Jean-Pierre Lanvin
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Jean-Pierre Lanvin, né à Dijon le et mort à Lyon le , est un militant pacifiste, un antimilitariste actif dans le Groupe d'action et de résistance à la militarisation[1].
Biographie[modifier]
Né au sein de la famille du chocolatier Lanvin. Il est résistant pendant la Seconde guerre mondiale et milite dès la fin de la guerre pour la non-violence et l'antimilitarisme, notamment au sein de l'Action civique non-violente et du Garm[1].
Vie professionnelle[modifier]
Il est représentant de commerce pour la chocolaterie familiale, refusant d'avoir des responsabilités trop prenante pour son activité militante[1].
« Ainsi, sans faire de zèle excessif pour la maison de mon père, ai-je sacrifié au dieu du Commerce, tout juste assez pour mériter peut-être les émoluments que m'accordait la Société anonyme. Une tonne et demi de chocolat par semaine en fin de ma carrière, il y avait de quoi constiper pas mal de gens. »
— Jean-Pierre Lanvin, À dieu vat, p. 91
Vie politique[modifier]
L'Action civique non-violente[modifier]
La vie spirituelle et de militant non-violent de Jean-Pierre Lanvin sera orientée par la rencontre, en 1947, de Lanza del Vasto, fondateur des Communautés de l'Arche inspirées du christianisme et de la philosophie de Ghandi. Il est l'animateur des Amis de l'Arche de Lyon et restera fidèle à la communauté toute sa vie. Pendant la guerre d'Algérie, sous l'impulsion de Robert Barrat, des membres de la communauté créent l’Action civique non-violente (ACNV) qui, en particulier avec Joseph Pyronnet, va dénoncer la torture, s'opposer aux camps d’assignation en France et soutenir les objecteurs de conscience et les insoumis. Jean-Pierre Lanvin s'engage avec l'ACNV et est l'animateur du groupe de Lyon[2],[3].
En avril 1957, Lanza del Vasto, Bernard Gaschard et Pierre Parodi jeûnent vingt jours au Centre d’information et de coordination pour la défense des libertés et de la paix, situé rue du Landy à Clichy, dont le secrétariat est assuré par Robert Barrat, Roland Marin et Maurice Pagat, et qui publie le journal Témoignages et Documents luttant contre la censure[4]. Jean-Pierre Lanvin participe à la diffusion des 150 000 tracts qui font « appel à la conscience » des Français et des Algériens et dénoncent la torture[5].
Il héberge des clandestins, militants pour l'indépendance de l'Algérie[6].
En avril et mai 1960, il fait partie des trente volontaires de l'ACNV qui, se déclarant suspects, manifestent et demandent au ministre de l'Intérieur[7] à partager le sort des Algériens internés sans jugement dans les Centres d'assignation à résidence surveillée des camps du Larzac (Aveyron), de Thol (Neuville-sur-Ain, Ain)[8],[9],[10],[11],[12],[13], de Saint-Maurice-de-l’Ardoise (Gard) et de Mourmelon (Marne)[14],[15].
Le 11 avril 1958, quatre-vingt-deux personnes, dont Jean-Pierre Lanvin, Lanza del Vasto, le journaliste Robert Barrat et le pasteur André Trocmé manifestent pour la première fois en France contre l'armement atomique en pénétrant dans l'usine nucléaire de Marcoule qui produit du plutonium pour la bombe atomique[16],[17],[18].
Le 20 avril 1963, il est un des signataires de l'appel pour la constitution d'un Comité de préparation des États généraux du désarmement dans le Rhône[2].
Le 12 octobre 1963, une délégation de l'ACNV, avec notamment Jean-Pierre Lanvin, Bernard Clavel et le pasteur Jean Lasserre, se rend à la Préfecture du Rhône pour réclamer un statut pour les objecteurs de conscience[19].
En octobre 1965, pour inciter le concile Vatican II à intégrer la non-violence dans ses préconisations, dix-neuf membres de la Communauté de l'Arche et de l’Action civique non-violente jeûnent à Rome pendant dix jours. Parallèlement des jeûnes ont lieux dans différents pays. Jean-Pierre Lanvin participe à celui de Lyon[20].
En mars 1969, il signe avec des dizaines de personnes un tract[21] qui soutient le renvoi de leurs papiers militaires par Aimé Léaud et Olivier Maurel.
Le Groupe d'action et de résistance à la militarisation[modifier]
Il est cofondateur et un des membres les plus actifs du Groupe lyonnais de soutien aux « renvoyeurs » du livret militaire[22] rebaptisé en 1969 Groupe d'action et de résistance à la militarisation (Garm)[23].
Pour soutenir José Beúnza, dit Pepe Beúnza (ca), catholique non-violent et premier Espagnol à mener une action pour obtenir le statut d’objecteur de conscience[24], une marche internationale de cinquante jours part le 21 février 1971 de Genève vers la frontière espagnole. Jean-Pierre Lanvin prépare l'accueil et les manifestations du Garm à Lyon. Il participe au groupe qui accompagne la marche pour franchir la frontière espagnole. Les Espagnols sont aussitôt arrêtés. Bloqués par les douaniers, les autres manifestants, d’une dizaine de nationalités, restent assis pendant cinq heures et demie sur le pont marquant la frontière. Ils sont finalement sévèrement matraqués par la police franquiste et leurs guitares et sacs à dos lancés par-dessus le parapet[25].
Pour protester contre les ventes d’armes au Pakistan en guerre contre l'Inde, le 28 octobre 1971, en plein centre de Lyon, des militants du Garm barrent symboliquement la route au ministre de la Défense qui sera en visite officielle le lendemain. Jean-Pierre Lanvin et d'autres sont enchaînés à un cheval de frise dérobé au Fort du Mont Verdun. Des pancartes, « empruntées » elles aussi, y sont accrochées. Modifiées, au lieu de l’interdiction aux civils, elles affichent « Accès rigoureusement interdit à Michel Debré, Danger »[26],[27].
Le 13 mai 1972, avec une vingtaine de militants du Garm et du groupe de Romans Objection et résistance, il intervient en gare de Valence (Drôme). Ils s'enchaînent à un train espagnol et devant celui-ci. Ils réclament un statut pour les objecteurs espagnols et dénoncent l'accord de coopération militaire franco-espagnol et la collaboration en matière de répression politique[28]. Le même jour, d’autres groupes bloquent plusieurs fois le train sur son parcours. Jean-Pierre Lanvin est condamné à une amende avec Mireille Debard, Christian Mellon, Dominique Mellon, Didier Van Cothem et Olivier Brachet[29],[30].
Au début des années 1970, des travaux transforment le Fort du Mont Verdun, près de Lyon, en un poste de commandement de la force de frappe nucléaire. Le Garm mène une campagne spectaculaire pour dénoncer cet équipement avec comme slogan « Lyon, ni Pentagone, ni Hiroshima ! » La nuit du 30 au 31 janvier 1971, quelques militants pénètrent clandestinement au cœur du chantier du vaste complexe de salles souterraines réparties sur plusieurs niveaux. Après plusieurs heures de présence, ils se laissent volontairement arrêter[31],[32]. Jean-Pierre Lanvin est chargé d'avertir la presse.
En 1972, à la date anniversaire de la première intrusion, des militants du Garm, dont Jean-Pierre Lanvin, munis de laissez-passer falsifiés, pénètrent à nouveau au Mont Verdun.
« Objectif : le poste central de commandement. Environ 7 à 800 mètres de souterrains, l’immense salle des générateurs, la salle de contrôle radars, l’ordinateur central - à l’époque assez volumineux pour occuper toute une salle - et enfin le poste de commandement. Personne. Il n’est pas encore huit heures du matin. Nous nous installons dans les confortables fauteuils, déployons la large banderole « Non au PC atomique du Mont Verdun », prenons quelques photos souvenir, cassons une petite croûte et attendons... L’un d’entre nous ressort, muni des pellicules (...) rejoindre un journaliste averti de l’opération, qui attend à la sortie. »
— Yvon Montigné, in Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 106 à 107
En juillet 1972, des filins sont lancés du pont de la Guillotière sur le Rhône pour que quatre embarcations s'y arriment et déploient les banderoles du Garm pour soutenir les deux objecteurs. Trois embarcations chavirent, les passagers, dont Jean-Pierre Lanvin, échappent à la noyade et terminent la manifestation sur une dragueuse[33].
En 1973, Jean-Pierre Lanvin, déguisé en évêque, conduit dans les rues de Lyon l’enterrement des futures victimes des essais nucléaires et de la prochaine guerre nucléaire ainsi que des victimes de l’actuelle famine en Afrique[34].
En France, plus de sept cents personnes se déclarent prêtes à transgresser l’article L 128 du code du service national qui punit l’hébergement (le recel, en terme juridique) des insoumis. Offrant, pour quelques heures, leur hospitalité à des objecteurs menacés d’être incarcérés, des personnalités se réunissent au domicile de l’une d’entre elles, invitant les journalistes à constater leur acte de désobéissance civile. Bernard Clavel, Théodore Monod, Brice Lalonde, Romain Bouteille, Leny Escudero, Daniel Guérin, Bernard Ravenel, Catherine Ribeiro, des membres socialistes de conseils généraux et municipaux agissent de la sorte. Le 26 mars 1980, chez Jean-Pierre Lanvin, membre du Garm, et en présence d’Huguette Bouchardeau, secrétaire nationale du Parti socialiste unifié, une conférence de presse annonce cette transgression[35].
Jean-Pierre Lanvin marche notamment au côté de Robert Hue et Jean-Baptiste Libouban contre les tests nucléaires français[1].
Le Larzac[modifier]
Avec la Communauté de l'Arche, les Comités Larzac et le Groupe d'action et de résistance à la militarisation (Garm), Jean-Pierre Lanvin soutient la lutte des paysans du Larzac contre l'accaparement de leurs terres par l'extension du camp militaire et pour les nombreuses causes sociales, écologistes et pacifistes dont ils sont solidaires[36].
Bibliographie[modifier]
- Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier et Mimmo Pucciarelli, Résister à la militarisation : Le Groupe d'action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, , 324 p. (ISBN 9782351041215)
Œuvres[modifier]
Autobiographies[modifier]
- À Dieu vat, préface de Bernard Clavel, éditions CDRPC, Lyon, 1999, 387 pages (ISBN 2913374077)
Notes et références[modifier]
- ↑ 1,0 1,1 1,2 et 1,3 « Jean-Pierre Lanvin, infatigable activiste lyonnais », sur rebellyon.info, (consulté le 21 avril 2018)
- ↑ 2,0 et 2,1 Fonds Jean-Pierre Lanvin, Observatoire des armements
- ↑ Action civique non-violente, bulletin des Groupes de préparation
- ↑ Tramor Quémeneur, « L'ACNV (Action civique non-violente) et la lutte contre les camps », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 92 « Vadenay, Saint-Maurice l’Ardoise, Thol, le Larzac ; L’internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne », , p. 57 à 63 (lire en ligne)
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 22 à 24
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 87 à 99
- ↑ « Non aux camps de concentration, Seconde lettre au Ministre de l'Intérieur », document Action civique non-violente, Bollène, 1960, archives à l'Observatoire des armements
- ↑ L'adresse de Jean-Pierre Lanvin figure au bas du tract « Pourquoi nous protestons contre l'assignation à résidence » préalable à la manifestation de Pont-d'Ain au camp de Thol. « Les Trente au Pont-d’Ain en avril 1960 », sur refractairesnonviolentsalgerie1959a63.org, (consulté le 13 mars 2019)
- ↑ Alph. Renoud, « Trente disciples de Lanza del Vasto préparent leur marche de dimanche au camp de Thol (Ain) et (peut-être) leur internement », Dernière Heure lyonnaise,
- ↑ « Disciples de Lanza del Vasto et partisans de la non-violence effectueront une marche de la paix de Pont-d'Ain au camp de Thol où sont internés mille Algériens », Le Progrès,
- ↑ « La marche silencieuse sur le camp de Thol a été stoppée aux portes de Pont-d'Ain », Le Progrès, , p. 7
- ↑ « Les apôtres de la non-violence qui jeûnent depuis jeudi ont passé la nuit dans le recueillement et dans la méditation », Le Progrès,
- ↑ « À propos de la marche des partisans de la « non violence » sur le camp de Thol », L’Écho Liberté,
- ↑ « Les premiers pas de l’ACNV, 1957-1960 », sur refractairesnonviolentsalgerie1959a63.org, (consulté le 14 décembre 2018)
- ↑ Pyronnet, Joseph., Résistances non-violentes, Paris, L'Harmattan, , 170 p. (ISBN 2296005977 et 9782296005976, OCLC 424266413, lire en ligne), p. 54 - 55
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 95 à 99
- ↑ Tramor Quémeneur, « L'ACNV (Action civique non-violente) et la lutte contre les camps », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 92 « L'internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne », , p. 57 (lire en ligne)
- ↑ Les quatre-vingt-deux participants, « Pourquoi nous avons forcé l'entrée de Marcoule », Communauté de l'Arche, Bollène, 1958, archives à l'Observatoire des armements
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 8
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, « En écho au jeûne de Rome », Action civique non-violente, no 25, , p. 3
- ↑ « Il y a 25 ans : Oradour-sur-Glane, Aujourd'hui : La stratégie anti-cités », Comité de soutien, Toulon, 1969, Fonds Jean-Pierre Lanvin, Observatoire des armements
- ↑ « Huit personnes renvoient leur livret militaire au ministre des armées », Le Monde,
- ↑ Foued Nasri, « Les marches comme mode d’expression collective », Migrations Société, nos 159 - 160, (lire en ligne)
- ↑ Pedro Oliver Olmo, Portrait d'un insoumis : Pepe Beunza : l'odyssée carcérale du premier objecteur de conscience espagnol, Lyon, Les Éd. du MAN, , 80 p. (ISBN 9782953548136 et 2953548130, OCLC 762684440, lire en ligne)
- ↑ « L’objection de conscience en Espagne », Anarchisme et non-violence, no Supplément au 25, avril - mai 1971 (lire en ligne)
- ↑ « Des manifestants tentent de barrer la place des Cordeliers, à Lyon », Dernière Heure lyonnaise,
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, À Dieu vat, Lyon, CDRPC, (ISBN 978-2913374072), p. 365
- ↑ « Les enchaînés du Trans Europe Express », Le Monde,
- ↑ « 400 F d'amende à six objecteurs de conscience », Le Monde,
- ↑ Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier et Mimmo Pucciarelli, Résister à la militarisation : Le Groupe d'action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, , 324 p. (ISBN 9782351041215), p. 48 à 49
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 102 à 109
- ↑ « Des pacifistes manifestent au futur P.C. atomique du Mont-Verdun », Le Progrès,
- ↑ « Manifestation du Garm », L'Essor,
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 110
- ↑ Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier et Mimmo Pucciarelli, Résister à la militarisation : Le Groupe d'action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, , 324 p. (ISBN 9782351041215), p. 223
- ↑ Jean-Pierre Lanvin, A dieu vat, Lyon, CDRPC, , 392 p. (ISBN 2913374077), p. 29 à 30
Annexes[modifier]
Articles connexes[modifier]
- Groupe d'action et de résistance à la militarisation
- Communautés de l'Arche
- Objection de conscience
- Insoumission
- Désertion
- Renvoi de livret militaire
- Réfractaire à l'armée
- Désobéissance civile
- Non violence
Liens externes[modifier]
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