ministre, Raymond Barre, en la personne de Jean-Claude Casanova, lui-même ancien responsable de l'UNEF au milieu des années 50.
Notes et références[modifier]
- ↑ Voir témoignage et articles Robi Morder
Sources[modifier]
- Presse écrite, notamment Le Monde et le journal de l’UNEF-ID, Étudiant de France dont les premiers numéros sont consultables sur le site du Conservatoire de la mémoire étudiante.
- Robi Morder, Notes de lecture du livre de Jean-Christophe Cambadélis, Le chuchotement de la vérité… ; disponible sur le site du GERME
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