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Paul Massebiau

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Paul Massebiau
Description de l'image Portrait Paul Massebiaux.jpg.
Nom de naissance Paul Massebiau
Alias
Le colonel Massebiau
Naissance
Sérignan
Décès (à 94 ans)
Hendaye
Nationalité Française
Pays de résidence
Diplôme
Ingénieur de l'école centrale
Profession
Ingénieur
Activité principale
Construction
Autres activités
Cinématographe

Paul Massebiau, communément appelé « le colonel Massebiau », né le 5 décembre 1891 à Sérignan[1] et mort le 8 mars 1986 à Hendaye[2], est un ingénieur de Centrale, militaire et résistant. Croix de guerre 1914-1918, croix de guerre 1939-1945, commandeur de la Légion d’honneur. Sa contribution au développement du cinéma en couleurs est significative.

Origines familiales[modifier]

Issu d’une famille de propriétaires viticoles ruinée par la crise de la mévente du vin au début du xxe siècle et le phylloxéra. Son père Jean Massebiau (1869-1936), dont l’état civil a altéré le nom en lui supprimant le « x » final, est représentant d’une compagnie d’huile de Provence à Béziers puis à La Rochelle où Paul fait ses études secondaires. Sa mère, Valérie Caylus (1870-1936), une des deux filles d’un maréchal-ferrant installé à Sérignan, est descendante des Caylus-Colombières, noblesse chevaleresque, par une branche qui dérogea au début du xviie siècle.[réf. nécessaire]

Son oncle Joseph Massebiaux (1866-1938) épouse la sœur aînée de sa mère, Marthe Caylus (1867-1955), également installé à La Rochelle dans le négoce du vin au début du XXe siècle, puis à Paris vers 1908. Son double cousin Armand Massebiaux (1891-1910) est son ami d’enfance. Le frère d’Armand, Jean-Marie Massebiaux (1897-1944), mort pour la France en déportation[3], le seconde dans ses activités cinématographiques.

Enfance et éducation[modifier]

Dans ses fragments de mémoires, Paul évoque sa petite enfance dans les lieux où son père exerce son activité. De Gap (période 1892-1898), il se rappelle : "J’avais quatre ans, j’allais chez les « sœurs », j’avais déjà une mémoire étonnante. J’avais sept ans lorsque nous partîmes pour Briançon". Là, son père devient fournisseur de la garnison pour tout ce qui concerne la nourriture. En 1900, installation à Béziers. Paul est inscrit à l’école des « frères » boulevard Gambetta. En 1901, il rejoint l’école publique Mayran où il obtient son certificat d’études primaires en juin 1903 : "à Mayran, j’eus des instituteurs vraiment remarquables, M. Galibert ou le directeur, M. Pierre. Ils ont été beaucoup dans le début heureux de mes études. Cette année-là, je fus aussi reçu à l’école de Commerce et d’Industrie où je voulais préparer celle des Arts et Métiers d’Aix". Ses parents rejoignent son oncle et sa tante à La Rochelle en 1905. Paul y suit ses études de 1905 à 1911. La dernière année il est en classe préparatoire Mathématiques. Durant cette période, il pratique l’escrime et est champion de l’Aunis et Saintonge au fleuret et deuxième prix à l’épée. Il fait également partie de l’équipe de rugby du lycée jusqu’en 1911.

Il conserve de La Rochelle sa vie durant des contacts avec Georges Revers (1891-1974), chef de l’ORA en 1943, chef d’État-major de l’Armée de Terre en 1946.

L’année scolaire 1911-1912, il rejoint Paris et la classe préparatoire A du Lycée Saint-Louis en tant qu'interne boursier. Il s’y fait de nombreux amis, parmi lesquels Jean-Marie Terrin (Société provençale de réparation navale), Lémonon, Trémolet, Bernheim, Gojar, Paul Lévy, Déméter Rallet et d’autres avec lesquels il garde des relations.

Paul est admis au concours de l’école Centrale des Arts et Manufactures en juin 1913 (53e sur 250 reçus pour 930 participants). Il entre à l’école en octobre 1913 dont il sort diplômé en 1920, et s’inscrit en parallèle à la faculté de Droit.

Première Guerre mondiale[modifier]

Comme la plupart des élèves des grandes écoles, Paul Massebiau rejoint le peloton de Vincennes fin août 1914 et signe un engagement de 5 ans le 28 octobre à la mairie du 3ème arrondissement de Paris. Il est nommé sous-lieutenant en décembre et rejoint le 3e régiment d’Artillerie lourde en janvier 1915, au 2e groupe commandé par le chef d’Escadron de Bonnault. Il s’y lie avec le sous-lieutenant Henri Lacaille (1895-1978), futur général, avec lequel il correspond sa vie durant. Citation au corps d’Armée le 13-2-1916. Il est commandant de la 21e batterie du 111e régiment d’Artillerie Lourde installée au fort de Belleville (Verdun) le 18 juin 1916. Citation à l’ordre de l’Armée le 29 novembre 1916. Début janvier 1917, installation de la batterie sur la rive gauche de la Meuse. En février, déménagement à Monthérand (77), nomination au grade de lieutenant.Le 4 avril 1917, nouvelle citation à l'ordre de l'armée [4]. En septembre secteur de Laon. Citation à l’ordre de l’Armée pour les combats du fort de la Malmaison les 23 et 24 octobre 1917. En mai 1918, le 111e RAL est à Sermoise dans l’Aisne et Paul est désormais commandant de la 5e batterie[5]. Nouvelle citation au Corps d’Armée pour les combats du 27 mai [6]. Début juin, les batteries sont en position au sud de Villers-Cotterêts. Le 27 août le 111e RAL est mis à disposition du 1er Corps d’Armée américain dans la région de Toul. Participe aux combats de Saint-Mihiel et de Montfaucon. Croix-de-guerre 1914-1918.

Après la Première Guerre mondiale[modifier]

Réintégration à l’école centrale le 22 février 1919. Sur la promotion des 300 élèves de 1913-1914 on notait 250 disparus. Le 27 décembre 1919, il épouse à Sérignan, sa jeune cousine Marcelle Bourrié (1900-1982). Installation à Enghien-les-Bains avec ses parents, au bord du Lac, dans la grande « villa des saules ». Paul Massebiau est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 16 juin 1920. En juillet la même année il est reçu ingénieur (123ter[7]).

À l’été 1920, Paul Massebiau commence sa carrière d’ingénieur à la Compagnie générale de construction (CGC), au département « Bronze ». Le 10 décembre naît sa fille Jeannine (1920-2014). Dans le sillage de l’industriel Henri Patenôtre-Desnoyers, maire d’Enghien-les-Bains à partir de 1920, Paul rejoint le conseil municipal sous l’étiquette du mouvement Radical.[réf. nécessaire]

Activité cinématographique[modifier]

Il s'intéresse très tôt au cinéma et propose dès 1923 des plans de construction et d'aménagement de salles de projection [8].

Le 30 août 1930, avec l’ingénieur Auguste Valentin qui avait inventé un procédé de photographie en couleur basé sur la trichromie et l’appui de l’industriel Paul Obré, il fonde la Société cinématographique, société anonyme au capital d’un million de francs réparti en actions de cent francs, avec onze parts de fondateur dont le siège social s’installe 145bis rue d'Alésia dans le 14e arrondissement de Paris[9] et dont il est président du conseil d'administration. En 1932, rencontre de Casiraghi, ingénieur italien qui avait inventé un autre procédé de cinéma en couleur basé sur la trichromie mais qui n’était pas précis, prenant trois images de façon successive, ce qui à la projection donnait des franges empêchant toute netteté. La société se transforme en Cinéchromographie Exploitation, toujours installée rue d’Alésia, dont le capital est porté à cinq millions en octobre 1931, dont cent mille francs pour la Compagnie Internationale Trichromia[10]. Paul Massebiau travaille alors avec un ami ingénieur /ENSAM Cluny, Pierre Angénieux, pour mettre au point un objectif de prise de vue donnant sur la pellicule trois images prises simultanément.

Comme ingénieur, il est fondateur en 1932 de Francita, société d’exploitation d’un procédé de cinéma en couleur dont le siège était implanté au 29 rue de l’Opéra à Paris et dont il est président du conseil d'administration. La première expérimentation se fait par le tournage d’un film aux Baléares en 1933 dont il ne reste aucune trace. Parmi les premiers grands films français en couleurs par procédé Francita, Jeunes Filles à marier (1935), La terre qui meurt, réalisés par Jean Vallée pour la société Paris Color Films et Jour de fête de Jacques Tati.

Seconde Guerre mondiale[modifier]

En 1938, Paul Massebiau avait été promu chef d’escadron (Commandant) dans le cadre de la Réserve. À la mobilisation générale, le 2 septembre 1939, il est affecté au 218e RAL, chef du VIe groupe, régiment placé dans le secteur fortifié de Thionville. En 1942, le général Hassler, chef de la 22e DI, demande à Paul Massebiau de lui envoyer un rapport précis sur l’activité du VIe groupe en mai 1940, dont voici le résumé : "Le 10 mai 1942, le VIe groupe du 218e RAL était cantonné dans les Ardennes. L’État-major et la C.R. à Draize, les 16e et 17e batteries à Lalobbe, la 18e batterie à Folle-Pensée, hameau de Draize. L’État-major du régiment étant lui un peu plus au sud, à Wasigny. Le 10 mai à 7 heures, départ vers nos positions situées en territoire belge pour la défense de la Meuse. Arrivée à Couvin en Belgique au matin du 12, ayant franchi la frontière entre Regniowez et Cul-des-Sarts. Nous avons commencé à tirer à 8 heures le 13 mai. Le lendemain 14, une batterie de 105 arrosa nos positions. Le lieutenant-colonel Trébous m’avertit alors de quitter les positions, le 5e groupe s’était replié et avait fait sauter ses pièces le matin. Après avoir tiré le dernier obus, les trois batteries furent mises sur route malgré le marmitage allemand. La colonne fit preuve de calme et de courage. l’ordre nous avait été donné de partir vers Couvin à 22 heures. La colonne, composée de la majeure partie du personnel partit dans la direction de Regniowez. Elle fut marmitée dans la traversée de Couvin. Depuis Eteignières jusqu’au soir, c’est-à-dire pendant tout l’après-midi du 15 mai, la colonne fut mitraillée par des avions ennemis sans interruption. Beaucoup de soldats (infanterie, artillerie, train, etc.) vinrent grossir notre colonne. Je les pris sous mon commandement. À la nuit, sachant que les Allemands étaient tout près de nous, je décidais de continuer la route. Ne voyant pas revenir mon capitaine adjoint, je devançais la colonne et allais à Rumigny en pensant y trouver le lieutenant-colonel Trébous. Il était 23 heures mais je ne vis personne. Deux cadavres me firent penser qu’un court combat devait y avoir eu lieu. Je retournais au-devant de la colonne et nous continuâmes notre route. Après avoir dépassé Rumigny, à un tournant (il était à peu près 1 heure du matin le 16 mai), je fus ébloui par un phare. Je fis arrêter la colonne et tirer sur le phare par le maréchal des logis chef Guerouazel qui était près de moi. Tout de suite une riposte de mitrailleuse nous indiqua que nous avions devant nous un véhicule allemand. Je voulus m’assurer de l’importance de l’ennemi et je partis dans la nuit avec deux sous-officiers et trois hommes, laissant la colonne en position de défense. Nous ne trouvâmes rien devant nous. Le véhicule allemand, sans doute isolé, avait rebroussé chemin. Le petit jour pointait quand un bruit de ferraille nous avertit de l’arrivée devant nous d’une colonne blindée. Nous n’eûmes même pas le temps de nous cacher que les autos et les tanks étaient sur nous. Nous étions faits prisonniers. La colonne qui se trouvait à environ deux kilomètres en arrière put combattre, grâce aux efforts du lieutenant Leleu, aidé de quelques officiers et soldats volontaires (plusieurs tués et blessés). Ils ne furent faits prisonniers qu’après épuisement de leurs munitions".

Pour son comportement irréprochable durant cette campagne, Paul Massebiau est nommé officier de la Légion d’honneur en septembre 1940. À ce moment-là il est interné à l’Oflag XB, entre Brême et Hanovre sous le matricule 75142.

Comme nombre de prisonniers anciens combattants de 1914-1918 et soutiens de famille, il est rapatrié en août 1941. C’est une ambulance qui le ramène chez lui, très affaibli il met de longs mois à se rétablir. Il rejoint l’Organisation de résistance de l'Armée (ORA) dès sa création début 1943 et entretient des contacts réguliers avec les généraux Hassler, Lacaille et Georges Revers. Il rencontre Albert Camus en rejoignant le Mouvement de libération nationale (MLN)

et se voit confier la responsabilité du 1er arrondissement de Paris le 1er janvier 1944[11].

La libération de Paris[modifier]

Flamme de tambour du 1er RMNAP
Gala FFI du 1er arrondissement de Paris, moulin de la Galette 1947, Colonel Paul Massebiau à gauche du général Revers, chef d'état-major des Armées.

Dès l’insurrection du 19 août 1944, il installe son PC dans la mairie du 1er arrondissement dont le maire Chédeville a été destitué à son profit. De là, il organise l’action des douze groupes de corps francs qu’il a constitué. Parmi les combats remarquables auxquels il participe, il faut noter ceux du Ministère de la Justice, place Vendôme, le 24 en fin d’après-midi, et surtout ceux du 25 dans les jardins des Tuileries, l’attaque du Ministère de la Marine place de la Concorde et celle de l’hôtel Meurice, où résident le général Dietrich von Choltitz et son état-major. Durant ces combats, Paul Massebiau sera légèrement blessé à la tête par un éclat de grenade.

Il accueille le général Leclerc à l’Hôtel de Ville où celui-ci reçoit la reddition de von Choltitz le 25 août au soir. Paul, d'un tempérament méridional, dit à Leclerc à leur rencontre :« mon général, puis-je vous embrasser ». Le général lui répond en désignant de sa canne celui qui le suit : « embrassez donc mon ordonnance ! ».

Nommé officiellement maire du 1er arrondissement de Paris, Paul Massebiau ne peut rester dans cette activité administrative. Il développe le Régiment de Marche des Nord-Africains de Paris dont il prend le commandement. Le 25 septembre, il est nommé lieutenant-colonel à titre provisoire dans l’Armée de terre. En décembre, le régiment est dissous et les effectifs versés au 131e Régiment d’Infanterie sous les ordres du colonel Durand dont Paul Massebiau devient l’adjoint. Le régiment combat dans la réduction de la poche de La Rochelle-Royan-Oléron. Le 31 mars 1945, Paul Massebiau est démobilisé à sa demande pour reprendre ses fonctions de maire du 1er arrondissement de Paris. Paul Massebiau rend son mandat de maire aux élections d’avril-mai 1945 et y laisse la place à son adjoint Marcel Dupuy.

Après la Seconde Guerre mondiale[modifier]

Paul Massebiau est fait commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire le 28 décembre 1948. La cravate lui est remise par le général Georges Revers, chef d’état-major général de l’Armée, dans la cour de l’école militaire le 2 juillet 1949.

Paul Massebiau cravate de Commandeur LH remise par le général Revers le 2 juillet 1949.

En 1952 il dépose un brevet avec Jean Marie Gutmann d'un nouveau procédé de télévision pour la transmission des images en couleur[12].


Après avoir achevé l’activité de Francita et pris sa retraite des cadres en 1955, Paul Massebiau devient directeur du casino de Châtel-Guyon de 1957 à 1962. En 1972, il quitte Paris pour Nice puis s’installe à Hendaye près de sa fille Jeannine. Sa femme y décède en 1982 et lui le 8 mars 1986. Ses cendres reposent dans le caveau familial de Sérignan.[réf. nécessaire]

Liens externes[modifier]

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  • Erreur Lua dans Module:Autorité à la ligne 424 : attempt to index field 'wikibase' (a nil value).
  • Fiche matricule [1] Grand mémorial
  • Dominique Perrin, Un long et douloureux frisson de fierté, (ISBN 9781520912073)

Notes et références[modifier]

  1. Acte naissance archives.pierresvives.herault (p. 146/162)
  2. Relevé des fichiers de l'Insee
  3. Morts en déportation sur mémoire des hommes
  4. Citation avril 1917 Journal officiel sur gallica
  5. Mai 1918 sur Gallica Historique du 111e régiment d'artillerie lourde : Campagne 1914-1918
  6. Citation sur Gallica Historique du 111e régiment d'artillerie lourde : Campagne 1914-1918
  7. Ingénieur 1920 Le génie civil sur gallica
  8. Salles de cinéma Le bon répertoire journal sur gallica
  9. Société cinématographique sur gallica Les Spectacles
  10. Cinématographie exploitation sur gallica Les spectacles
  11. Fabrice Bourrée, « Les secteurs FFI du département de la Seine », sur museedelaresistanceenligne.org (consulté le 1er mars 2023)
  12. Brevet télévision couleur 1952 sur inpi.fr.brevets

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