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Middle of Nowhere (Laurent Mulot)

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Middle of Nowhere est le titre qu’a donné l’artiste Laurent Mulot à un projet "Géo-poétique" qui se situe à l’intersection de la géographie et du quotidien. Il repose principalement sur la création, en six lieux différents (un par continent), de Centres d’Art Contemporain Fantômes. Ces implantations, effectué entre 2003 et 2010, aboutissent à une Fédération qui poursuit le travail en explorant, à partir de 2011, les territoires de la science.

Projet[modifier]

Les lieux choisis par Laurent Mulot pour fonder ses Centres d’Art Contemporain Fantômes ont été sélectionnés en grande partie pour leur isolement et la difficulté, voire l’impossibilité, qu’aurait un spectateur de s’y rendre. Une fois sur place ce dernier n’y trouverait du reste aucun musée ni galerie, puisque la particularité principale de ces centres réside dans leur caractère virtuel. Leur existence est donc destituée par leur nature fantomatique. Elle est pourtant avérée par la réalisation d’un geste et d’un événement répété à chaque fois : la pose d’une plaque en bronze suivie par une inauguration officielle du centre en la présence de deux gardiens vivant sur place.

Sur chaque site, Laurent Mulot a réalisé ou fait réaliser une collecte d’images, de sons et d’objets, lesquels ont servi de matériau à la création de plusieurs installations multimédia - cette fois-ci bien réelles - sur cinq des six continents (le sixième étant l’Antarctique). En parallèle, il a créé un site internet pour une mise en réseau virtuelle de cette ‘multinationale’ fantôme qui reproduit d’une manière paradoxale les pratiques d’un lieu où se montre et où se produit l’art. La Fédération des Centres d’Art Contemporain Fantômes dispose donc, en plus d’une collection permanente, d’archives permettant de reconstituer la genèse de chaque fondation de centre. Elle propose, en outre, des résidences virtuelles et donne à certains visiteurs la possibilité de devenir membres fantômes.

L’œuvre n’est cependant pas uniquement tournée vers les conditions de production et de réception en art contemporain. Le caractère improbable de cette géographie du ‘nulle part’ est rattaché à un potentiel poétique de chaque lieu. En s’attardant sur l’histoire, la culture et les vies particulières de ses habitants, Middle of Nowhere se trouve aux antipodes de ce que l’anthropologue français Marc Augé a appelé le non-lieu. Ainsi, la présence des gardiens constitue aussi la condition principale de l’existence des centres. Leur vie, parfois ordinaire, ainsi que celle de nombreux autres, forment la texture du travail de Laurent Mulot et dénonce la connotation souvent péjorative de l’expression « milieu de nulle part ».

Les six Centres fantômes[modifier]

Le Centre australien, créé en 2003, se situe à Cook, dans la Plaine du Nullarbor, le long de la ligne de chemin de fer reliant Perth et Adélaïde. Arrêt obligé pour le ravitaillement des trains en eau et en diesel, Cook ne compte que deux habitants alors qu’avant sa quasi-fermeture en 1997, une centaine y résidait encore. L’installation They Come out at Night, montrée à Adélaïde et à Perth, rend compte du caractère fantomatique de Cook, lieu hors-sol où tout ce qui est nécessaire à la vie doit être acheminée par le train. Au moment où Laurent Mulot la découvre, Cook se laisse envahir plusieurs fois par semaine par les passagers de l'Indian-Pacific, une des deux lignes transcontinentales de l’Australie.

Le Centre européen, crée en 2004, se trouve à Rochefourchat, dans la Drôme. La particularité de cette commune française est de disposer d’une équipe municipale sans pour autant compter aucun habitant. En interrogeant ceux et celles qui résident dans les alentours, Laurent Mulot a mis en scène la parole d’un exode rural auquel l’histoire contemporaine n’a donné qu’une maigre place. Il rend également compte des normes et des règles administratives lorsqu’elle ne s’appliquent à aucune communauté visible. B31, code rattaché à panneau routier visible au bord du territoire de la commune et qui signale aux automobilistes la fin de toute limitation, a donné à Laurent Mulot le titre de son installation présentée au LUX / scène nationale image de Valence en 2006.

Le Centre d’art contemporain fantôme pour l'Asie a été sélectionné en raison de sa situation cartographique. Il se trouve au bord d’une rizière à Zhu Hai Zhen, petite ville au sud de la province du Sichuan et à l’exact centre géodésique de la Chine. Le calcul de la position du Centre, quoique généré automatiquement par la technique du GPS, nécessite la prise d’une décision de nature politique, puisque le tracé des frontières de la Chine est soumis à débat aujourd’hui. Déterminer le milieu de l’Empire du milieu n’est donc pas, pour l’artiste, un acte innocent, d’autant que l’expression Middle of Nowhere est difficilement traduisible en chinois, et renvoie plus directement à une idée de rupture et de vide dans un continuum temps. Laurent Mulot a créé à Shanghai une installation intitulée Middle of Now/Here (maintenant/ici) insistant sur la notion d’action, fondamentale dans la pensée chinoise, plus que celle d’espace.

A Mazagan, nom donné par les Portugais à l’actuelle El Jadida marocaine, Laurent Mulot a installé son Centre africain. Cette ville a fait l’objet, au XVIIIe siècle, d’un « transfèrement intégral » lorsque les autorités portugaises mirent fin à leur présence en 1769 et firent traverser l'Atlantique à tous ses habitants pour créer en Amazonie brésilienne un Nouveau Mazagan. C’est là que se situe le Centre américain. Une fois de plus l’histoire et la géographie viennent à dialoguer dans ce projet puisque l’installation réalisée pour le Centre Amazonien d’Art Contemporain Fantôme se trouve au degré 0 de latitude, sur l’équateur. Non loin de là un monument célèbre le point zéro et souhaite la bienvenue à ses visiteurs « au centre du monde ». Le sien, « o meio justo » (le juste milieu) se situe dans le jardin d’un habitant prénommé Michel qui réside dans une cabane en bois à quelques mètres de là.

Le dernier Centre fantôme a été inauguré en Terre Adélie le 21 mars 2010, à l’équinoxe, quand le jour et la nuit sont d’égale durée. Il est le résultat d’un partenariat contractualisé entre l’Institut Paul-Emile Victor, les Terres australes et antarctiques françaises australes, et l’artiste. À cette fondation répond une installation au centre culturel Louis-Vuitton de Paris où est mise en scène la fonte des lettres qui forment l’acronyme du centre. La vitesse à laquelle elle disparaissent dépend en grande partie du nombre des spectateurs (et de la chaleur corporelle ainsi produite) qui l’observent. Now Melting Here, nom donné à ce travail, a été montré de février à mai 2011 dans le cadre de l’exposition collective Ailleurs.

La Fédération des Centres[modifier]

Les six centres fondés par Laurent Mulot forment donc une Fédération virtuelle. Cette dernière démontre la cohérence du projet et sa nature programmatique. Elle permet également de pointer un certain nombre de réflexions générales sur le travail artistique entrepris par l'artiste depuis le début de sa carrière.

Le temps, au même titre que l’espace, régit le cadre de l’œuvre. L’installation consacrée à Cook fait coïncider les quatre-vingt-dix minutes de l’arrêt du train avec ceux, habituels, d’un long-métrage, en montrant, au ralenti, l’arrivée en gare de Cook sous forme de citation intégrale du film des Frères Lumière. Les Centres africain et amazonien confrontent l’architecture symétrique des citernes de l’ancienne forteresse de Mazagan (où Orson Welles tourna une partie de son film Othello (1952) avec celle, végétale, et forcément moins durable de la Nouvelle Mazagan. Le nowhere devient now/here. Il suspend le temps historique pour envisager celui de l’individu.

Autre préoccupation, celle de l’origine, que pointe en filigrane la ville du Havre, où est né Laurent Mulot, et dont la pointe la plus proche de la mer est surnommée « le bout du monde ». Œuvre à la fois plongée dans la réalité humaine et sa représentation cartographique, Middle of Nowhere trouve des prolongements dans Augenblick, projet entrepris en 2010 en collaboration avec le physicien des particules Jean-Pierre Martin, ainsi que des physiciens travaillant sur des quatre grandes expériences de l’accélérateur de particules du CERN, l'accélérateur de particules Large Hedron Collider. Le travail d’Augenblick s’articule autour de la représentation visuelle des expériences menées sous terre par les scientifiques et de leur coïncidence temporelle avec le quotidien des riverains.

Bibliographie[modifier]

  • Vidal, Laurent. Mazagão. La Ville qui traversa l’Atlantique du Maroc à l’Amazonie (1769-1783). Paris : Aubier, 2005.
  • Laurent Mulot. Middle of Nowhere. Les quatre continents. Lyon : Le Bleu du ciel, coll. Le traitement contemporain, 2007.
  • Espace culturel Louis Vuitton. Landscape of Contemporary creation. Arles : Actes sud, 2011.

Liens externes[modifier]

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