Maria Valtorta
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Maria Valtorta est une mystique catholique membre du Tiers-ordre des Servites de Marie, née à Caserte en Italie le et morte le à Viareggio en Toscane.
Elle est l'auteur d'un livre en plusieurs volumes, L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, qui évoque des scènes de la vie du Christ qu'elle dit recevoir par des visions et des dictées.
D'emblée interdit de publication en 1949 par la Congrégation pour la doctrine de la foi, cet ouvrage est pourtant publié en 1956-1959. Il est mis à l'Index par le Vatican le . Malgré l'abolition de l'Index en 1966, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, confirme en 1985 qu'il n'est « pas opportun » de diffuser ou de recommander l'ouvrage de Maria Valtorta, en raison des « dommages qu'une telle publication peut causer aux fidèles les plus naïfs ».
Le 6 janvier 1992, la conférence épiscopale italienne demande à l'éditeur de Maria Valtorta qu'il soit « clairement indiqué dès les premières pages que les visions et les dictées mentionnées ne peuvent pas être considérées comme d’origine surnaturelle ».
Biographie[modifier]
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Maria Valtorta naît le à Caserte[1], au nord de Naples dans un milieu relativement modeste, d'un père sous-officier de cavalerie pour qui elle avait une grande et profonde affection, et d'une enseignante de français, qu'elle décrit comme une femme très autoritaire et hypocondriaque qui exigeait l'exclusivité de l'attention de sa fille. La famille se déplace suivant les affectations du père.
Pendant la Première Guerre mondiale, elle s'enrôle comme infirmière à l’hôpital militaire de Florence, ville où elle réside longtemps. Selon Maria Valtorta, par deux fois, des prétendants sont évincés par sa mère possessive. Le , elle se promène avec sa mère quand un jeune homme la frappe violemment dans le dos avec une barre métallique. Elle doit garder le lit durant trois mois puis se remet partiellement au cours d'un séjour d'une durée de deux ans chez des cousins à Reggio de Calabre.[source secondaire nécessaire]
En 1924, établie avec ses parents à Viareggio, sur la côte toscane, elle s’engage dans sa paroisse comme déléguée de l’Action catholique auprès de la jeunesse féminine, mais ses souffrances augmentent. Sa santé se détériore progressivement. Dès le printemps 1934, elle ne peut plus quitter son lit.
À partir de 1943 jusqu'en 1947, et dans une moindre mesure jusqu'en 1953, Maria Valtorta rédige environ quinze mille pages de cahiers qu'elle affirme écrire grâce à des visions surnaturelles. Selon son confesseur, Romualdo Migliorini (1884-1953), elle commence alors à se renfermer graduellement dans une sorte d'isolement psychique. Elle meurt le à l'âge de 64 ans après avoir vu la publication de l'œuvre qui, selon ce qu'elle disait des directives de Jésus, devait être posthume[2] puis sa mise à l'Index vingt mois avant sa mort.
Après l’autorisation civile et religieuse de transférer la sépulture de Maria Valtorta à la basilique de la Santissima Annunziata à Florence, celui-ci est effectué le lundi . Le père Gabriel Roschini, fondateur de la faculté de théologie Marianum à Rome et consulteur auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi, accompagne la dépouille de Viareggio à Florence.[réf. nécessaire] La cérémonie a lieu dans la chapelle du chapitre dans le grand-cloître, lieu où Maria Valtorta repose désormais.
L'œuvre de Maria Valtorta[modifier]
Les cahiers[modifier]
Selon son éditeur, Maria Valtorta a rempli 122 cahiers, soit près de 15 000 pages manuscrites[source secondaire nécessaire][3], avec la description des visions et révélations qu'elle dit avoir reçues de Dieu entre 1943 et 1951 essentiellement. De ces 122 cahiers a d'abord été tirée, en 1956, l'œuvre principale, Le Poème de L'Homme-Dieu (Il poema dell'Uomo-Dio).[source secondaire nécessaire] La traduction française, en 10 volumes, ne reprend que le sous-titre initial : L'Évangile tel qu'il m'a été révélé. Ce titre est dû à la volonté expresse de son premier traducteur[source secondaire nécessaire][4].
Les autres écrits de Maria Valtorta se présentent comme des enseignements de Jésus. Ils ont été édités dans l'ordre chronologique de leur rédaction et publiés en trois volumes : Les cahiers de 1943, les cahiers de 1944 et les cahiers de 1945 à 1950. Son œuvre compte aussi une Autobiographie exécutée à la demande de son confesseur[5], des Leçons sur l'épître de saint Paul aux Romains, et le Livre d'Azarias, commentaires des textes de la messe donnés, selon Maria Valtorta, par son ange gardien.[source secondaire nécessaire]
Publication et mise à l'index[modifier]
En 1949, le texte dactylographié est examiné par le Saint-Office. Comme l'indique l'article de L'Osservatore Romano du , loin de recevoir l'imprimatur, il est interdit de publication : « Il y a environ dix ans [donc environ 10 ans avant 1960] il circulait d'épaisses pages dactylographiées qui contenaient des prétendues visions et révélations. À ce moment-là l'autorité ecclésiastique compétente avait prohibé l'impression de ces pages dactylographiées et avait commandé qu'elles fussent retirées de la circulation »[6].
Malgré cette interdiction, un ouvrage comprenant Le Poème de Jésus et Le Poème de l'Homme-Dieu est publié en quatre volumes à partir de 1956 par un imprimeur, Michele Pisani. C'est cet ensemble de textes qui sera publié en français sous le titre de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé.
Le quatrième et dernier volume paraît en 1959, sous le pontificat de Jean XXIII. L'ouvrage est mis à l'Index le (avec publication du décret le mardi ) par le Saint-Office[7],[8]. Le décret de mise à l'Index est commenté en détail le lendemain, , par L'Osservatore Romano, l'organe de presse du Vatican[6].
Le commentaire de L'Osservatore Romano[modifier]
L'article de L'Osservatore Romano en date du 6 janvier 1960[9] s'intitule « Une Vie de Jésus mal romancée »[10]. Il critique les quelque 4000 pages de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, notamment en raison de ses « interminables dialogues », et s'étonne des propos des éditeurs, qui comparent Maria Valtorta à Dante.
Cependant, toujours selon L'Osservatore Romano, les problèmes de fond qui ont motivé la mise à l'Index tiennent notamment à la personnalité de Jésus tel que le décrit Maria Valtorta, « toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu, et à donner des leçons de théologie dans les mêmes termes que ceux qu'emploierait un professeur de nos jours ». De même, Marie s'exprime « à la façon d'un propagandiste d'aujourd'hui », et apparaît omniprésente, « toujours prête à donner des leçons de théologie mariale qui suivent les développements les plus récents des spécialistes actuels en la matière ».
Enfin, les développements théologiques posent problème, entre autres lorsqu'ils présentent Marie comme « la seconde née du Père », sans d'ailleurs que cette formule soit explicitée. La vision de la Trinité est un « concept hermétique et […] confus », et « l'impression reste qu'on veut construire une nouvelle mariologie », par exemple quand Marie est censée « seconder Pierre comme hiérarchie ecclésiastique ».
Après la mise à l'Index[modifier]
Malgré la mise à l'Index par le Vatican, l'ouvrage est réédité peu après, cette fois en 10 volumes.
En 1966, l'Index est aboli[11]. À l'époque[12], le cardinal Alfredo Ottaviani, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, précise que si la dissolution de l'Index lève la prohibition sur les ouvrages concernés, l'Index n'en garde pas moins sa force morale[11]. L'Osservatore Romano du réexplique les motifs de la condamnation[13].
Le , le cardinal Joseph Ratzinger, nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, confirme qu'il ne serait « pas opportun » de diffuser ou de recommander l'ouvrage de Maria Valtorta, en raison des « dommages qu'une telle publication peut causer aux fidèles les plus naïfs »[14],[15].
Le 6 janvier 1992, au nom de la conférence épiscopale italienne, l'évêque Dionigi Tettamanzi demande à l'éditeur de Maria Valtorta que, dans l'éventualité d'une réimpression, il soit « clairement indiqué dès les premières pages que les visions et les dictées mentionnées ne peuvent pas être considérées comme d’origine surnaturelle »[13],[14].
Publications[modifier]
- Autobiographie – 1993 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 8879870114)
- L'Évangile tel qu'il m'a été révélé - 10 tomes – 4 856 pages – traduction française de 1979 – Éditions Centro Editoriale Valtortiano – de (ISBN 88-7987-051-3) à (ISBN 88-7987-060-2)
- L'Évangile tel qu'il m'a été révélé - 10 tomes – 5 374 pages – traduction française de 2017 – Éditions Centro Editoriale Valtortiano – de (ISBN 978-88-7987-263-8) à (ISBN 978-88-7987-272-0)
- Les Cahiers de 1943 – 2002 – Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-091-2). Dictées qu'aurait reçues Maria Valtorta sur divers sujets d'ascèse, d'exégèse, de doctrine, incluant des descriptions des scènes évangéliques et du martyre des premiers chrétiens.
- Les Cahiers de 1944 - 2003 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-099-8). Suite du précédent.
- Les Cahiers de 1945 à 1950 – 2004 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-128-5). Suite et fin des précédents
- Leçons sur l'Epître de saint Paul aux Romains - 1999 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-069-6).
- Le livre d'Azarias – 2002 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-094-7)
- Les Carnets – 2018 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 8879873261)
Notes et références[modifier]
- ↑ Kurtz 2015, p. 792.
- ↑ Les cahiers de 1943, dictée du 23 août, page 256. La première publication, désormais introuvable, ne portait pas de nom d'auteur, conformément au vœu de Maria Valtorta.
- ↑ L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, traduction française de 1985, tome I, éditions Centro Editoriale Valtortiano (ISBN 88-7987-051-3) – Préface de l'éditeur, page 9
- ↑ Ibid – Préface de l'éditeur, page 10
- ↑ Introduction de l'autobiographie
- ↑ 6,0 et 6,1 Voir l'article de L'Osservatore Romano de janvier 1960, cité en lien externe dans la bibliographie
- ↑ (la) Sebastiano Masala, secrétaire du Saint-Office, « Decretum pröscriptio Librorum », Acta Apostolicae Sedis, vol. II, , p. 60
- ↑ Traduction du texte en français (sans les superlatifs)
Actes de la Congrégation du Saint Office
Décret de l'interdiction des livres
jeudi 16 décembre 1959
À la session générale de la congrégation du Saint Office, les éminents et révérends cardinaux préposés à la garde des choses concernant la foi et les mœurs ont condamné et mis à l'index des livres interdits, par un vote du conseil, une œuvre anonyme, en 4 volumes, dont le « poème de Jésus » (édition M.Pisani, Isola del Liri) ainsi que le « poème de l'Homme-Dieu » (Ibidem) qui ont été ajoutés au susdit index.
Le vendredi 18 de ce même mois et année, le Saint Père, par la grâce de Dieu, Jean XXIII, pendant l'audience accordée au cardinal secrétaire du saint Office, a approuvé et ordonné la publication de cette résolution des éminents pères qui lui a été rapportée. Fait à Rome sous les auspices du saint Office, le 5 janvier 1960.
Sebastianus Masala, notaire - ↑ On consultera le Commentaire de la mise à l'Index dans L'Osservatore Romano, 6 janvier 1960.
- ↑ Voir aussi la traduction intégrale en anglais de l'article de L'Osservatore Romano publiée par la Libreria Éditrice Vaticana.
- ↑ 11,0 et 11,1 Voir les Acta Apostolicae Sedis (AAS 58) du cités dans la bibliographie en lien externe
- ↑ L'Osservatore Romano du
- ↑ 13,0 et 13,1 Lettre du 6 janvier 1992, de Dionigi Tettamanzi.
- ↑ 14,0 et 14,1 http://web.archive.org/web/20150329155921/https://www.ewtn.com/expert/answers/poem_of_the_man.htm
- ↑ le texte d'origine en italien, 144/158.
Annexes[modifier]
Bibliographie[modifier]
Documents de l'Église catholique[modifier]
- (it) Commentaire de la mise à l'Index dans L'Osservatore Romano, 6 janvier 1960
- (en) Traduction en anglais de L'Osservatore Romano, 6 janvier 1960
- (it) Décret d'abolition de l'Index des livres prohibés - "Notificatio de indicis librorum prohibitorum conditione" – Acta Apostolicae Sedis (AAS 58) du , l'Osservatore Romano, – (Université Rome 3)
- (en) À propos de la lettre du cardinal Ratzinger
- (it) Lettre de Dionigi Tettamanzi, 6 janvier 1992
- Mitch Pacwa (en), sj, « Is the Poem of the Man-God simply a bad novel ? », 2001
Autres éditions[modifier]
- La Vierge Marie dans l'œuvre de Maria Valtorta – P. Gabriel M. Roschini O.S.M. – 1973 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 2-920285-01-7) rééd. août 2013 (ISBN 8879871552)
- Maria Valtorta, qui es-tu ? - Jean Aulagnier - 1992 - (ISBN 2-85268-219-2). Annexes sur Marie d'Agréda et Anne-Catherine Emmerich
- Avec Jésus au jour le jour – Jean Aulagnier – 1994 – Éditions Résiac - (ISBN 2-85268-253-2). Reconstitution pas-à-pas, à la lueur des données de calendrier, de l'agenda de Jésus dans l'œuvre de Maria Valtorta.
- Padre Pio et Maria Valtorta - Emilio Pisani – 2000 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-073-4). Courte biographie de Padre Pio en liaison avec la vie de Maria Valtorta et tout ce qui les réunit.
- Valtorta et Ferri – recueil de 447 illustrations de Lorenzo Ferri, couleurs ou bichromie - 2006 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-134-X)
- L´énigme Valtorta - Jean-François Lavère - 2012 - Éditions Rassemblement à Son Image - (ISBN 9782364630253)
- Dictionnaire des personnages de l'Évangile selon Maria Valtorta - René Laurentin / François-Michel Debroise / Jean-François Lavère - 2012 - Éditions Salvator - (ISBN 978-2-7067-0961-6) - Ce dictionnaire confronte les descriptifs des 700 personnages des écrits de la mystique Maria Valtorta aux données de l'Évangile et aux connaissances historiques les concernant.
- L´énigme Valtorta vol 2 - Jean-François Lavère - 2014 - Éditions Rassemblement à Son Image
- La Vierge des derniers temps - René Laurentin / François-Michel Debroise - 2014 - Éditions Salvator - (ISBN 978 2 7067 11510)
- Maria Valtorta et l'Église - François-Michel Debroise - 2015 - Éditions Rassemblement à Son Image
- Maria Valtorta, visionnaire et mystique pour notre temps - François-Michel Debroise - 2016 - Éditions Maria Valtorta
- Dictionnaire géographique de l'Évangile d'après Maria Valtorta - Jean-François Lavère - 2017 - Éditions Maria Valtorta / Rassemblement à Son Image
- Jean-Paul Kurtz, « Valtorta Maria », dans Au Nom de Jésus Fils de l'Homme et de Christ Fils des Dieux, t. 2, (ISBN 9782322007639, lire en ligne), p. 792
Liens externes[modifier]
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