Sorrowful Songs
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Auteur | Déborah Heissler |
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Pays | France |
Genre | Poésie |
Éditeur | Æncrages & Co |
Collection | Voix de chants |
Date de parution | 2015 |
Illustrateur | Peter Maslow |
ISBN | 978-2-35439-072-3 |
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Sorrowful Songs est un recueil de Déborah Heissler paru en 2015 aux éditions Æncrages & Co dans la coll. « Voix de chants », illustré par Peter Maslow (USA) et préfacé par Claude Chambard (France). Il a été soutenu par un crédit de résidence du CNL (Centre National du Livre), qui a permis à l'auteur de réaliser une résidence à la Maison de la poésie de Rennes au printemps 2013.
Recueil[modifier]
Ces Sorrowful Songs forment un recueil de proses et de chants – intime et lyrique tout à la fois – où l’allégresse, l’évocation da camera de la disparition d’une interprète qu’on peut imaginer au piano, l’emportent sur la douleur, fondamentalement, soulignant au travers de la disparition de l’Être aimé la perte d’un patrimoine universel et commun à l’Humanité entière – tant poétique que musical –, réduit non plus à la matière épique et post-moderne de Chants célébrant les disparus de la Shoah, mais à son expression amoureuse la plus simple et la plus évidente en forme de chuchotement :
« Murmures d’ombre et d’ébène à divaguer sur (s)a tempe, / là-bas, à (elle) // (de l’être aimé d’un) Tu / qui (te) nocturnes. »
La première partie est essentiellement narrative (Jardin – Elle – « Des pas dans la neige » – Oiseaux, neiges et fruits – Elle était devenue arbre) où l’incipit du recueil (« Un triomphe, une querelle d’ongles à la cloison des feuillées ») initiant la thématique du deuil de l’Être aimé, appelle également de manière oxymorique l’image de l’arbre sur le ciel ouvert tel une « Cathédrale à la chute du jour. Gisant. »).
La seconde partie du recueil, quant à elle, abyme la forme ternaire du recueil tout entier, répondant en français au titre en langue anglaise (Sorrowful Songs) pour transfigurer par-là même la facture instrumentale chère au compositeur polonais Henryk Górecki dans sa Symphonie nº 3 (Symphony of Sorrowful Songs) – plus avant dans le recueil ; recueillement, tutoiement, chuchotements, donnent corps au souvenir de la soliste da camera tandis que l’auteur mentionne les Variations Goldberg de Bach ou encore Debussy et ses préludes pour piano (ses « pas dans la neige » devenant des temps forts au sein de la section).
La troisième et dernière partie de l’ouvrage redevient purement et simplement narrative (« Chambre où te perdre ») détaillant via la métaphore du voile (« Et lentement la toile qu’on avait étalée sur le visage de Blanche, je l’écartais. ») un linceul où transparaissent les traits du visage de Blanche, plus sûrement encore que sur un cliché photographique.
Citations[modifier]
Jamais, je l’avoue, je n’avais pensé qu’un poème à lui seul, eut pû un jour rencontrer les silences de Blanche. Du poème, elle n’aimait ni ses formats, ni même sa facture — et si peu sa propre voix à elle — rien qui ne respire, ni ne heurte assez, n’insiste tant, que l’instrument, celui auquel nos mains s’accordaient quelquefois. Là où précisément l’attente talonne le presque, le tout et le rien, qu’elle préférait au presque tout du poème. « Des pas dans la neige », en un sens indubitablement.
Oiseaux, neiges et fruits.
Derrière les rideaux, la neige. Elle tombe pour la toute première fois cette année. Son léger bruit à peine perceptible, qui vous semblera un frisson. Un murmure à peine.
Tableau. Tu renverses la tête et regardes le ciel, à la manière de ceux qui font face à la mort — oublieux des fruits verts, du cuivre et de l’ébène au-delà du songe
où toute voix s’annule.[1]
Réception[modifier]
« Ces Sorrowful Songs nous conduisent jusqu'à l'essence même de la vie. Il n'est plus question de joie ou de peine. La vie ne se divise pas, ne s'immobilise pas. Ils nous font entendre tout ce qui en nous se mêle pour nous emporter dans le mouvement permanent qui, du vif au trépas - & inversement -, nous mène dans la lumière blanche de l'amour qui nous transfigure.
Le langage ici est une voix vivante, pour ainsi dire une multiplicité de voix dans celle de l'auteur qui les engloberait toutes faisant entendre le bruissement de la multitude des êtres passés, présents & à venir. Ce sont « Chemins sur lesquels on donne une voix au langage, ce sont des rencontres, les chemins d'une voix vers un Tu qui l'écoute [Paul Celan]. »[2]
Dans son article paru dans la Nouvelle Quinzaine littéraire, (numéro no 1146, mars 2016) Sabine Huynh se souvient que déjà dans ses précédents recueils de poèmes, Déborah Heissler amenait par touches impressionnistes (« les cendres en pincées, lyriques ») ce qui allait devenir les motifs essentiels de son œuvre poétique : ce jardin intime désirable, ses arbres et leurs frondaisons et floraisons promettant union et fruits, et cette triste neige de rumeur silencieuse, froid manteau d’absence où « rien ne respire », la matière-même de « la distance qui nous sépare désormais » – neige qui peut tomber noire (comme le savent les Polonais) sur le « gisant ».
Sorrowful Songs, le nouveau recueil de la poète, s’ouvre sur un tel « Jardin – elle endormie » et sur ce « triomphe » que cet apaisement représente, à l’encontre de la nuit, de la perte, de l’absence et du chagrin, que l’on ressent à la lecture de ces « chants de douleur » qui puisent leurs larmes au puits de la Shoah. Car c’est la Symphony of Sorrowful Songs – la Symfonia pieśni żałosnych ou Symphonie no 3, dite des « chants plaintifs » – du compositeur polonais Henryk Górecki, hanté par les morts d’Auschwitz, qui donne à ce recueil son titre, sa tonalité triste, son tempo lento, sa forme ternaire (malgré elle, nécessairement) et ses mouvements : ceux, narratifs, de « Jardin – elle endormie » et « Chambre où te perdre », en ouverture et clôture, et celui, poétique, central, de « Rien que le ciel ouvert »[3].
« Un triomphe, une querelle d’ongles à la cloison des feuillées. Toucher absolu de la distance qui nous sépare désormais. »
Ainsi s’ouvre, par ces deux phrases mystérieuses et quasi antithétiques, Sorrowful Songs de Déborah Heissler. Deux phrases qui obsèdent par leur douceur et qui ne cèdent leur part d’étrangeté qu’à la lecture. Lecture lente grave triste mais paisible cependant, et recueillie, de ces admirables « petites proses ». La séparation est au cœur de ces pages. Séparation irrémédiable d’avec l’être aimé emporté un soir par la mort. Séparation — d’avec le monde des vivants — d'avec ceux qui ont péri dans le monde obscur des camps de la mort. Pourtant, au cœur même de la tragédie humaine qui se devine dans l’estompe, la beauté demeure, insolente parfois dans son « triomphe », « querelle d’ongles à la cloison des feuillées. » Mais le chant qui irrigue ce recueil est avant tout celui, doux et lent / fusionnel de l’amour.
- « Ton visage
- est celui que je cherche. »
ou encore :
- « Bruissements du ciel comme une main. Blanche.
- Je te visage. » (in II, « Rien que le ciel ouvert »)
Ou encore, dans le final :
- — « aimée Tu
- qui me nocturnes. » (in III, « Chambre où te perdre »)[4]
Angèle Paoli
« Sans doute est-on à la lecture moins sensible à la construction qu’au chant du deuil. Au jardin de l’ouverture de Sorrowful Songs, figure de la nature organisée, s’oppose la mort et, par le biais d’une citation de Sylviane Dupuis, l’image d’un monde qui se défait (« Bribes de mondes égrenés qui explosent nus entre ses doigts »). Ensuite, quand sont évoquées des plantes, il s’agit de plantes sauvages, courantes mais au nom peu habituel : euphorbe, ficaire, saxifrage. La disparue, dans le souvenir de ce qu’elle fut, se substitue à tout ce qui est encore vivant ; ce qui est vu par la fenêtre, dans la pièce où le narrateur veille — « vieillard aux mains brunes » — , se limite à l’horizon, à la ligne du « rideau des arbres » et à la neige qui efface tout. Le corps aimé devient arbre, ombre, cathédrale, monde ; quand un titre, « Elle était devenue arbre », est repris pour vers du poème suivant, on ne peut s’empêcher de penser au couple de Philémon et Baucis. Tout ne s’efface pas, « le temps travaille » et le souvenir recrée les jours de l’enfance, mais aussi rappelle ce que fut l’amour des corps ; alors, la phrase ordonnée disparaît, restent les verbes (« Voir. Sentir. Jouir. ») et, tout aussi elliptique, la trace du désir vécu comme un « ciel ouvert » (« Cri. Gorge. Nuit comme lignes qui se fondent »). Tout ne s’efface pas, et s’impose aussi dans la veille de la morte, l’image du jaillissement, de la sortie de soi, de la naissance : après « Jouir et saillir. Sourdre. » vient « Ce point de création [...]. »[5]
Tristan Hordé
Liens externes[modifier]
- « Sous les silences de Blanche, une poésie de l'esquisse et de l'empreinte » par Angèle Paoli
- « Corps lyriques » trouvant sépulture dans la musique, in La Nouvelle Quinzaine Littéraire, (numéro no 1146, mars 2016)
- « Sorrowful Songs de Deborah Heissler par Tristan Hordé » sur Sitaudis
- « Symphony of Sorrowful Songs », écouter l'œuvre de Henryk Gorecki
Notes et références[modifier]
- ↑ Sorrowful Songs de Déborah Heissler [avec une préface de Claude Chambard, accompagné de 4 dessins de Peter Maslow], Æncrages & Co éd., coll. Voix de Chants, Baume-les-Dames, 2015.
- ↑ Claude Chambard, préface à Sorrowful Songs, Æncrages & Co éd., coll. Voix de Chants, Baume-les-Dames, 2015
- ↑ Sabine Huynh, « “Corps lyriques” trouvant sépulture dans la musique », article publié dans le no 1146 (01 mars 2016) de la Nouvelle Quinzaine Littéraire, p. 14.
- ↑ Angèle Paoli, note de lecture à Sorrowful Songs sur Terres de Femmes [1] 2016.
- ↑ Tristan Hordé, note de lecture à Sorrowful Songs sur Sitaudis [2] 2015.
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