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Soldats fusillés du Puy-de-Dôme

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Lors de la Première Guerre mondiale, 825 personnes furent fusillées selon les archives des Conseils de guerre de l'armée française[1]. Elles le furent pour trois motifs différents : 563 pour désobéissance militaire ; 136 pour crimes et délits de droit commun ; 126 pour espionnage. L'examen d'autres archives ne venant pas des Conseils de guerre, porte le total de fusillés pour désobéissance à 635 soldats environ ; près de 8 millions d'hommes furent mobilisés de 1914 à 1918.

Évolution de la condamnation pour désobéissance[modifier]

Le fonctionnement des conseils de guerre en 1914 et en 1915 était peu encadré par le pouvoir politique ; dans chaque corps d'armée, des officiers supérieurs ont souvent condamné des soldats sans contrôle, rapidement, alors que l'armée française subissait des revers en 1914 (25 fusillés par mois en moyenne) puis des échecs lors des offensives de 1915 (presque 20 fusillés par mois en moyenne). Il s'agissait alors de fusiller pour l'exemple. À partir de la loi du 27 avril 1916, l'accusé dispose de plus de droits : présence de la défense, examen de circonstances atténuantes et recours en révision. Cela explique en partie la baisse du nombre de fusillés, y compris au printemps-été 1917, alors que des faits graves s'étaient pourtant produits à l'arrière du front (l'ennemi ne les a pas remarqués) : des refus collectifs d'obéissance se traduisant par des manifestations, des revendications publiques de la paix, voire d'une révolution et parfois, des violences. Ces mutineries s'expliquent surtout par la lassitude des soldats, le refus de poursuivre cette guerre menée depuis 3 ans. La répression des mutineries de mai-juin 1917, suite à l'échec de l'offensive du Chemin des Dames, a marqué les esprits ; jusqu'au 18 juin 1917, la justice militaire a disposé grâce au Général Pétain, de plus de facilités pour réprimer ces mutineries ; du 29 avril au 5 septembre 1917, elle a prononcé 500 condamnations à mort : 26 soldats furent effectivement fusillés pour des refus collectifs d'obéissance et 31 pour des faits individuels ; les autres condamnés ont vu leur peine modifiée lors d'un second examen des faits (beaucoup seront condamnés aux travaux forcés, aux colonies). Cette généralisation d'une désobéissance jusqu'ici individuelle, a rendu inenvisageable par l’État-major, de nouvelles offensives jusqu'à l'automne 1917[2].

Exemple des six soldats natifs du département du Puy-de-Dôme, fusillés entre 1914 et 1918[modifier]

Ils avaient de 29 à 39 ans et ont été exécutés pour cinq motifs différents.

Fusillé pour désertion sur le champ de bataille[modifier]

le 8 septembre 1914, Jean Marie Genillier, né le 13 décembre 1881, à Sermentizon, près de Courpière. Il était cultivateur, mesurait 1,62 m et vivait avec sa mère, 76 ans, en 1911 au hameau du Cheix ; son père était déjà décédé, comme son frère aîné ; le 11 août 1914, Jean Marie fut mobilisé (matricule 1718 - Riom[3]) à 33 ans, au 5e Régiment d'infanterie coloniale de Lyon ; ce régiment a quitté sa garnison les 7 et 8 août et a participé à son 1er combat en Lorraine, à Saint-Léon, le 19 août 1914 ; il perd 440 hommes en deux jours ; à la fin du mois, plus de 850 hommes sont mis hors de combat lors de la retraite vers Rambervillers, à Jeanménil ; le 2 septembre, un renfort de plus de 1 000 hommes arrive de Lyon ; Jean Marie fait partie de ce groupe et découvre les combats immédiatement le lendemain : les Allemands attaquent dès le petit jour et obligent le régiment à encore reculer ; près de 100 hommes sont hors de combat et Jean Marie est porté disparu le 3 septembre. En fait, il a déserté le champ de bataille ; il fut arrêté quelque temps plus tard et emmené en détention à Haye-Banon ; là alors que le 8 septembre, il tentait de s'enfuir, il fut tué par une sentinelle. Il n'y a pas de dossier d'instruction à son nom et son décès n'a pas été reconnu comme mort pour la France.

Fusillé pour voie de fait et tentative de meurtre à l'encontre d'un supérieur[modifier]

le 31 juillet 1915, Henri Chassaigne, né le 16 avril 1876, à Marsac, près d'Ambert. Il n'avait pas de profession au moment de son service militaire, mesurait 1,64 m et en 1900, à la fin de son service militaire, le certificat de bonne conduite ne lui a pas été accordé (recrutement de Clermont-Ferrand, matricule 1323[3]) ! Par la suite, il changea 10 fois de domicile, soit dans la Loire, soit dans le Puy-de-Dôme ; en 1913, il est à Escoutoux, près de Thiers ; le 7 août 1914, il est mobilisé à l'âge de 38 ans, puis débutera la guerre en octobre 1914, avec le 321e Régiment d'infanterie, dans l'Aisne et le secteur de Soissons ; le 29 juillet 1915, il est jugé par le Conseil de guerre du 321e R.I. ; il est reconnu coupable de voies de fait et tentative de meurtre à l'encontre de son supérieur : lors d’un changement de cantonnement, surexcité par l'alcool, Henri a tiré avec son fusil en direction du sous-lieutenant de sa compagnie, touchant le képi de celui-ci puis s’est enfui ; arrêté par les gendarmes, il leur a déclaré : « je n'ai qu'un regret, c'est de ne pas l'avoir foutu en bas, il était trop vache [et] était payé pour me faire des misères ; je sais bien que je vais passer au tourniquet, mais douze balles dans la peau par les Français ou les Boches, je m'en fous ». Il avait déjà subi plusieurs punitions pour état d’ivresse. Il fut fusillé le 30 juillet 1915 à Hartennes à 5 heures ; le rapport signale qu'il est mort courageusement. Des officiers et des soldats de la 63e Division d'infanterie (régiments de réserve du 13e Corps d'armée de Clermont-Ferrand) ont assisté à l'exécution. Son décès n'a pas été reconnu comme mort pour la France.

Fusillé pour tentative de désertion à l'ennemi[modifier]

Le 5 septembre 1915, Gabriel Carton, né le 4 janvier 1880, à Chabreloche, près de Thiers. En 1900, il était cultivateur mais dans le département de la Loire, à Saint Romain d'Urfé, et vivait avec sa mère ; en avril 1914, il travaillait à Arconsat dans le Puy-de-Dôme ; le 4 août 1914, Gabriel fut mobilisé (matricule 1212 - Roanne[4]) à 34 ans, au 86e Régiment d'infanterie de Roanne. En novembre 1914, il fut condamné par le Conseil de guerre de Clermont-Ferrand à trois d'emprisonnement pour vol au préjudice d'un militaire ; l'exécution du jugement fut suspendu pendant la durée de la guerre mais Gabriel fut muté au 286e R.I. du Puy, qu'il rejoint dans les Hauts de Meuse, où ce régiment sera engagé jusqu'à la fin septembre 1915. En juillet et en août, ce secteur du front, près d'Apremont, est relativement calme : le régiment n'aura qu'un tué par balle en août. Le 4 septembre, le Conseil de guerre de la 64e division condamne Gabriel Carton de la 22e compagnie, pour tentative de désertion à l'ennemi (il a sans doute, essayé de franchir le no man's land pour atteindre les tranchées allemandes). Il est passé par les armes le lendemain, à h 30, dans le cimetière de Jouy, à l'Est de Commercy ; deux sections de la 18e compagnie étaient présentes. Il n'y a pas de dossier d'instruction à son nom et son décès n'a pas été reconnu comme mort pour la France.

le caporal Dauphin, fusillé pour rébellion à main armée en réunion et outrages envers ses supérieurs[modifier]

la condamnation[modifier]

Le 12 juin 1917, Joseph Dauphin, né le 10 février 1882, à Tauves, près de la Bourboule (recrutement de Clermont-Ferrand – matricule 1507[3]). Il fut fusillé après l'échec au Chemin des Dames, car instigateur d'une mutinerie. Il était cultivateur et cantonnier à Tauves, hameau de la Chaleille, marié et père d'un enfant, né en octobre 1909 ; il mesurait 1,59 m. Il fut mobilisé le 4 août 1914, devint caporal en mars 1915, se distingua lors des combats de juillet 1915 dans les Vosges, en étant cité à l'ordre du Bataillon et en obtenant la Croix de guerre ; il avait 35 ans en juin 1917. Joseph Dauphin est jugé le 6 juin 1917 pour rébellion à main armée en réunion de personnes et outrages envers ses supérieurs avec cinq autres soldats du 70e Bataillon de chasseurs alpins (ainsi Renauld A., 25 ans, mineur à Valenciennes, père d'un enfant et condamné à mort le même jour ; le 3e condamné à mort est Libert F., 38 ans, garçon livreur à Lille et père de trois enfants) ; deux soldats mobilisés, avocats de métier, ont défendu les accusés.

les faits[modifier]

Le 70e Bataillon (appartenant à la 47e Division d'Infanterie) a combattu dans les Vosges jusqu'en mars 17 puis fut déplacé à l'arrière, dans la Marne ; il se rapproche du front le 15 avril, faisant partie de la 10e armée qui devait, selon le Général Nivelle, assurer le succès final de l'offensive du Chemin des Dames. Son échec amène le renvoi du bataillon plus en arrière, à Courcelles, au repos : les hommes font des exercices, des travaux de propreté et des revues de détail, pendant tout le mois de mai ; à la fin de ce mois, il stationne à Beuvardes, sur la rive droite de la Marne. Dans ce secteur de l'arrière-front, depuis plusieurs jours, des mutineries de soldats ont lieu, dans la 5e Division surtout ; les soldats de cette division sont déplacés en camion encore plus loin du front, par mesure de sécurité ; mais leur action va ainsi se propager par le bouche à oreilles.

C'est dans ce contexte qu'éclate le soir du 2 juin 1917, une révolte dans la 7e compagnie du 70e Bataillon, à laquelle appartient Joseph Dauphin ; elle est relatée par le Journal des marches (p. 15) : au moment de l'appel, une effervescence inhabituelle due à la boisson est remarquée ; dans un local, où se trouve une partie de cette compagnie, une « discussion très agitée ayant un sens révolutionnaire » se fait entendre ; le capitaine intervient mais dès sa sortie du local, cinq ou six hommes des plus agités s'arment de bâtons, cassent les vitres et hurlent « À bas la guerre ! À bas la guerre ! ». Les officiers s'éloignent alors que des bâtons et des pierres leur sont lancés ; les émeutiers vont dans la rue et crient « À bas la guerre ! Vive la Révolution ! Vive la Russie ! ». Un coup de pistolet puis des coups de fusil sont tirés en l'air ; il est 22 h 30 ; alors les émeutiers se dirigent en nombre en direction du bureau du commandant et du local du poste de police militaire, au centre du village ; ce bâtiment est investi en tirant des coups de fusil sur la façade, puis les émeutiers essaient de convaincre d'autres compagnies de les suivre, sans succès ; à h du matin, les émeutiers se dispersent et rentrent dans leur cantonnement. Au matin, on compte trois blessés dont deux par balle.

Le Journal des Marches et Opérations du bataillon résume ainsi les causes de ces faits : « 1er et principalement : des influences extérieures révolutionnaires ; 2e : l'interprétation erronée par la 7e Compagnie du tour des permissions, les reléguant à la fin ; 3e : l'ivresse manifeste due à la solde plus importante versée ce soir là aux hommes ; 4e : des bruits tendancieux et faux racontés par les habitants du village, sur des événements semblables survenus dans le régiment qui nous précédait dans ce lieu et d'après lesquels, ce régiment aurait gagné d'être renvoyé à l'arrière au lieu de monter aux tranchées. »

l'épilogue[modifier]

Le 3 juin, le Général de division parla aux compagnies puis le Bataillon fut rapproché du front, mais 21 soldats furent arrêtés. Six prévenus seront jugés le 6 juin par le Conseil de guerre, sans instruction préalable ; sept autres le seront le 10 juin, pour les mêmes faits, dont Brugière Fr. venant lui aussi de Tauves (classe 1906, recrutement de Clermont-Ferrand, matricule 1415[3]). La demande de révision des trois condamnés à mort fut rejetée le 9 juin. Le 12, à h 30 du matin, Dauphin et Renauld sont fusillés dans le ravin de Beaugilet, à Ventalay ; le peloton d'exécution était composé de soldats venant du 70e Bataillon de Chasseurs mais aussi du 30e et du 115e. Le soldat Libert a obtenu une grâce présidentielle : sa peine de mort fut commuée en travaux forcés à perpétuité ; il sera libéré en juillet 1922. Le 14 juin, le 70e Bataillon monte aux tranchées sur le Chemin des Dames. La tombe de J.Dauphin se trouve dans la nécropole de Cormicy (Marne) ; son décès n'a pas été reconnu mort pour la France.

Tué pour désertion[modifier]

Le 18 octobre 1917, Jean Garret, né le 12 avril 1888 à Nohanent, près de Clermont. En juin 1911, alors qu'il effectuait son service militaire à Roanne depuis 18 mois, il a déserté ; cinq jours après, il fut arrêté puis condamné par le Conseil de guerre permanent du 13e C.A. de Clermont-Ferrand, à un an de prison avec sursis. Au moment du conseil de révision, il s'était déclaré cultivateur (matricule 737 - Riom[3]) et mesurait 1,71 m. De retour à la vie civile, il est condamné en 1912 à Riom pour « outrages publics à la pudeur », puis le 5 septembre 1914, à Bourges, pour vols à trois mois et un jour de prison ; il ne rejoint pas son régiment au moment de sa mobilisation en janvier 1915 ; en avril 1915, il est condamné pour vol par le tribunal de Riom, puis en juillet par celui de Limoges pour le même motif ; il est affecté au Groupe spécial du 92e RI, rassemblant à l'arrière, les mobilisables ayant un casier judiciaire ; en mars 1917, il est condamné par la Cour d'appel de Nîmes pour « coups et blessures, port d'arme prohibée, usurpation d'identité » à deux ans de prison ; il subit une nouvelle condamnation en juin 1917 à Riom pour vols : il est relégué (c'est-à-dire désigné pour aller dans une section d'exclus métropolitains) ; Jean est finalement déclaré « déserteur » le 22 septembre 1917 ; le 18 octobre, il est tué à Chamalières, à 29 ans, lors d'un échange de coups de feu avec les agents de la police mobile de Clermont-Ferrand. Il n'y a pas de dossier d'instruction à son nom et son décès n'a pas été reconnu comme mort pour la France.

Fusillé pour voie de fait et tentative de meurtre à l'encontre d'un supérieur[modifier]

Le 23 mai 1918, Eugène Simonnet, né le 11 septembre 1878, à Paslières, près de Chateldon. Ses parents sont allés s'installer en Haute-Loire, à Allègre ; il fit son service militaire dans ce département ; il mesurait alors 1,59 m (matricule 406 – classe 1898[3]). Avant la guerre, il était célibataire et vivait dans le département du Rhône, à Grigny, comme chef de terrassement. Il a été mobilisé en septembre 1914 au 298e RI puis en octobre 1914, il a rejoint le 305e RI de Riom ; en 1918, à 39 ans, il était soldat territorial de 2e classe à la 22e compagnie ; le 12 mai 1918, au camp de Basse-Chevrie, sur la commune de La Chalade (Meuse), lors d'une revue de détail, Eugène a été ramené dans son cantonnement à la demande de son capitaine de compagnie car il avait une mauvaise tenue en raison de son état d'ébriété (il avait déjà été puni quelques fois pour cela) ; dix minutes après, il revint sur la place, arma son fusil et tira en direction du capitaine d'Aubigny du 305e RI, 25 ans, sans l'atteindre ; mais il blessa mortellement le caporal Manhaudier, 33 ans et il toucha au thorax le soldat Villard ; après son geste, les hommes de la compagnie ont failli lyncher Eugène Simonnet ; lors de l'instruction, on découvrit un carnet sur lequel Eugène avait noté en avril 1917 : « je veux régler le capitaine ; pour moi, il en aura aussi » ; le Conseil de guerre de la 63e division, suite à la demande de la défense, refusa un examen mental de l'accusé avant le début du procès ; les témoignages notés pendant l'enquête signalent qu'il vivait à l'écart de ses camarades. Le 14 mai, après avoir entendu trois témoins, les 5 juges militaires le déclarèrent coupable à l'unanimité sans circonstances atténuantes, de voies de fait envers un supérieur avec préméditation ; selon l'article 221 du Code de justice militaire, un tel verdict entraîne la peine de mort avec dégradation ; de plus, le condamné et sa famille sont condamnés aux frais envers l’État. Le 15 mai, le condamné s'est pourvu en révision, en vain ; il fit alors une demande de grâce auprès du Président de la République : elle fut refusée par message chiffré reçu le 22 mai, à 13 h 15 ; Eugène Simonnet a été fusillé le 23 mai, à h du matin, à l'emplacement même où il avait commis son crime, devant presque tout le régiment ; le peloton d'exécution placé à six mètres du condamné, était composé de 4 soldats, de 4 caporaux et de 4 sergents du 305e RI, commandés par un adjudant ; l'un de ces sous-officiers porta le coup de grâce. Son décès n'a pas été reconnu comme mort pour la France.

Notes et références[modifier]



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