Monisme dialectique
Le Monisme dialectique est une doctrine philosophique, qui soutient, d'un point de vue ontologique, que la réalité constitue en définitive un tout unifié, par la complémentarité des contraires polaires. Il s'agit ici d'une des déclinaisons du monisme, avec cette particularité que l'unité de la réalité possède ici un fondement dualiste, c'est-à-dire qu'elle est fondée sur l'union des contraires. Pour le moniste dialectique, l'unité fondamentale de la réalité réside dans la complémentarité des contraires polaires. Bien qu'au niveau de l'expérience et de la perception, les contraires polaires se présentent comme opposés, ils n'en sont pas moins unifiés à un niveau transcendantal.
Principes[modifier]
Afin d'établir son fondement, le monisme dialectique présuppose une Dialectique universelle, qui est considérée comme un principe fondamental de l'existence. Un tel concept est proche de celui de Taiji dans le Taoïsme. Ses défenseurs affirment que le Taoïsme, de même que certaines formes de Bouddhisme (essentiellement Zen) sont basées sur une approche qui est en cohérence ou qui s'identifie avec le monisme dialectique.
En tant que monisme et malgré l'accent mis sur la dualité, le monisme dialectique s'oppose au dualisme classique. En effet, dans le monisme dialectique, l'apparence de dualité est considérée comme résultant seulement du besoin de l'esprit de créer des divisions et des séparations, là il s'agit essentiellement d'un tout unifié. Ainsi, pour le moniste dialectique, la réalité peut être appréhendée comme un tout unifié, mais dont l'expérience que l'on en a ne peut que l'être en termes de division.
Historique[modifier]
On trouve mention du monisme dialectique dans la littérature occidentale, quoique assez rarement. Sartre en particulier utilisa ce terme à au moins une occasion.
Bien que le terme proprement dit de "monisme dialectique" n'ait pas été utilisé en tant que tel en dehors du monde occidental, ses partisans considèrent que le monisme dialectique est beaucoup plus présent dans les traditions orientales. De nombreuses sources taoïstes sont ainsi visées, en particulier celles qui se rapportent au Taiji ou aux concepts de yin et de yang. De plus, un certain nombre d'œuvres bouddhistes sont considérées comme comportant des éléments fortement tirés du monisme dialectique.
Le monisme dialectique chez Héraclite[modifier]
Héraclite constitue une exception notable au monopole oriental relatif au monisme dialectique. On trouve en effet chez Héraclite, dans les Fragments, des éléments qui relèvent du monisme dialectique:
- 36. Pour les âmes, la mort est de devenir eau ; pour l’eau, la mort est de devenir terre ; mais de la terre vient l’eau, de l’eau vient l’âme. (Diogène Laërce, Vies des philosophes, I, 88).
- 51. Ils ne comprennent pas comment ce qui lutte avec soi-même peut s’accorder. L’harmonie du monde est par tensions opposées, comme pour la lyre et pour l’arc. (Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 4).
- 80. Il faut savoir que la guerre est commune, la justice discorde, que tout se fait et se détruit par discorde. (Platon, Hippias majeur, 289 a).
- 60. Un même chemin en haut, en bas. (Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 5).
- 50. Ce n’est pas à moi, mais au logos qu’il est sage d’accorder que l’un devient toutes choses. (Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 2).
À voir[modifier]
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