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Léa Morin

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Léa Morin est une curatrice[1]. Elle s'intéresse aux modernités cinématographiques minorisées ou non-alignées. Ses recherches portent notamment sur les œuvres manquantes et oubliées de l'histoire du cinéma marocain[2],[3].

Biographie[modifier]

Léa Morin étudie la philosophie et le cinéma. En 2008, elle est diplômée de la Femis[4]. De 2008 à 2013, elle est directrice de la Cinémathèque de Tanger[5],[6],[7]. Elle porte toute son attention sur les archives, l’histoire et le patrimoine cinématographique marocain[8],[9]. Elle exergue des figures ou des films oubliés[10],[11].

En 2012, elle fonde à Casablanca avec Mohamed Fariji L’Observatoire[12] qui regroupe plusieurs espaces, notamment La Ruche, une résidence d'artiste, et un Musée collectif dont l'un des objectifs est de se réapproprier le cadre institutionnel du musée pour en faire un lieu participatif reconstituant, via le dont « d'objets mémoriels », une partie de la vie intime des habitants de Casablanca qui s'oppose et complète l'histoire officielle consacrée[13]. C'est un espace d’art, de recherche et de promotion pour des projets socialement engagés, qui impliquent artistes, étudiants, chercheurs et habitants[4],[14],[15]. Pour Léa Morin, ce lieu et les projets qu'il porte ont pour but « de réfléchir et de s’engager pour combler les trous et les vides laissés par une politique de "mémoire oublieuse" »[6]. Dans ce cadre, elle participe à des colloques « réunissant archivistes, restaurateurs, chercheurs, cinéastes, directeurs de cinémathèques et d’archives de films européens, africains et arabes » afin de penser les enjeux socio-politiques de la restauration et de la distribution des films de patrimoines, cela dans un contexte « postcolonial et de dépossession mémorielle »[6].

Léa Morin commence une recherche sur le cinéma invisible au Maroc[4] et à la difficulté de rassembler des archives sur ces cinématographies[16],[17]. En 2016, elle participe à la découverte à la Cinémathèque de Catalogne (en) des négatifs originaux du film De quelques événements sans signification[6],[18] le premier film de Mustapha Darkaoui réalisé en 1974 auquel elle consacre une large partie de ses recherches[5]. Le film est diffusé une seule fois en 1974, à Paris[19] avant d'être immédiatement censuré par le pouvoir marocain avant toute diffusion au Maroc[20]. Avec l'aide de Mustapha Derkaoui, Abdelkrim Derkaoui et de la Cinémathèque de Catalogne (en), Léa Morin et L'Observatoire participent à la restauration du film[21]. En 2019, le film est projeté pour la première fois, 45 ans après sa réalisation[22]. Léa Morin raconte l'histoire de cette restauration lors d'une exposition à Bruxelles et de la publication d'un ouvrage, en novembre 2022[5],[23],[24]. Elle participe également à l'organisation d'une projection d'un documentaire inachevée de Mohamed Abbazi et considéré comme perdu avant sa redécouverte à la Pacific Film Archive par la chercheuse en histoire du cinéma marocain Marie-Pierre Bouthier. Le film, projeté en présence de son réalisateur traite de « "La longue journée" de travail d’une femme venue de campagne, qui habite dans les bidonvilles des "Carrières centrales", et vient travailler autour du marché aux fleurs dans le centre-ville »[6]. Selon l'historienne du cinéma, chercheuse et critique Élodie Tamayo, Léa Morin « a contribué à sauver et à faire redécouvrir un corpus, filmique et non filmique, de matériaux sur le point de disparaître »[25].

En 2020[26], elle fonde avec Guillaume Launay l'association Talitha basée à Rennes pour identifier, cartographier, restaurer, diffuser et promouvoir des œuvres cinématographiques minorisées ou non-alignées[27].

La même année, elle conçoit l'exposition Cinéma3, Łódź-Casablanca et la chambre. Cette exposition revient sur les cinéastes marocains formés à l'école de cinéma de Łódź, en Pologne dans les décennies 1960 et 1970[28],[29]. Elle s'intéresse aux circulations d'idées, de formes et d'esthétiques sur la période qui va de l'indépendance à la décolonisation culturelle[30]. L'exposition présente l’œuvre photographique d'Abdelkrim Derkaoui, photographe marocain formé à Łódź[31],[32]. Elle lance par la suite, avec Maya Ouabadi et Touda Bouanani, Woman, Arab and … Filmmaker[33]. Il s'agit d'un projet de recherche pour une réécriture féministe et décolonialiste de l'histoire du cinéma. Le projet s'attache à étudier des textes, des écrits, des œuvres de femmes cinéastes radicales des années 1960 et 1970, en Afrique du Nord.

En 2022, Léa Morin conçoit Le cinéma, une arme pour l’Institut français. Il s'agit dune programmation de films. Le programme fait écho à l’œuvre de Zineb Sedira engagée dans l’exploration des récits historiques, et dans une interrogation des thèmes de la mémoire collective et de la transmission de ce patrimoine[34].

Projets curatoriaux[modifier]

  • The Greenhouse, La Serre et le Musée Collectif de Casablanca, 2017[35]
  • Réactiver nos utopies collectives et récits oubliés, Paris, 2017[36]
  • Something to generate from, Kunsthal Aarhus, Danemark 2016[37]
  • Sidi Harazem, musée collectif, Casablanca, 2018[38]
  • Cinéma3, Łódź-Casablanca et la chambre, Casablanca, 2020[39]
  • Mostafa Derkaoui, Bruxelles, 2022[22]

Publication[modifier]

  • (en) Modern Heritage Observer, (lire en ligne)
  • Zineb Sedira : les formes du désir – Alger, Rome, Nero, (ISBN 9788880561644)
  • De quelques événements sans signification à reconstituer, Zaman Books, , 256 p. (ISBN 1093781254)[40]

Notes et références[modifier]

  1. « Personnes | Africultures : Morin Léa », sur Africultures (consulté le 26 novembre 2023)
  2. Stéphanie-Emmanuelle Louis, « Séance du 24 novembre 2022 » [archive], sur Histoire culturelle du cinéma, (consulté le 26 novembre 2023)
  3. « De quelques événements sans signification à reconstituer (livre + DVD) - Les presses du réel » [archive], sur www.lespressesdureel.com (consulté le 26 novembre 2023)
  4. 4,0 4,1 et 4,2 « Les Invisibles, Léa Morin », Compte rendu de recherche Centre National des Arts Plastiques,‎ (lire en ligne)
  5. 5,0 5,1 et 5,2 Soundouss Chraibi, « Léa Morin : “Il faut réexplorer l’histoire du cinéma pour voir ce qu’elle peut apporter aux cinéastes d’aujourd’hui” » [archive], sur Telquel.ma, (consulté le 11 avril 2023)
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 « Patrimoine cinématographique en péril » [archive], sur ALBAYANE, (consulté le 30 novembre 2023)
  7. Léa Morin, « Algérie, Maroc, Liban, Tunisie. Le silence des archives ? », Journal of Film Preservation, no 92,‎ , p. 69 (lire en ligne[archive] [6 décembre 2023])
  8. « Léa Morin », sur www.femis.fr, (consulté le 15 août 2022)
  9. (ar) شادي لويس, « كريم إدريس والبحث عن "أطفال الحوز" » [archive], sur almodon,‎ (consulté le 6 décembre 2023)
  10. « Les Ambassadeurs de Naceur Ktari + Nar par l’agence – Spoutnik » [archive], (consulté le 30 novembre 2023)
  11. « Léa Morin » [archive], sur Zaman Books (consulté le 30 novembre 2023)
  12. « L'Atelier de l'Observatoire | L'association » (consulté le 23 novembre 2023)
  13. Hajar Chokairi, « L’atelier de l’observatoire, la pépinière artistique de Casablanca » [archive], (consulté le 30 novembre 2023)
  14. Marie Pierre-Bouthier, « Filmer la rue en contexte autoritaire : la Longue Journée (Maroc, 1969). Reconstitution d’un tournage clandestin », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze. Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma, no 94,‎ , p. 142–165 (ISSN 0769-0959, DOI 10.4000/1895.8701, lire en ligne, consulté le 26 novembre 2023) :

    « « La Serre », espace éphémère de projections et de rencontres artistiques et cinématographiques, conçu par « L’Atelier de l’Observatoire, art et recherche », et tout particulièrement par la curatrice Léa Morin, provoque cette rencontre entre Abbazi et un public de jeunes issus de ce quartier populaire : Moha est ému de cette rencontre avec « son public », et les cinéastes et cinéphiles qui l’écoutent sont impressionnés de ce premier exemple de tournage urbain clandestin par un cinéaste d’origine populaire, si longtemps avant la « Guérilla cinéma » de 2011. »

  15. Marie Pierre-Bouthier, « Des créateurs et des curateurs aux frontières des arts visuels et du cinéma documentaire. Maroc – Tunisie (2011-2016) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, no 142,‎ , p. Vol. 142 (ISSN 0997-1327, DOI 10.4000/remmm.10092, lire en ligne[archive], consulté le 26 novembre 2023)
  16. François Albera et Jean Antoine Gili, « Vient de paraître », sur 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, (consulté le 26 novembre 2023) : « Par ailleurs – et parmi d’autres études toutes intéressantes –, on peut relever « Algérie, Maroc, Liban,Tunisie : le silence des archives ? » (Léa Morin) »
  17. Phuse, « 1895, ses poussières d’étoiles… Et nous », sur Mediapart (consulté le 26 novembre 2023)
  18. Olivier Marboeuf, « Des Archives cinématographiques non-alignées », sur horschamp.qc.ca, janvier / février 2022 (consulté le 15 août 2022)
  19. Gita Zine, « Mort et renaissance du premier film de Mostafa Derkaoui », sur www.yabiladi.com, (consulté le 11 avril 2023)
  20. Léa Morin, Quelques événements sans signification à reconstituer, Paris, Zamân Books, , 220 p. (ISBN 979-10-93781-25-9, notice BnF no FRBNF47175994)
  21. (en) « Mostafa Derkaoui’s About Some Meaningless Events » [archive], (consulté le 26 novembre 2023)
  22. 22,0 et 22,1 Nova Cinema, « De quelques évènements sans signification », sur Nova Cinema, (consulté le 15 août 2022)
  23. Samir Ardjoum, « Mustapha Derkaoui feat. Léa Morin & Ahmed Boughaba », Microciné, (consulté le 26 novembre 2023)
  24. Cédric Lépine, « "De quelques événements sans signification" de Mustapha Derkaoui » [archive], sur Mediapart, (consulté le 30 novembre 2023)
  25. Ada Ackerman, François Albera, Mark Cousins, Gian Luca Farinelli, Sylvie Lindeperg, Élodie Tamayo et Massimo Olivero, « Quelle(s) histoire(s) du cinéma pour le xxie siècle ? », Perspective. Actualité en histoire de l’art, no 2,‎ , p. 39–68 (ISSN 1777-7852, DOI 10.4000/perspective.27465, lire en ligne[archive], consulté le 26 novembre 2023)
  26. « Détail d'une annonce | Associations — Journal Officiel », sur www.journal-officiel.gouv.fr (consulté le 30 novembre 2023)
  27. (en) « Information — Talitha », sur talitha3.com (consulté le 16 août 2022)
  28. Gabrielle Chomentowski, « Caméra au poing et valise à la main : les mobilités étudiantes du Sud vers les écoles de cinéma de l’Est socialiste », Cahiers du monde russe. Russie - Empire russe - Union soviétique et États indépendants, vol. 63, nos 3-4,‎ , p. 619–646 (ISSN 1252-6576, DOI 10.4000/monderusse.13277, lire en ligne, consulté le 29 novembre 2023)
  29. « Mercredi 11 janvier, à 20h, au cinéma l’Archipel - Maghreb des films » [archive], sur www.maghrebdesfilms.fr (consulté le 30 novembre 2023)
  30. « Inauguration de l’expo « Cinima 3 », ode aux cinéastes marocains formés en Pologne », sur Riouak, (consulté le 15 août 2022)
  31. « Abdelkrim Derkaoui — Cinima 3: Łódź–Casablanca », sur cinima3.com, (consulté le 15 août 2022)
  32. Stéphanie-Emmanuelle Louis, « Journée d’étude sur les écoles de cinéma au xxe siècle », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze. Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma, no 93,‎ , p. 220–224 (ISSN 0769-0959, DOI 10.4000/1895.8422, lire en ligne, consulté le 26 novembre 2023) :

    « Dans le prolongement de cette étude, Léa Morin, directrice de l’Atelier de l’Observatoire (Art et Recherche) à Casablanca et chercheuse indépendante, présenta l’exposition « CINIMA 3 : LODZ–CASABLANCA », inaugurée le 26 septembre 2020 à Marrakech, et la plateforme documentaire qui l’accompagnera prochainement. Toutes deux s’inscrivent dans une recherche menée depuis cinq ans avec des étudiants marocains sur les films d’étudiants de leurs compatriotes à l’École de cinéma de Lódz dans les années 1960 et 1970. Des archives privées ont permis de rapprocher ces films d’autres documents comme des photographies, des programmes, des diplômes, afin de retracer des récits intimes comme politiques de leurs auteurs. L. Morin présenta notamment les photographies d’Abdelkrim Derkaoui où est restituée la sociabilité estudiantine et l’agitation politique à Lódz, avant son retour au pays en 1972. Ancienne directrice de la Cinémathèque de Tanger, elle insista sur le nécessaire soutien des archives pour parvenir à valoriser ces films qu’elle qualifie de « pièces manquantes pour l’histoire du cinéma ». »

  33. The Arab Fund for Arts and Culture, « Woman, Arab and … Filmmaker » [archive], sur www.arabculturefund.org, (consulté le 11 août 2022)
  34. « Les résonances », sur Pavillon Français (consulté le 15 août 2022)
  35. (en) mohamedfariji, « The Greenhouse Casablanca », sur atelierobservatoire, (consulté le 26 novembre 2023)
  36. « Kibbrit : Réactiver nos utopies collectives et récits oubliés. Journées d'études » [archive] [PDF], sur Beton Salon,
  37. « Kunsthal Aarhus: Madrassa Collective: Something To Generate From », sur kunsthal.dk (consulté le 26 novembre 2023)
  38. Kaouthar Oudrhiri, « L'ambitieux projet de réhabilitation de la station thermale de Sidi Harazem », sur Telquel.ma, (consulté le 15 août 2022)
  39. « L’exposition “CINIMA 3” met en lumière les années polonaises d’une génération de cinéastes marocains | Consonews - Premier site consommation au Maroc », sur consonews.ma, (consulté le 11 avril 2023)
  40. Elisabeth Lequeret, « Livre - “De quelques événements sans signification à reconstituer” : Sans tige ni fleur l l’actualité du cinéma », sur Cahiers du Cinéma, (consulté le 26 novembre 2023)

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