Congrès des libertés en Irak
Le Congrès des libertés en Irak, généralement désigné sous son sigle anglais, IFC (Iraq Freedom Congress), est un parti politique irakien fondé en [1]. Créé à l'origine par le Parti communiste-ouvrier d'Irak, il regroupe aujourd'hui des organisations politiques, syndicales et associatives d'horizons divers. Son actuel secrétaire général est Samir Adil, ancien prisonnier politique sous le régime de Saddam Hussein.
L'IFC prône la démocratie et la laïcité et se réclame du progressisme. Il s'oppose à la fois à l'occupation américaine et à l'islam politique en Irak[2]. Son slogan le plus courant, « Ni chiite, ni sunnite, notre identité est humaine ! L'occupation est l'ennemie de l'Humanité[3] », exprime un refus des divisions ethniques et religieuses. Son ancrage syndical, son discours et ses références le classent à gauche.
Partisan de la résistance civile, appuyé par une forte base syndicale, l'IFC s'oppose à l'usage du terrorisme et privilégie l'action politique et sociale. Il possède sa propre organisation armée, nommée les Forces de sûreté. Il dispose d'une implantation nationale, mais son nombre d'adhérents est inconnu. Il refuse de participer aux élections, dénonçant la fraude électorale massive et les scrutins tenus sous occupation militaire, ce qui ne permet pas de connaître son audience électorale.
L'IFC édite deux journaux, l'un en langue arabe, dont le titre signifie « Ensemble vers la liberté »[4], l'autre en langue anglaise intitulé Iraq Freedom. Depuis , il dispose également d'une télévision satellite : Sana TV (« La lumière »). L'IFC dispose également d'un important réseau de solidarité internationale, notamment au Japon et aux États-Unis d'Amérique.
Création[modifier]
L'IFC a été créé à l'initiative du Parti communiste-ouvrier d'Irak. Le Manifeste de l'IFC[1] ainsi que les grandes lignes de la structure initiale ont été rédigés par Korush Modaresi, dirigeant du Parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste, membre du comité central du Parti communiste-ouvrier d'Irak[5] et du conseil central de l'IFC. Ils ont été proposés au quinzième plénum du comité central, puis au congrès de ce parti, qui les a adoptés le 18 mars 2005[6].
Les liens avec le Parti communiste-ouvrier d'Irak sont évidents et importants. Il est la seule force politique structurée au sein de l'IFC à l'échelle nationale. Cependant, Samir Adil, président de l'IFC, lui-même membre du bureau politique de ce parti, estime qu'« il y a eu des milliers d’adhésions, dont 90 ou 95 % ne sont pas membres du PCO d’Irak (…). Plus de 60 % du Conseil central. Cela veut dire que, même si l’IFC est un projet du PCO d’Irak, ce dernier n’est aujourd’hui que l’un des courants – il représente l’aile gauche de l’IFC[7]. »
En l'absence d'étude sociologique sur l'IFC, d'ailleurs irréalisable dans le contexte irakien actuel, cette affirmation ne peut être vérifiée. L'adhésion de syndicats importants, notamment le Syndicat général des employés du pétrole dirigé par Hassan Jumaa, et d'associations sans liens avec le Parti communiste-ouvrier d'Irak, pourraient en effet avoir modifié l'équilibre politique interne de l'IFC. Hassan Jumaa, Faleh Abboud et Abdullah Al-Maliki, dirigeants du Syndicat général des employés du pétrole et membres du conseil central de l'IFC, ont été accusés, sans preuve, d'avoir appartenu au Parti Baas, ce que l'IFC dément[8]. Le Syndicat général des employés du pétrole est d'inspiration religieuse chiite[9].
Comme modèles pour son action, l'IFC cite la lutte de l'ANC contre l'Apartheid en Afrique du Sud, ou encore la première Intifada considérant que les attentats suicides du Hamas et du Jihad islamique ont fait échouer le processus de paix[10]. « L'éducation, les conférences, les manifestations, la désobéissance civile, l'insurrection de masse (comme dans la première insurrection palestinienne) sont les méthodes employées par l'IFC pour mettre fin à l'occupation et pour construire un État non-ethnique et non-religieux[11] », écrit Samir Adil. Mais le programme de l'IFC[12] et sa conception du rôle du parti[13] (importance du travail social, ancrage ouvrier, mise en avant de figures politiques) doivent beaucoup au marxiste iranien Mansoor Hekmat[14]. Par sa volonté d'ancrage social et syndical, on pourrait également comparer, toutes proportions gardées, l'IFC à ce que fut le Parti communiste irakien avant le régime de Saddam Hussein. Certains dirigeants de l'IFC, comme Thikra Faisal[15], Samir Adil ou encore Nadia Mahmoud, ont milité auparavant dans ce parti.
Prises de position politiques[modifier]
Programme[modifier]
Le programme de l'IFC est fixé par son Manifeste fondateur de mars 2005. Il est résumé en quatre points[1] :
- « Mettre fin à l'occupation. les troupes US doivent partir immédiatement.
- Mettre fin aux interférences des courants islamiques dans la vie des gens.
- Garantir le droit du peuple irakien à prendre des décisions libres et informées sur le futur du système politique.
- Restaurer la vie civile en Irak. »
Ces quatre points, assez généraux, sont complétés par seize autres, qui précisent la conception que l'IFC se fait de l'occupation militaire, des divisions ethniques, de la laïcité et du gouvernement Irakien. À ces points détaillés plus bas, ils ajoutent des mesures démocratiques : la libération de tous les prisonniers politiques, l'abolition de la peine de mort, la publicité de l'ensemble des archives du régime baasiste et des gouvernements depuis l'occupation, le libre accès de l'ensemble des partis politiques aux médias, et l'élection au suffrage universel direct d'une assemblée provisoire chargée de proposer un nouveau système politique[1].
Les seules mesures sociales envisagées sont la création d'une allocation chômage pour toutes les personnes de plus de seize ans en mesure de travailler, et d'une allocation pour les personnes handicapées[1]. Cette dernière revendication fait écho aux mouvements de chômeurs de l'été 2003 en Irak, dont l'un des fondateurs de l'IFC, Qasim Hadi, avait été l'un des porte-parole[16].
L'occupation militaire[modifier]
La lutte contre l'occupation militaire figure au premier point du programme de l'IFC : « La guerre US contre l'Irak a mené à la désintégration des bases de la société civile en Irak. Cette guerre a relâché les forces religieuses et ethnocentriques les plus réactionnaires contre le peuple d'Irak »[1]. Il considère donc la montée en puissance de l'Islamisme comme un effet de l'occupation. Son manifeste s'oppose également à la mise en place d'une force internationale sous les auspices des Nations unies[1], solution que proposait pourtant le Parti communiste-ouvrier d'Irak, l'une de ses composantes[17]. Cependant, l'IFC s'abstient des formes classiques d'anti-américanisme et adopte volontiers des symboles aux connotations occidentales, tels que le blue-jeans comme uniforme des forces de sûreté. Son discours ne se réfère pas à l'anti-impérialisme, ni à l'idée de libération nationale : c'est un héritage de la pensée de Mansoor Hekmat, qui considère que ce terme ouvre la voie à des alliances contre nature avec les nationalistes et les islamistes[18].
L'IFC dénonce régulièrement les actions des forces militaires américaines, condamnant par exemple la répression, à Kirkouk, de manifestants qui protestaient contre la hausse du prix du fioul domestique[19]. Il n'épargne pas les autres forces armées présentes en Irak, protestant notamment contre le massacre de quatre civils par les troupes britanniques à Bassorah le [20]. De même, l'IFC a dénoncé l'accord passé entre le gouvernement irakien de Nouri al-Maliki et celui de George W. Bush pour une prolongation de la présence militaire américaine, considérant que celle-ci constituait un frein au retour à la stabilité et un danger pour les mouvements progressistes au Moyen-Orient[21].
L'IFC a condamné les tortures dans les prisons d'Abu Ghraïb, de Buka[22] et de Jaderya[23], et mène campagne pour la libération de l'ensemble des prisonniers détenus dans des camps militaires américains en Irak[24]. Malgré son opposition au parti Baas, l'IFC a dénoncé la pendaison de Saddam Hussein, par rejet de la peine de mort, et a contesté la légitimité d'un jugement sous occupation militaire[25].
L'IFC a également dénoncé les opérations militaires turques au Kurdistan irakien contre les bases militaires du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sans toutefois soutenir ce dernier[26]. Avant la fondation de l'IFC, en août 2004, plusieurs organisations membres avaient participé, au côté du Parti pour une solution démocratique au Kurdistan (branche irakienne du PKK) et d'autres organisations de gauche, à une « conférence pour réorganiser la société civile en Irak », dont les conclusions étaient déjà proches des objectifs de l'IFC, mais qui n'avait débouché sur aucune initiative concrète[27].
Les divisions ethniques[modifier]
À propos des tensions entre Kurdes et Arabes, Samir Adil a déclaré : « Vos ennemis ne sont ni les Arabes, ni les Kurdes, ni les Turcomans avec lesquels vous avez vécu durant des années, avec lesquels vous avez souffert des mêmes privations sous le régime de Saddam et sous les sanctions économiques pendant des années. Le véritable ennemi, c'est l'occupation et les groupes sectaires qui tuent et décapitent pour leurs seuls intérêts propres. Le Congrès des libertés en Irak se bat pour un autre drapeau, un drapeau qui symbolise l'égalité entre les personnes indépendamment de leur appartenance ethnique, de leurs croyances religieuses ou de leurs orientations politiques, en créant un État laïque et non-religieux »[28].
L'IFC fait clairement référence aux situations du Liban, du Kosovo et du Rwanda pour dénoncer les dangers d'une classification ethnique et religieuse de la population[29]. C'est pourquoi il peut dénoncer dans un même communiqué les attaques contre des lieux saints chiites et des mosquées sunnites[30]. Il a notamment dénoncé le sommet du Caire organisé par la Ligue arabe en décembre 2005 parce qu'il légitimait la division ethnique et religieuse du pays[31]. La situation tendue de Kirkouk, où s'affrontent nationalistes arabes, kurdes et turcomans, préoccupe particulièrement l'IFC[32]. C'est pour ces raisons qu'il a dénoncé la constitution de 2005, qu'il considère être le résultat d'un accord entre nationalistes kurdes et islamistes chiites pour diviser la population sur une base ethnique et religieuse[33].
C'est pourquoi l'IFC est hostile à toute forme de partition de l'Irak, y compris à une solution fédérale. Il considère que cela entraînerait une division sur une base ethnique et/ou religieuse, à l'opposé de sa conception de l'identité humaine[34]. Par contre, il n'est pas opposé à une séparation du Kurdistan. Son manifeste prévoit l'organisation d'un « référendum immédiat dans les régions kurdes sur la sécession de l'Irak ou l'intégration au sein de l'Irak comme citoyens avec des droits égaux »[1]. Cette position complexe est un autre héritage de Hekmat[35].
L'IFC défend également les Palestiniens résidant en Irak, contre les attaques dont ils sont victimes de la part de membres de la Garde nationale irakienne et des forces du ministère de l'Intérieur. Un communiqué précise : « Le régime nationaliste a utilisé ces familles déplacées comme un moyen de pression dans sa surenchère avec les régime arabes et le courant raciste dans l'État d'Israël »[36]. En effet, ces réfugiés palestiniens sont victimes de leur assimilation courante au régime de Saddam Hussein, qui les avait mises en avant dans sa propagande, bien qu'elles n'aient jamais obtenu la citoyenneté irakienne et qu'elles vivent souvent dans des camps de réfugiés[7]. On trouve parfois référence à la situation palestinienne dans le discours de l'IFC, comme à l'occasion de la création d'un mur visant à contrôler le quartier d'Adamya, où un communiqué faisait le parallèle avec celui qui sépare Israël de la Palestine[37].
La laïcité[modifier]
Quatre des seize points du Manifeste de l'IFC sont consacrés à la laïcité. Ils proposent la séparation complète entre la religion, l'État et l'éducation ; la révocation de toutes les lois d'origine religieuse ; la liberté religieuse et celle de l'athéisme, ainsi que la pleine et inconditionnelle liberté d'expression, de presse, de réunion, d'organisation et de manifestation ; enfin, la confiscation de toutes les propriétés appartenant à des fondations religieuses afin d'être employées aux besoins sociaux, récréatifs et politiques du peuple[1]. La question du droit à l'athéisme est importante, car elle ne figure pas toujours explicitement dans les programmes des partis laïcs du Moyen-Orient.
Parmi les membres de l'IFC, on trouve donc à la fois des athées déclarés, membres du Parti communiste-ouvrier d'Irak, mais aussi des musulmans hostiles à la guerre civile comme Hassan Jumaa. Cet engagement laïc n'est pas sans risque. Ainsi, selon Samir Adil : « Dans un communiqué spécial, Al-Qaïda a déclaré que le Congrès des libertés était plus dangereux que le Mossad, parce que nous sommes une organisation laïque, opposée à l’islam politique. Ils ont ajouté qu’ils ne nous attaqueraient pas pour l’instant, parce que nous sommes contre l’occupation, parce que l’IFC a une base sociale, un soutien international important. Mais après l’occupation, nous serons leur première cible »[7]. Le groupe de Moqtada al-Sadr a également lancé une fatwa contre Samir Adil[7].
L'IFC dénonce fréquemment les actions des milices religieuses liées aux partis de gouvernement, tels les affrontements entre groupes armés chiites de l'armée du Mahdi et du Conseil suprême islamique irakien, deux partis membres du même gouvernement, survenus à Kerbala en août 2007[38], ou les assassinats de femmes commis par ces milices, notamment dans la région de Bassorah[39].
Il critique également les attentats meurtriers commis par les groupes terroristes religieux, tel celui de Sinjar, qui a fait plus de 500 victimes en août 2007[40] ou l'attaque sur la mosquée chiite de Samara[41]. Samir Adil fait remarquer que, à raison de 62 morts civils pour un soldat américain tué, il faudrait, pour éliminer les 168 000 soldats stationnées en Irak, massacrer toute la population irakienne[10], ce qui invalide selon lui toute tactique recourant au terrorisme.
Le gouvernement irakien[modifier]
L'IFC n'a participé à aucune élection et dénonce la fraude massive, les pressions sur les électeurs, l'occupation militaire et les analyses et pratiques électorales fondées sur une division ethnique et religieuse de la population[42]. Il considère que les groupes ethniques et religieux accaparent les richesses, interdisant aux autres, et notamment aux adversaires de l'occupation, de participer réellement au débat ; que les pressions exercées par leurs milices sur les bureaux de vote et dans les quartiers interdisent toute liberté de scrutin ; que les conditions de sécurité, l'absence d'observateurs et de journalistes internationaux faussent les résultats[43]. De fait, les élections tenues en Irak depuis 2003 ont vu leur représentativité affaiblie par la difficulté d’établir des listes électorales fiables (on s’est servi des listes de rationnement, ce qui a pu être considéré comme une forme de pression) et les appels aux boycotts massivement suivis dans certaines provinces (75 à 98 % d’absention dans les provinces « sunnites » en décembre 2005, limitent la légitimité de leurs résultats[44].
L'IFC a également dénoncé l'hypocrisie du gouvernement de Jalal Talabani au Kurdistan, qui parle de démocratie, tout en faisant arrêter des membres du Parti communiste-ouvrier d'Irak[45] ou des personnes participant à une commémoration du massacre des Kurdes par les troupes de Saddam Hussein[46].
Structure[modifier]
La structure de base de l'IFC est le comité de ville - ou de district pour les grandes villes. L'organe de décision est le conseil central, élu par la convention et représenté par son bureau exécutif entre les réunions plénières semi-annuelles[47], qui est présidé par le syndicaliste Subhi al-Badri[48]. La composition de ce conseil central vise à refléter la composition interne de l'IFC, puisque l'adhésion est collective (association, parti politique, syndicat, etc.) aussi bien qu'individuelle. Les chapitres (sections) de l'IFC à l'étranger, ou les organisations membres à l'étranger, notamment au Japon, participent au vote.
Lors de la préparation de la première convention de l'IFC en juin 2007, il a été décidé d'élire 200 délégués. 28 bureaux de votes ont été ouverts en Irak, mais aussi au Japon, en Suisse, au Royaume-Uni, en Finlande, en Suède et en Amérique du Nord, pour les sections à l'extérieur. Le contrôle de chaque bureau est confié à un membre, pas toujours irakien, puisque le Japonais Mori Fumihiro est responsable de celui d'Asie du Sud-Est[49].
Les statuts prévoient de donner une place importante aux maisons du peuple, c'est-à-dire à des locaux implantés dans chaque quartier, mais jusqu'ici elles n'ont pas rencontré le succès escompté. Seules deux maisons ont ouvert en , l'une dans la ville d'Iskandariyah (Alexandria), avec l'approbation du maire[50], l'autre dans le district d'Alaskari à Bagdad[51]. Il en semble pas que ce projet ait été poursuivi.
Nom | Position dans l’IFC | Affiliation |
---|---|---|
Sahar Abdul Hassan | Bureau exécutif[52] | - |
Saeed Abdullah Ahalal | - | - |
Samir Adil | Président | Ancien président du Bureau exécutif du Parti communiste-ouvrier d'Irak[53] |
Azad Ahmed | - | Directeur du Centre de défense des droits des enfants, Bagdad. Parti communiste-ouvrier d’Irak[54] |
Rebwar Ahmed | - | Secrétaire général du Parti communiste-ouvrier d'Irak |
Fryal Akbar | Présidente du bureau des femmes | - |
Subhi Al-Badri | Président du bureau de travail[55] | Président du Front contre la loi sur le pétrole, président de l'Association des employés municipaux[56] |
Leith Ali | Bureau exécutif[52] | - |
Amjad Ali Al-Jawhary | Bureau exécutif[52], webmestre, représentant pour l'Amérique du Nord[57] | Parti communiste-ouvrier d'Irak |
Abdul Karim Abdul Alsada | - | Vice-président de la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak[58] |
Jassem Alwan | Organisateur pour le quartier d'Alaskari, Bagdad[56] | - |
Thikra Faisal | - | Parti communiste-ouvrier d’Irak, Organisation pour la liberté des femmes en Irak |
Muhammad Ali Flayih | - | - |
Abdullah Al-Maliki | Bureau exécutif[52], Président du Front des travailleurs contre la guerre et l'occupation[59] | Secrétaire de la branche de Bassorah du Syndicat du pétrole du sud[60] |
Amjad Ghafoor | - | Ancien président du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d’Irak[61], secrétaire du Congrès pour le référendum pour l’indépendance du Kurdistan[53], membre du comité central du Parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste[62] |
Mufeed Haider | - | Président de l'IC à Bassorah[63] |
Jamal Hamid | - | Vice-président de l'Association de la presse, Bassorah[56] |
Majid Hamid | Bureau exécutif[52] | - |
Ahmed Hashim | - | - |
Abdul Zahra Abdul Hassan | Bureau exécutif[52] | - |
Ali Mohammed Hassan | - | - |
Sami Hassan | - | Secrétaire-adjoint de la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak à Bassorah[53] |
Walid Hassan | - | - |
Amer Hatem | - | - |
Khalil Ibrahim | Bureau exécutif[52] | - |
Rashid Ismail | - | - |
Ibrahim Issa | Bureau exécutif[52] | - |
Moqaddam Abdul Jabbar | - | Professeur à l'université de Bassorah[53] |
Ammar Kamil | Bureau exécutif[52] | - |
Sato Kazuyoshi | - | Président du Mouvement pour le socialisme démocratique, Japon |
Asai Kenji | - | Président du Comité de solidarité internationale du Mouvement pour le socialisme démocratique, Japon[53], éditeur du MDS Weekly[64] |
Hasan Klildar | Vice-président[65], Bureau exécutif[52] | Secrétaire général de la Fédération générale des syndicats en Irak[56] |
Ali Hussein Khudayr | - | - |
Hayfaa Mahmoud | - | - |
Nadia Mahmoud | Responsable d'al-SAna TV à Londres[66] | Membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d’Irak[67], coordinatrice du Centre pour les droits des femmes au Moyen-Orient, basé à Londres[53] |
Koorosh Modaresi | - | Secrétaire général du Parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste[59] |
Said Nima | Bureau exécutif[52], Chargé des relations publiques[68] | - |
Tahseen Mohammed | Bureau exécutif[52], organisateur pour les quartiers d'Aladamya et Sulaikh[56] | - |
Naim Musa | - | Président de l'Association des employés de la centrale thermique de Mussayeb[56] |
Suhad Obaidi | Bureau exécutif[52] | - |
Awad Ahmed Saleh | - | - |
Implantation[modifier]
L'IFC est implanté dans les principales villes irakiennes, sauf celles du Kurdistan, ainsi que dans plusieurs agglomérations secondaires. Lors de la première conférence nationale en novembre 2007 étaient représentées les sections de Bagdad, Bassorah, Kut, Nassiriya, Kirkouk, Mossoul, Diwanya, Ramadi[69], Shatrah, Hashimiyah, Suwayrah, Numaniyah, Kifl, Alexandria, Samarra, Tikrit et Baïji[59]. Il existe également des sections à Hilla[59], Kerbala et Mahmoudya[70].
Cette implantation n'est pas influencée par les divisions ethniques et religieuses et s'observe aussi bien dans les zones à majorité chiite que dans celles à majorité sunnite. Elle inclut notamment des villes du « triangle sunnite »[71] (Ramadi, Samarra, Tikrit), une cité sainte du chiisme (Kerbala), et des villes sujettes aux violences communautaires entre Arabes, Kurdes et Turcomans. Cette implantation est rendue possible par le discours universaliste de l'IFC, mais ne suffit pas à l'expliquer. Son absence au Kurdistan est liée à la situation régionale, où les effets de la guerre civile et de l'occupation s'exercent très différemment ; il est possible que des considérations tactiques du Parti communiste-ouvrier d'Irak dans son bastion historique jouent également un rôle.
À Bagdad, qui est sa principale section, l'IFC est implanté dans quartier al-Hussein, district d'Amiriya[65] ; dans le quartier de Salikh où il est parvenu à ouvrir une clinique à l'usage des habitants[72] ; dans le quartier de Zaafaranyia, où il s'oppose aux menaces contre des habitants pour les contraindre à déménager[73] ; et dans la banlieue, à Rashdya, à 40 km au nord de Bagdad[74]. Sa plus forte concentration est au nord-ouest de la ville, sur la rive droite du Tigre. L'examen de la cartographie religieuse de la capitale irakienne montre que ces quartiers étaient considérés comme mixtes sunnites / chiites avant 2006, et qu'ils le sont restés pour l'essentiel en 2008 malgré une recomposition majeure liée à la guerre civile[75].
La région de Bassorah est l'autre lieu de forte implantation de l'IFC, en raison de l'adhésion des syndicats du pétrole. À Sawfan, près de Bassorah, deux cent cinquante agriculteurs ont rejoint l'IFC et formé des patrouilles armées pour interdire aux groupes terroristes de passer la frontière ou de transporter des armes[76]. L'IFC dispose également de bons contacts avec plusieurs tribus du sud de l'Irak, opposées à l'occupation, aux luttes interconfessionnelles mais aussi à l'ingérence iranienne dans la région[77]. À Kirkouk, l'IFC contrôle le quartier d'Asraiwal Mafkodein (« Prisonniers de guerre et disparus ») qu'il a renommé Al-Tzaman (« Solidarité »), où vivent environ 5 000 personnes kurdes, arabes et turcomanes. Selon Samir Adil, « tout le monde peut y vivre. C'est une zone d'humanité. Personne n'a le droit de vous demander votre religion ou votre identité ethnique »[78]. Ce quartier n'est plus mentionné dans la presse de l'IFC après 2006, ce qui peut laisser penser qu'il en a perdu le contrôle.
Organisations[modifier]
- Association humanitaire Alduaa
- Association des employés de la centrale thermique de Musayeb
- Association des employés municipaux,
- Association des ouvriers de l'industrie mécanique de la Compagnie générale des industries mécaniques
- Centre de protection des droits des enfants
- Centre international de l'amitié
- Communauté Baara
- Communauté d'Ishtar
- Développement de l'Euphrate
- Droits des femmes
- Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak (branche de Bassorah)
- Fédération générale des enseignants
- Fédération générale des syndicats d'Irak
- Khansaa (association d’avocates féministes)
- Organisation des veuves et des orphelins
- Organisation humanitaire al-Noor
- Organisation nationale contre la corruption
- Parti communiste-ouvrier d'Irak
- Syndicat de la mécanique (membre du Syndicat général des employés du pétrole de Bassorah)
- Syndicat de travailleurs de la mécanique (Alexandria)
- Syndicat des employés du cuir, Association de la presse (Bassorah)
- Syndicat des étudiants progressistes
- Syndicat des ingénieurs
- Syndicat général des employés du pétrole de Bassorah
- Syndicat général des travailleurs de la mécanique et de l'imprimerie
Syndicats[modifier]
Les syndicats forment la base sociale et militante de l'IFC. Samir Adil revendique clairement la caractère ouvrier de son parti : « Nous voulons être une solution pour toute la société irakienne, pour les travailleurs, pour les femmes, pour les profs, pour les étudiants, … Les travailleurs sont la majorité de la société, et c’est pour ça que c’est très important que la classe ouvrière joue un rôle essentiel dans l’IFC »[7]. Effectivement, les composantes les plus importantes, du point de vue numérique, sont les syndicats. Les représentants des organisations syndicales formeraient environ 40 % du conseil central de l'IFC[79]. Pour coordonner l'action de l'IFC dans la classe ouvrière, il existe un Bureau du travail, présidé par Subhi Albadri[80].
L'IFC soutient la liberté syndicale : il a notamment réaffirmé son soutien au Syndicat général des employés du pétrole, l'une de ses composantes, contre les attaques du ministre du pétrole Hussein Shahrastani[81], qui le dénonçait pour les mouvements de grève qu'il avait lancé contre la loi sur le pétrole[82], ou encore contre les menaces d'arrestation contre ses dirigeants[83]. En effet, la loi sur le travail mise en place par Saddam Hussein, interdisant les syndicats dans le secteur public et limitant leur place dans le secteur privé au seul syndicat officiel, est toujours en place en 2008[81].
Par la fusion du Syndicat démocratique irakien et du Syndicat des employés en Irak est née, en juin 2006, la Fédération générale des syndicats d'Irak, qui a immédiatement adhéré à l'IFC. Elle est composée des syndicats du pétrole, de l'énergie, des chemins de fer, des transports, des employés et des services de santé, de la mécanique, de la construction et de la charpente, de l'industrie du cuir et du textile, des employés du ministère du commerce, de l'agriculture et de l'industrie agro-alimentaire. Cette fusion a été soutenue par l'IFC, qui a mis à disposition ses locaux pour le congrès de fondation[84].
Lors de sa première convention nationale en novembre 2006, la Fédération générale des syndicats d'Irak a proposé sa fusion avec la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak, mais le projet ne semble pas avoir eu de suites[85], bien que plusieurs de ses représentants aient été présents lors de la convention. Cette convention, tenue à Bagdad, avait rassemblé 105 délégués, venus notamment de Kerbala[86], Souleimaniye, Alexandria, Hilla, Mahmoodya, et Bagdad, sans compter les 40 qui n'avaient pu venir pour raisons de sécurité. Elle était placée sous la protection des Forces de sûreté de l'IFC[87], dont certains membres proviennent du syndicat[88].
L'IFC est influent parmi les ouvriers du pétrole, par l'intermédiaire du Syndicat du pétrole du sud. C'est ce qui lui a permis d'appeler à la grève à plusieurs reprises. Début juillet 2006, un mouvement de grève fut lancé pour les revendications suivantes : annulation des privatisations, démantèlement des milices armées, arrêt des meurtres d'ouvriers par ces milices, distribution de rations alimentaires sans restrictions, distribution des profits parmi les travailleurs du secteur pétrolier[89]. Le , date anniversaire de la décision des États-unis d'Amérique d'attaquer l'Irak. Les employés de la confection de tapis ont également décidé de se joindre à cette grève[90].
D'autres syndicats, non affiliés à une confédération nationale, ont également rejoint l'IFC. Le Syndicat des ingénieurs, qui représente 17 000 personnes, a annoncé son adhésion à l'IFC en novembre 2007, par la voix de son vice-président Samir Almosawi et du président de la fédération du pétrole, Ghazi Muftin[91]. La Fédération générale des enseignants a également annoncé son ralliement à l'IFC, par la voix de son président Hussein Ahmed Salman[92] (en mars 2007, l'IFC a soutenu la grève des enseignants de 21 écoles dans le quartier d'Althawra, surnommé Sadr-city, sur les questions de sécurité, de payement des salaires et de hausse des prix[93]).
L'Association des employés municipaux, le Syndicat général des travailleurs de la mécanique et de l'imprimerie, l'Association des employés de la centrale thermique de Musayeb, le Syndicat général des employés du pétrole de Bassorah, le Syndicat de la mécanique, branche du même syndicat, le Syndicat des employés du cuir, l'Association de la presse à Bassorah[94] et le Syndicat des étudiants progressistes sont également représentés au conseil central de l'IFC[7]. Enfin, à Alexandria, à 40 km au sud-est de Bagdad, l'une des villes les plus industrialisées d'Irak, le Syndicat de travailleurs de la mécanique et l'Association des ouvriers de l'industrie mécanique de la Compagnie générale des industries mécaniques, ont également adhéré à l'IFC[95].
Quoique les collaborations avec la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak soient nombreuses, que plusieurs membres du Conseil central de l'IFC, ainsi que son conseiller juridique Falih Maktoof[68] (également secrétaire de la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak)[96] en soient également membres, ce syndicat n'est pas formellement membre de l'IFC. La branche de Bassorah y a toutefois adhéré[97]. Cette situation ambigüe résulte de stratégies syndicales divergentes, mais sans doute aussi de tensions internes au Parti communiste-ouvrier d'Irak au sujet de la conception même du syndicalisme et des conseils ouvriers.
Le Front contre la loi sur le pétrole[modifier]
Le gouvernement irakien souhaite faire passer une loi sur le pétrole, qui suscite un large débat en Irak. Ce projet ouvrirait largement au secteur privé la production pétrolière, qui avait été nationalisée en 1972. Il prévoit également une répartition des revenus pétroliers, principale richesse du pays, entre les dix-huit provinces. Ce projet de loi suscite un rejet unanime des organisations syndicales[98].
Dès le mois de mars 2007, l'IFC a protesté contre le projet de loi sur le pétrole, considérant que celui-ci allait dans le sens des intérêts des grandes entreprises américaines et non de ceux de la population irakienne[99], puis une véritable campagne sur ce thème a été lancée au mois de mai[100],[101], se concluant par une première manifestation en juillet 2007[102].
Le Syndicat général des employés du pétrole, la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak, le Front du travail contre la guerre et l'occupation ont créé un Front contre la loi sur le pétrole[103]. Ce front dispose de branches à Bagdad, Bassorah, Hilla[48] et Nadjaf[104].
Le , le Front a initié une première manifestation à Bagdad, sous haute surveillance de l'armée américaine qui interdit l'accès aux manifestants[96]. Hassan Juma, président de la Fédération des syndicats du pétrole du sud, a expliqué, dans une conférence de presse, que si la loi sur le pétrole passait, son syndicat détruirait l'un des pipelines en rétorsion. Il a appelé les ouvriers du pétrole à faire grève contre ce projet[63].
Le , le Front contre la loi sur le pétrole a organisé un rassemblement au square Altahrir à Bagdad, devant la statue de la Liberté, avec la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak, le Syndicat général des employés irakiens et d'autres syndicats. Son dirigeant, Subhi al-Badri, qui préside également le bureau exécutif du conseil central de l'IFC, a fait une conférence de presse couverte par plusieurs télévisions du Moyen-Orient[105]. En réponse, le ministre du pétrole Hussein Alshahristani[106] a demandé à son gouvernement d'engager une procédure judiciaire contre le Front contre la loi sur le pétrole, apparemment sans succès[107].
Organisations de femmes[modifier]
Dans son manifeste, l'IFC indique parmi les seize lois qu'il souhaite mettre en place immédiatement : « déclarer les droits civils et individuels, pleins et inconditionnels, et l'égalité entre hommes et femmes. Révoquer immédiatement toutes les lois et les règlements qui violent ce principe »[1]. Cette position de principe va à contre-courant de la dégradation de la condition des femmes et de la multiplication des violences fondées sur le genre en Irak[108]. Afin de la défendre, le bureau des femmes de l'IFC a été créé en janvier 2007[55]. Sa première dirigeante était Suhad Ali[109], qui laissa ensuite la place à Fryal Akbar[110]. Malgré cela, la place des femmes reste faible au sein de l'IFC.
Plusieurs associations de femmes sont membres de l'IFC, dont l'association Droits des femmes[111], ou les avocates féministes Khansaa, présidées par Nidal Fathil Obeidi à Hilla[112]. Il existe par ailleurs une section féminine importante à Alexandria, à 40 km au sud-ouest de Bagdad, dirigée par Zainab Ali Abdullah. Dans cette cité où il est bien implanté, l'IFC assure une action humanitaire en direction des personnes déplacées, généralement des veuves et des orphelins victimes des violences intercommunautaires[113]. Une autre section a été créée à Nasyria[114].
L'IFC coopère régulièrement avec l'Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OWFI), et sa présidente Yanar Mohammed a signé son appel fondateur[53], mais n'y a jamais adhéré formellement. De même, Houzan Mahmoud, porte-parole internationale de l'OWFI, a joué quelque temps le même rôle pour l'IFC[115], avant d'y renoncer. L'OWFI semble privilégier son indépendance et de maintien de son propre réseau de soutien international.
Associations de solidarité[modifier]
Plusieurs organisations non-gouvernementales sont membres de l'IFC, dont les sections assument elles-mêmes parfois ce rôle. Ainsi, dans le quartier d'Alaskari à Bagdad, l'IFC s'occupe de distribution de fioul aux habitants[116]. Parmi les adhérents, on peut signaler l'organisation humanitaire al-Noor, active dans le quartier d'al-Mashrooa, district d'Al-Waziriyah, qui a adhéré à l'IFC en novembre 2006, lors de la formation des Forces de sûreté dans ce quartier[117] ; l'Organisation nationale contre la corruption, la communauté Baara et la communauté Duua ont adhéré à l'IFC[118] ; le Centre international de l'amitié[111] ; la communauté d'Ishtar, présidée par Zeinab Bader Al-Rubaie ; le Développement de l'Euphrate présidé par Ryadh Sabah ; l'organisation des veuves et des orphelins[112] ; l'association humanitaire Alduaa[94].
IFC Doctors est une organisation de médecins et d'infirmières, fondée en septembre 2006, qui propose des soins gratuits, dans les locaux de l'IFC à Bagdad, et forme des équipes mobiles pour intervenir dans d'autres quartiers. L'objectif est de suppléer à la déliquescence des services sociaux en Irak et à l'exode massifs de médecins[119].
Le Centre de protection des droits des enfants à Bagdad, qui est lié au réseau Children first international[120] (Les enfants d'abord), est membre de l'IFC. Il coopère avec des ONG japonaises pour créer des liens entre les enfants des deux pays[121].
Télévision[modifier]
Sana TV | Coordonnées |
---|---|
Satellite | Hot Bird 8 |
Orbital Position | 13 degrés Est |
Transponder | 14 |
Downlink Frequency | 11 470 |
Downlink Polarity | Vertical |
FEC | 5/6 |
Symbol Rate | 27,500 |
L'IFC dispose de sa propre chaîne de télévision par satellite, Sana TV (« Lumière »), qui a été lancée officiellement le [122] et a commencé à émettre le [123]. Le directeur de Sana TV est Qasim Hadi, président du Syndicat des chômeurs en Irak.
L'idée de cette télévision avait été proposée en janvier 2006 par Samir Adil lors de la conférence internationale de soutien à l'IFC à Tokyo[124]. Selon lui, « malheureusement, on a douze chaînes de télé satellite en Irak, et elles sont toutes nationalistes et ethniques, tous les jours elles éduquent les gens sur comment haïr leur voisin parce qu'ils sont sunnites ou chiites ; comment haïr votre sœur parce que c'est une femme ; comment éduquer vos enfants pour qu'ils fassent des attentats suicides. C'est ça la télé satellite en Irak, cela ferait un grand changement dans notre mouvement et dans la société »[125]. 400 000 $ ont été collectés au Japon pour créer cette chaîne[126].
Forces de sûreté[modifier]
Dès la création de l'IFC, la formation d'une organisation armée a été envisagée[1]. C’est une pratique courante en Irak, où de nombreux partis, y compris ceux représentés au gouvernement et à l’assemblée nationale, disposent de leur propre milice[127]. La première force de sûreté a été créée dans le quartier d'Al-Zafaraniya à Bagdad en mars 2006[128]. Puis des habitants du district de Baiaa à Bagdad ont formé un Comité de défense du district industriel de Baiaa, lié à l'IFC, pour défendre le quartier contre les groupes armés[129]. Ces Forces de sûreté se donnent pour objectif la protection des civils ; elles n'ont jamais attaqué les troupes d'occupation, bien que le contraire soit vrai. La mort de leur chef Abd-Hussein Saddam semble leur avoir porté un coup dur, car leurs actions ne sont plus signalées par la presse de l'IFC.
Les Forces de sûreté portent un uniforme : jean bleu, chemise bleu ciel, brassard au logo de l'IFC, et sont équipées de fusils d'assaut, facilement disponibles en Irak. Le jean est évidemment une marque de défi envers les islamistes, qui le considèrent comme trop occidental et lui préfèrent des vêtements traditionnels.
Plusieurs sessions de formation ont eu lieu. La première classe, composée de vingt-neuf membres, a été formée en septembre 2006, dans le quartier d'Askari. Sa première opération a été de mettre en déroute des cambrioleurs[130]. La deuxième classe a été formée en novembre 2006[131] et la troisième classe en mars 2007[132]. Cela donne une idée de leur faible nombre, car chaque classe ne comporte qu'une vingtaine de gardes, d'après les photos publiées[133].
Les Forces de sûreté ont assuré la protection de l'école d'ingénieurs du quartier de Bab al-Mu'azzam à Bagdad, du pont de Sarafya, du quartier d'Alaiwadeh[134]. Dans ce quartier, elles ont empêché l'installation d'un local de l'Armée du Mahdi, une milice islamiste chiite[135]. Elles interviennent dans le quartier de Bab al-Sharqi, où se trouve l'un des plus importants marchés de Bagdad, mais aussi le siège du Parti communiste-ouvrier d'Irak[136]. De la même manière, elles interviennent dans le quartier d'Al-A'zamiyah, au centre de Bagdad, où se trouvent les locaux de la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Irak et de l'Organisation pour la liberté des femmes en Irak[137]. Elles se sont interposées entre les forces américaines et des snipers inconnus dans le quartier d'Alatba’a, à Bagdad, afin de protéger les enfants d'une école[138].
Les Forces de sûreté sont également présentes, de manière informelle au départ, depuis novembre 2006 dans le district de Karentina, à Bagdad, où elles sont parvenues à maintenir l'ordre sans un seul attentat[139]. Dans le quartier d'Almashrooa, district d'Al-Waziriyah, les habitants contribuent financièrement à l'entretien des Forces de sûreté[3] depuis décembre 2006[117]. Elles sont également présentes à Al-Sulaikh[3], à Alsanii[140] ou encore dans celui d'Al-Waziriyah, où se trouve le ministère de la Santé : elles s'y sont opposées à de faux « check-point » destinés à trier sunnites et chiites dans le cadre des affrontements inter-religieux[141]. Elles assurent également la protection de l'institut de formation des enseignants à Bagdad, où 800 étudiants reçoivent des cours du soir[142],[140]. À Mahmoodyia, à 25 km au sud de Bagdad, les Forces de sûreté ont affronté les forces armées du Parti islamique, l'un des partis présents à l'assemblée nationale irakienne, pour protéger des civils, en novembre 2006[143].
À Bassorah, le Mouvement démocratique des moudjahidines des marais, ancien mouvement de guérilla contre le régime de Saddam Hussein, qui dispose toujours de 400 combattants, a rejoint l'IFC[97].
Répression de l'armée américaine contre l'IFC[modifier]
Selon le Congrès des libertés en Irak, les 7 et , des soldats américains ont saccagé le siège de l'IFC à Bagdad. Ils auraient détruit le mobilier et emporté de nombreux documents[144]. Une nouvelle attaque aurait eu lieu le [145].
Le dirigeant des Forces de sûreté, Abd-Hussein Saddam, a été tué par une unité spéciale de l'armée américaine, escortée de Gardes nationaux irakiens, tandis que sa fille âgée de 18 ans a été blessée, lors de l'assaut de son domicile le à 15h00, dans le quartier d'Alattiba à Bagdad[146]. Grièvement blessé lors de l'attaque, il est décédé peu de temps après : son corps fut retrouvé deux jours plus tard dans un hôpital[147]. Sa fille avait été laissée sur place malgré ses blessures[148].
Âgé de 50 ans, Abd-Hussein Saddam était né à Bassorah dans une famille progressiste. En 1997, il avait été condamné à deux ans de prison pour ses critiques contre le régime de Saddam Hussein. Il avait rejoint l'IFC en mai 2006, et s'était engagé en avril 2007 dans les Forces de sûreté nouvellement formées. Il en prit rapidement la direction, succédant à Raid Salih[149]. Il était membre suppléant du Conseil central[147]. De nombreux messages de soutien venus d'Irak, mais aussi du Japon ou des États-Unis ont été envoyés pour dénoncer cet assassinat[150],[147]. Peu après, des soldats américains décrochèrent des banderoles rappelant la mort d'Abd-Hussein Saddam et condamnant l'occupation et le sectarisme religieux dans les quartiers de Bab al-Mu'azzam et d'Alaiwadeh à Bagdad[151]. Cette attaque n'a fait l'objet d'aucun commentaire, ni d'aucun démenti de la part de l'armée américaine.
Soutien international[modifier]
Implanté dans un pays appauvri par les années de guerre et de dictature, l'IFC repose en grande partie sur l'aide extérieure pour son financement. Il existe des chapitres formés à l'étranger par des irakiens en exil (en Suisse[152], au Canada[153], aux Pays-Bas[154], en Finlande[155]). Mais des organisations étrangères peuvent également être membres à part entière de l'IFC. En outre, il bénéficie d'un réseau de soutien international.
Son principal soutien international est le Mouvement pour le socialisme démocratique, un petit parti de gauche japonais[156]. Cette organisation est membre à part entière de l'IFC et son président, Sato Kazuyoshi, fait partie du conseil central de l'IFC. Malgré les risques, il est venu, avec une délégation japonaise, à la première convention de l'IFC à Bagdad en novembre 2007[59]. L'ensemble des organisations japonaises qui participent à l'Assemblée nationale pour la paix et la démocratie (Zenko) approuvent également ce soutien à l'IFC. En août 2007, la 37e Zenko, réunie à Tokyo, a confirmé ce soutien, proposant de réunir dix millions de yen (environ 60 000 €) avant la fin de l'année, afin de protéger Sana TV, déménager ses locaux et ceux de l'IFC, augmenter le nombre de gardes du corps et améliorer leur propre sécurité[122]. Il existe un Comité de solidarité avec la résistance civile irakienne, dont Fumihiro Mori est le coprésident[157]. Cet intérêt d'une partie de la gauche japonaise est lié à la présence de l'armée japonaise en Irak.
Aux États-Unis, l'IFC entretient des relations avec US Labor against War (USLAW), rassemblement de 140 syndicats de l'AFL-CIO, représentant un million de syndiqués, opposés à l'occupation de l'Irak[69],[158]. Samir Adil s'est rendu personnellement à la convention annuelle d'USLAW en décembre 2006[159]. La coalition anti-guerre United for Peace and Justice (en) (Unis pour la Paix et la Justice, UFPJ), qui regroupe 1 300 associations, a envoyé un délégué à la première conférence internationale de soutien à l'IFC à Tokyo en janvier 2006, de même que la War Resisters League (en) (Ligue des résistants à la guerre) qui en est membre[160]. L'USLAW et l'USPJ avaient déjà invité un représentant de l'IFC, Amjad al-Jawhary, à Washington en septembre 2005[161]. Il existe un chapitre américain de l'IFC, animé principalement par des militants de la Ligue communiste[162], une petite organisation d'extrême gauche[163], ainsi que l'Organisation nationale de lutte pour la liberté en Irak, créée en soutien à l'IFC[164].
L'IFC a tenté d'établir des liens politiques aux États-Unis, où le président Samir Adil a rencontré la députée du Minnesota Betty McCollum et le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Dick Lugar, favorable à la réduction des effectifs militaires américains en Irak. Ces entrevues semblent avoir été organisées par l'association pacifiste américaine American Friends Service Committee[165], liée aux quakers, qui apporte son soutien à l'IFC[166]. Samir Adil a également rencontré la célèbre militante pacifiste Cindy Sheehan à deux reprises et lui a écrit lorsqu'elle a fait part de son découragement[167].
En Iran, le Parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste est membre de l'IFC depuis sa fondation. Son principal dirigeant, Koroosh Modaresi, est membre du conseil central de l'IFC et en a rédigé le manifeste. Par ailleurs, le Parti communiste d'Iran (Komalah) a envoyé une délégation lors de la première convention de l'IFC, mais celle-ci n'a pu y participer en raison d'un accident de voiture[59] : cette organisation, illégale en Iran, dispose depuis longtemps de bases arrières au Kurdistan d'Irak.
À la conférence de Manille, en avril 2007, étaient présentes des délégations des États-Unis, d'Indonésie, d'Irak, du Japon et des Philippines, pour soutenir l'IFC[168]. En Indonésie, c'est l'association Solidamor, de la militante pacifiste Yeni Rosa Damayanti, qui est le principal soutien de l'IFC[160]. Il existe également en comité de soutien à l'IFC en Corée du Sud[169]. Le président Samir Adil a été invité dans ce pays par le Parti socialiste[170]. L'Alliance politique socialiste et la Conférences est-asiatique contre la guerre sont également favorables à l'IFC[160].
Faris Mahmood, membre du bureau exécutif de l'IFC à l'étranger, a fait une tournée de conférences dans plusieurs villes italiennes, à l'initiative notamment du Comité international contre la guerre et de la Ligue internationaliste, en novembre 2006[171]. Des contacts ont été établis avec plusieurs partis d'extrême gauche turcs, dont les noms n'ont pas été publiés, peut-être pour des raisons de sécurité[172].
Annexes[modifier]
Bibliographie[modifier]
- Nicolas Dessaux, Résistances irakiennes : contre l'occupation, l'islamisme et le capitalisme, Paris, L'Échappée, coll. Dans la mêlée, 2006. Critiques par le Monde Diplomatique, Dissidences, Ni patrie, ni frontières. Publié en Turc sous le titre Irak'ta Sol Muhalefet İşgale, İslamcılığa ve Kapitalizme Karşı Direnişle, Versus Kitap / Praxis Kitaplığı Dizisi, 2007. (ISBN 978-2915830101) [Interviews de personnalités de la résistance civile irakienne, dont plusieurs dirigeants de l’IFC, avec notes et introduction permettant de les contextualiser]
- Fanny Lafourcade, Le Chaos irakien. Dix clefs pour comprendre, Paris, La Découverte, 2007, 123 p. (ISBN 978-2-7071-5020-2) [Introduction à la situation politique et sociale quatre ans après l’entrée des troupes américaines en Irak]
Documents multimedia[modifier]
- Osamu Kimura, Iraqi Civil Resistance, Video series « Creating the 21th Century » n° 8, VHS/DVD, Mabui-Cine Coop Co. Ltd, 2005 [DVD produit au Japon et présentant plusieurs organisation de la résistance civile en Irak].
- Osamu Kimura, Go forward, Iraq Freedom Congress. Iraq Civil Resistance Part II, Video series « Creating the 21th Century » n° 9, VHS/DVD, Mabui-Cine Coop Co. Ltd, 2005 (durée : 32 min) [DVD documentaire produit au Japon consacré à la résistance civile en Irak, contenant des notamment interviews de Samir Adil et de Yanar Mohammed.]
Liens externes[modifier]
- Congrès des libertés en Irak.
- Chapitre américain de l'IFC.
- Site de l'IFC en japonais.
- Syndicat général des employés du pétrole - Bassorah, membre de l'IFC.
- Centre de défense des droits des enfants, membre de l'IFC.
- Mouvement pour le socialisme démocratique, Japon, membre de l'IFC.
- Comité de solidarité avec la résistance civile irakienne, Japon.
- Solidarité Irak (France).
Notes et références[modifier]
- ↑ 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 et 1,10 Manifesto of Iraq Freedom Congress (IFC), mars 2005.
- ↑ Iraq Freedom Congress.
- ↑ 3,0 3,1 et 3,2 Samir Adil meets with the IFC Safety Force, .
- ↑ (en) « IFC Safety Force Visits Baghdad Districts To Offer Safety Assurance, Receives Warm Welcome », septembre 2006.
- ↑ Les deux partis sont étroitement associés, historiquement et politiquement. Dans chacun des comités centraux de ces deux partis siègent des membres de l'autre. Voir la liste des membres du comité central.
- ↑ « C’est comme ça qu’une société façonne la personnalité », entretien avec Houzan Mahmoud, dans Nicolas Dessaux, Résistances irakiennes, contre l'occupation, l'islamisme et le capitalisme, Paris, L'échappée, 2006, pp. 77-94.
- ↑ 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 et 7,5 « L’humanité est notre drapeau », entretien avec Samir Adil, dans Nicolas Dessaux, Résistances irakiennes, contre l'occupation, l'islamisme et le capitalisme, Paris, L'Échappée, 2006, pp. 139-163.
- ↑ « On The Recent Fabrications Made By A Number Of Suspicious and Discredited Groups Against the Leaders Of The General Union of Oil Employees (GUOE) », .
- ↑ La référence religieuse apparaît surtout dans la phraséologie de ses communiqués, comme l'atteste la version anglophone de son site web
- ↑ 10,0 et 10,1 « Why Do We Believe In Civil Resistance To End The Occupation And Build A Free And Democratic Society In Iraq? », .
- ↑ « Why Should IFC Have A Satellite TV », février 2006.
- ↑ « Un monde meilleur : Le programme du Parti communiste-ouvrier », juillet 1994.
- ↑ « Party and Society : From a pressure group to a political party », novembre 1998.
- ↑ La comparaison du Manifeste de l'IFC avec Un monde meilleur, programme du Parti communiste-ouvrier d'Iran rédigé en 1994 par Mansoor Hekmat permet d'évaluer les convergences
- ↑ Interview de Thikra Faisal, militante du Comité d’organisation étudiant de Bassorah, 2 août 2005.
- ↑ David Enders, « Fighting for a job in Iraq », Asia Times, 16 janvier 2004 (lire en ligne).
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- ↑ Voir par exemple Mansoor Hekmat, The World After September 11, Part One: The War of Terrorists,
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