Jean-Bernard Fourtillan
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Jean-Bernard Fourtillan, né le à Bordeaux, est un pharmacien français, expert en pharmacologie et ancien professeur des universités. Certaines de ses prises de position sont contestées par la communauté scientifique. Il est poursuivi par la justice pour des essais cliniques illégaux.
Biographie[modifier]
Carrière hospitalo-universitaire[modifier]
Après ses études de pharmacie à l'Université de Bordeaux, il est nommé en 1968 interne des hôpitaux et assistant de chimie organique à la faculté dans cette même ville. En 1972, il devient Professeur agrégé de chimie thérapeutique et de pharmacocinétique à la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Poitiers[N 1]. Parallèlement à ses fonctions universitaires, il entreprend une carrière hospitalière à l’hôpital de Libourne puis au centre hospitalier universitaire de Poitiers[1].
Responsable de sociétés de services[modifier]
En 1978, il quitte l'hôpital et crée une entreprise prestataire de services en pharmacologie, le Centre d'études et de recherches en pharmacie clinique[1],[2]. Cette structure prendra au fil des années différentes appellations : Centre privé de Recherche Biomédicale Cerom, Cemaf, Parexel-Cemaf, Parexel Worldwide Bioanalytics.
Découverte de la valentonine[modifier]
En avril 1994, Jean-Bernard Fourtillan annonce avoir reçu la révélation divine[3] d'une hormone qu’il dénomme valentonine[2],[4], d'après le prénom de sa petite-fille[5], et qui, selon lui, intervient dans le système d'alternance veille-sommeil. Il prétend que la régulation circadienne de l'organisme entre les phases de veille et de sommeil est due à l'action de trois hormones sécrétées par la glande pinéale : la mélatonine, la valentonine et le 6-méthoxy-harmalan[6].
Cette découverte est contestée : aucun autre scientifique ne confirme l'existence de la valentonine[7],[8],[9] et la communauté scientifique s'étonne que les recherches de Jean-Bernard Fourtillan n'aient pas fait l'objet de publications mais seulement de dépôt de brevets[5],[10].
Il prend sa retraite en 2008 et ne figure dès lors plus au tableau de l'Ordre des pharmaciens[2].
Essais cliniques de la valentonine dans les troubles neurologiques[modifier]
Ce n'est qu’en 2014 que Jean-Bernard Fourtillan décide de reprendre les recherches soutenues par son épouse Marianne[2],[11]. À partir de 2015, Jean-Bernard Fourtillan se rapproche du chirurgien Henri Joyeux, comme lui fervent catholique[2], qui milite contre l'utilisation des vaccins[12],[13],[14]. Ensemble, ils entreprennent de démontrer l'intérêt de la valentonine dans le traitement de la maladie d'Alzheimer, de la maladie de Parkinson et d'autres affections neurologiques. L'année suivante, le neurologue Philippe Damier, vice-président du comité scientifique de France Parkinson considère leur argumentaire comme une « manipulation »[12],[15]. Ils créent le fonds de donation Josefa, d'après le nom d'une religieuse espagnole morte à Poitiers en 1923[2], présidé par Jean-Bernard Fourtillan, auquel ils déclarent céder la totalité des brevets déposés et les redevances de leur exploitation et qui collecte les versements effectués par les patients pour être inclus dans leur recherche médicale et scientifique[16],[17],[18].
En 2019, Jean-Bernard Fourtillan et Henri Joyeux commencent l'expérimentation de dispositifs transdermiques de valentonine sur des sujets volontaires, notamment atteints de maladie d'Alzheimer[19],[20]. L'Agence nationale de sécurité du médicament considère qu'il s'agit là d'un essai clinique illégal car non déclaré et se déroulant dans un lieu non autorisé (une abbaye) et l'interdit mais les deux associés récusent cette affirmation[21],[22],[23],[24]. Au contraire, Jean-Bernard Fourtillan écrit une lettre au président de la République lui demandant l'abrogation de l'obligation vaccinale des nourrissons (qualifiée de « massacre ») et la généralisation de l'emploi de ses dispositifs transdermiques pour guérir non seulement la maladie de Parkinson mais aussi l'épilepsie, la sclérose en plaques et les cancers[25].
À l'automne 2019, une enquête est ouverte par un juge d'instruction pour « tromperie » et « abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne vulnérable »[26]. En , Jean-Bernard Fourtillan obtient à Bordeaux la condamnation pour diffamation d'un dirigeant de l'ANSM qui l'avait accusé de charlatanisme[3]. Cependant, en , Jean-Bernard Fourtillan et le fonds Josefa demandent sans succès devant le tribunal administratif de Poitiers l'annulation de l'interdiction de l'essai par l'ANSM[27],[28].
Le , Jean-Bernard Fourtillan est arrêté par la police dans le cadre d'une enquête sur ces essais, il était recherché notamment pour exercice illégal de la médecine[29]. Trois jours après son incarcération à Nîmes, il est hospitalisé sans son consentement dans un établissement psychiatrique d'Uzès[30],[31] ; il est libéré, le , sur décision du juge des libertés et de la détention[32],[2].
Accusations contre l'Institut Pasteur[modifier]
En , Jean-Bernard Fourtillan intervient dans le film conspirationniste Hold-up en déclarant que l'Institut Pasteur a « fabriqué » le virus SARS-Cov-2 en 2004 avant de la disséminer[33] afin de pouvoir commercialiser un vaccin plus dangereux que le virus[34]. L'Institut Pasteur annonce porter plainte pour diffamation[35]. Jean-Bernard Fourtillan annonce, le , avoir lui-même porté plainte contre l'Institut Pasteur, le , et confirme ses accusations selon lesquelles « Pasteur veut flinguer 7 milliards et demi de personnes »[36].
Bibliographie[modifier]
- Etude chimique et pharmacodynamique de quelques dérivés organosiliciés hydrosolubles, thèse, Bordeaux, 1971.
- Henri Joyeux. Vaccins : Comment s'y retrouver ? (Préface de Jean-Bernard Fourtillan), Éditions du Rocher, 2015, (ISBN 978-2-268081564), 272 p.
- La glande pinéale et le système Veille-Sommeil : Applications thérapeutiques. Éd. Fonds Sœur Josefa Menéndez[37].
Notes et références[modifier]
Notes[modifier]
- ↑ La date à laquelle il quitte ses fonctions universitaires n'est pas déterminée avec certitude : les sources les plus anciennes (Ref 1) mentionnent 1978 ou 1981 ; son CV sur le site valentonine.fr mentionne septembre 2008.
Références[modifier]
- ↑ 1,0 et 1,1 Coup de projecteur sur... le CEPHAC, centre d'études et de recherches en pharmacie clinique. Actualité Scientifique Technique & Économique (Poitiers) 1987, n°2, p.22 (ISSN 1761-9971).
- ↑ 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 Agathe Beaudouin. Le professeur Fourtillan, l’un des témoins du documentaire complotiste « Hold-up », quitte l’hôpital psychiatrique. Le Monde, 18 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ 3,0 et 3,1 Dominique Richard. Essais cliniques non autorisés à Poitiers : Jean-Bernard Fourtillan, charlatan ou médecin incompris ? Sud-Ouest, 29 mai 2020. Lire en ligne
- ↑ Soline Roy. Un essai clinique « sauvage » mené dans une abbaye sur 350 malades a été interdit. Le Figaro, 19 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ 5,0 et 5,1 Académie nationale de Pharmacie. Compte-rendu de la séance publique du 2 décembre 2015. Lire en ligne
- ↑ Fonds Josefa, « Le Pr Jean-Bernard Fourtillan répond aux questions du Pr Henri Joyeux (Version Intégrale) », (consulté le 7 juin 2017)
- ↑ Priscille Tremblais. Parkinson, Alzheimer : les dessous de l’essai « sauvage » avec la valentonine. La Nutrition, 27 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ « Une hormone à dormir debout », sur Hoaxbuster, (consulté le 7 juin 2017)
- ↑ Académie nationale de Pharmacie. Communiqué de presse du 20 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Pierre Bienvault & Clémence Houdaille. Ce que l'on sait des essais cliniques illégaux dans une abbaye de la Vienne. La Croix, 23 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Jean-Bernard Fourtillan et Marianne Fourtillan, Association thérapeutique d'un antagoniste du récepteur 5ht2 et d'activateur du récepteur 5ht2, (lire en ligne)
- ↑ 12,0 et 12,1 Florence Méréo. Parkinson, Alzheimer : derrière les tests clandestins, deux figures controversées. Aujourd'hui en France, 21 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Coline Vazquez. Essai clinique "sauvage" : qui est le professeur Joyeux, au cœur de la polémique ? L'Express, 20 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Jean-Bernard Fourtillan et Henri Joyeux. Vaccins : Comment s'y retrouver ? Éditions du Rocher, 2015.
- ↑ France Parkinson. Avis du Pr Philippe Damier, Vice-président du Comité scientifique, décembre 2016. Lire en ligne
- ↑ Nathalie Raulin. Maladies neurologiques : la justice saisie d'un « essai clinique sauvage ». Libération, 20 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Claire Domenech. Essai clinique sauvage : des centaines de participants arnaqués. Capital, 20 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Florence Méréo. Essais cliniques illégaux : 1500 € demandés à un malade de Parkinson. Aujourd'hui en France, 20 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ (en) FOURTILLAN, Jean-Bernard, « TRANSDERMAL THERAPEUTIC SYSTEM CONTAINING VALENTONIN AND USE THEREOF AS A MEDICAMENT », sur www.sumobrain.com (consulté le 7 juin 2017)
- ↑ Gabriel Libert. L'inquiétante obstination du Professeur Fourtillan, l'homme qui promettait de guérir Alzheimer. Marianne, 20 décembre 2019. Lire en ligne
- ↑ L'abbaye accueillait un "essai clinique sauvage" sur Parkinson et Alzheimer. Le Point, 19 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Poitiers : interdiction d'un essai clinique sauvage mené sur au moins 350 patients atteints de Parkinson ou d'Alzheimer. France 3 Nouvelle-Aquitaine, 19 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Damien Coulomb. Essai illégal de Poitiers : le Pr Fourtillan persiste et signe. Le Quotidien du Médecin, 24 septembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Valentonine : la contre-offensive des initiateurs du projet et d’une centaine d'utilisateurs. Alternative Santé, n°72, 24 octobre 2019. Lire en ligne
- ↑ Elsa Mari & Florence Méréo. Essais cliniques illégaux : l'incroyable obstination. Aujourd'hui en France, 8 décembre 2019. Lire en ligne
- ↑ Essais cliniques illégaux dans la Vienne : l’encombrant professeur Fourtillan. La Nouvelle République, 14 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Premier procès à Poitiers pour un essai clinique illégal. La Nouvelle République, 1er juillet 2020. Lire en ligne
- ↑ Poitiers : le tribunal administratif rejette les requêtes du fonds Josefa dans l'affaire de l'essai clinique "sauvage". France 3 Nouvelle-Aquitaine, 23 juillet 2020. Lire en ligne
- ↑ Mélanie Rostagnat. Un professeur de pharmacie, vu dans "Hold-Up", interné en hôpital psychiatrique. BFM TV, 13 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Documentaire "Hold-up" : un participant interné en psychiatrie. Paris Match, 14 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Robin Korda. Le professeur Jean-Bernard Fourtillan, vu dans "Hold-up", interné en psychiatrie. Le Parisien, 12 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Cathy Rocher. Le Pr Fourtillan, l'un des intervenants de "Hold Up", est libre et a quitté l'hôpital psychiatrique. Midi Libre, 17 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Fast check : les principales fausses informations de "Hold-Up". Le Point, 13 novembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Jean-Bernard Fourtillan sur Conspiracy Watch. Lire en ligne
- ↑ Coline Renault. Hold-Up : l'Institut Pasteur contre-attaque. Le Figaro, 24 novembre 2020. Lire en ligne
- ↑ Richard Boutry. Le défi de la vérité : Jean-Bernard Fourtillan. FranceSoir, 24 décembre 2020. Lire en ligne
- ↑ « La glande pinéale et le système Veille-Sommeil » (consulté le 7 juin 2017)
Articles connexes[modifier]
- Théorie du complot
- Théorie du complot de Big Pharma
- Essai clinique
- Loi relative à la protection des personnes dans la recherche biomédicale
- Création des médicaments
- Controverse sur la vaccination
- Exercice illégal de la médecine en droit pénal français
Lien externe[modifier]
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