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Kobaïen

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Le kobaïen est un ensemble de sons destiné, à l'origine, à donner l'impression d'un langage articulé préexistant. Utilisé par son créateur, le batteur-chanteur-fondateur du groupe Magma, Christian Vander, dans le cadre de ses compositions, il remplit dans une certaine mesure la fonction d'un langage liturgique ésotérique[1]. Contrairement à l'espéranto ou au volapük, il ne s'agit donc pas d'une langue construite à proprement parler, dans la mesure où sa syntaxe demeure largement incomplète et son lexique, toujours en cours d'élaboration[2].

D'un point de vue intradiégétique, une genèse fictive du kobaïen proposée par Christian Vander dans le 1er album de Magma, Kobaïa, précise qu'il s'agit d'un langage extraterrestre, c'est-à-dire parlé sur une autre planète, en l'occurrence Kobaïa[3].

Origine[modifier]

La création du kobaïen est inséparable de la formation du groupe Magma et procède, dans l'esprit de Christian Vander, de la même démarche. À cette époque, Christian Vander tend à s'éloigner du milieu du jazz français dont il déplore l'inertie et critique l'esprit routinier. Par ailleurs, d'après lui, l'aspect improvisé du jazz ne convient pas à ce qu'il tente d'exprimer : il faut pour cela une musique très structurée et très dense, apte à rendre un travail préalable fruit de nombreux mois de réflexion, faute de quoi « les énergies se perdent en mille idées différentes ». Le kobaïen va participer de cette structuration car, comme Vander l'affirme aussi à l'époque, cette constatation vaut autant pour la musique que pour le langage.

Profondément marqué par John Coltrane décédé quelques années auparavant, Christian Vander estime nécessaire d'initier en Europe un mouvement qui fasse écho à l'œuvre fondatrice du musicien américain : il veut « servir avec [s]a batterie une musique motivée. ». Or, la démarche de Coltrane est fondamentalement religieuse. Suite à ce qu'il qualifiait lui-même d'éveil spirituel intervenu en 1957, Coltrane s'était attaché, selon ses propres termes, à louer le Seigneur et à le remercier de lui permettre de suivre sa voie et de rendre les autres heureux à travers sa musique[4]. À son retour d'Italie, Christian Vander affirme avoir connu, dans une certaine mesure, pareille illumination. À cette époque, il définit volontiers l'artiste comme un récipient plein qu'il convient de vider pour « laisser entrer les choses merveilleuses de l'univers [...] laisser pénétrer en [soi] les intelligences supérieures, laisser parler les formes supérieures. » De ce point de vue le kobaïen est conçu par Christian Vander comme un langage qu'il définit comme « organique » par opposition, par exemple, à l'espéranto, qu'il qualifie « d'intellectuel ». La création du kobaïen constitue une tentative de retour « à la véritable source », il vient « du plus profond ». Il s'agit, en retrouvant une sorte de spontanéité originelle perdue, de nommer à nouveau les choses vraiment. Et Vander ajoute : « Pour la musique, c'est la même chose, on laisse venir, on se laisse pénétrer. » Cette confiance en une réalité transcendante et cette vision de l'artiste comme un instrument s'inscrit donc bien dans la démarche générale de Vander, telle qu'inspirée par Coltrane, même si sa religiosité implicite est par essence plus diffuse, et assurément moins prosélyte que celle de Coltrane. Ce sont des sortes d'archétypes jungiens que Christian Vander semble vouloir saisir à cette époque et dont il semble vouloir se faire l'écho.

Ce projet paraît par bien des aspects s'inscrire dans la quête de la langue adamique[5]. Toutefois, la démarche de Vander est ici essentiellement instinctive. Lui qui appuie sa création musicale sur une authentique culture personnelle aborde la linguistique de manière beaucoup plus spontanée. Sa foi en une réalité transcendante qu'il tente de laisser s'exprimer à travers sa musique l'amène à faire de même avec le kobaïen, dont les sonorités se veulent simplement l'authentique reflet de cette réalité. On peut parler à cet égard, dans une certaine mesure, d'un phénomène de glossolalie consciente : Christian Vander invente les mots kobaïens au fur et à mesure de la composition de la musique, suite à une sorte de besoin impérieux, sans création délibérée, réfléchie de sa part. Il éprouve au contraire l'impression de « recevoir » ces mots en temps utile et leur trouve une signification a posteriori, parfois plusieurs mois après, en fonction du contexte[6]. Dans les tout premiers temps de Magma, la motivation de la création du kobaïen est même présentée par Christian Vander comme presque exclusivement euphonique. S'il a créé le kobaïen, c'est parce que, dit-il : « je trouvais l'anglais un peu faible, le français assez inexpressif [...] quant aux intonations, et j'ai voulu créer une langue vraiment vivante [...] la vraie langue du cœur. »

Le kobaïen, constitué d'éléments figés, souvent récurrents, dont un certain nombre ont désormais reçu une traduction officielle, ne constitue donc pas une forme de scat à proprement parler, même si Christian Vander a parfois recours alternativement à l'un et à l'autre, comme par exemple dans « Öhst » (Félicité Thösz, 2012), où kobaïen et scat sont parfois difficiles à dissocier.

Évolution[modifier]

À partir des années 2010, Christian Vander mêle plus systématiquement du français ou de l'anglais au kobaïen : « Au départ, je considérais ça comme des sons qui venaient parallèlement à la composition. Puis je les ai laissés vivre. Même si du français voire de l'anglais s'immisce, je ne cherche plus à corriger. Je l'ai fait par le passé, c'était une erreur. Chaque passage a sa raison d'être. Le kobaïen, comme la musique, je l'espère, est en perpétuelle évolution. »[7]

Exemples[modifier]

Premiers couplets de « Da Zeuhl Ẁortz Mëkanïk », Mëkanïk Dëstruktïẁ Kömmandöh :

Da Zeuhl Wortz Mëkanïk Zeuhl Wortz
Ewëhn dëh Šlakëhnd/ë
Wïrr ün dos wëhlilip zïmeuhn
Dëh reuG Ïrkahn Meurdëk
Da Zeuhl Wortz Mëkanïk Zeuhl Wortz
Dos Mëkanïk kamkaï
Ewëhn dëh Šlakëhnzaïn
Zeuhl!

Wurdah dëh reuG Ïrkahn Meurdëk
Da Feltëš komëštah
D/ët nünd ëk da ëhrdzort fuh osk
Ün dïs brukëhnzanïogah
Weuhrlip Kobaïa
Zeuhl Wortz!

Phonologie[modifier]

Cette langue a de fortes consonances germaniques (comme dans le morceau « Da Zeuhl Ẁortz Mëkanïk » sur l'album de Magma Mëkanïk Dëstruktïẁ Kömmandöh), mais également slaves, russes (comme dans le morceau « Öhst » sur l'album de Magma Félicité Thösz) ou latines. Le kobaïen peut parfois également faire penser à certaines langues africaines (comme dans le morceau « Earth » sur l'album d'Offering I-II ou le morceau « Üdü Ẁüdü » sur l'album Üdü Ẁüdü de Magma). La présence d'onomatopées et de cris évoque aussi des incantations comme il en existe dans le chamanisme et le vaudou.

L'accent que prennent les chanteurs change selon les morceaux et leurs versions, parfois cette langue sonnera slave et d'autres fois germanique, ce qui n'exclut pas d'autres rapprochements possibles. C'est avant tout un langage musical et incantatoire.

Morphologie[modifier]

Christian Vander a retranscrit cette langue orthographiquement et grammaticalement pour l'avoir partiellement traduite en français.

Son écriture se réalise à partir d'un alphabet dérivé de l'alphabet latin, enrichi de nombreux et fréquents signes diacritiques.

La plupart des signes diacritiques utilisés sont assez communs dans les langues dont l'écriture, basée sur l'alphabet latin, usent de tels signes. L'usage du [v] représente une exception. L'interprétation des signes diacritiques en kobaïen ne concorde que rarement avec celle des autres langues quand elle n'en prend pas le contrepied, ainsi le ü a valeur de [u] et non de [y].

Évolution[modifier]

Contrairement à l'espéranto, autre langue construite, le kobaïen n'a pas vocation a évoluer et à se modifier avec le temps sous l'influence de ses usagers car le kobaïen est censé être le reflet d'une réalité transcendantale, par essence immuable. Ce n'est pas à proprement parler une langue de communication – du moins telle n'est pas sa vocation première. Le kobaïen correspond plutôt dans l'esprit de son créateur à une langue sacrée, révélée. Par contre, son lexique s'enrichit au fur et à mesure des compositions de Christian Vander, lorsque de nouveaux mots apparaissent, mais ces apports correspondent davantage à l'enrichissement d'un glossaire par un chercheur qu'à l'évolution d'une langue naturelle.

Influence[modifier]

Si le kobaïen a influencé directement les créations de groupes d’inspiration Zeulh comme par exemple Koenji Hyakkei, qui vont jusqu'à reprendre certains mots inventés par Christian Vander, sa démarche est devenue au fil du temps une référence, même lorsqu’il s’agit d’évoquer des créations analogues qui n’ont vraisemblablement pas été directement inspirées par le kobaïen[8].

Lexique kobaïen / français[modifier]

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A

  • andaksik : déverser.
  • archïw : archive.
  • antsik : demander.

B

  • blüm : peuple.
  • bradïa : parler.
  • bünder : pilier.
  • brus : racine.

D

  • da : la, le, les.
  • de : de.
  • dë : du.
  • destruktïw : destructeur.
  • deuhl : inonder.
  • dewa : arbre.
  • di : le, la (?).
  • dihhël : vie.
  • dindol : spectre.
  • dö, döel : tu.
  • doïa : pas (négation).
  • dondaï : ange de vérité.
  • dewëlëss : étendue.
  • dreïak : hypocrisie.
  • drest : éclater.
  • dros : de.
  • dün : cœur.
  • dusz : ton.

E

  • eden : sans.
  • egeulsik : cycle.
  • egeun : pauvre.
  • ëk : qui, que, qu'.
  • ëktah : héros (le).
  • ëmgalaï : apocalypse.
  • essi : mer.
  • etnah : hérédité.

F

  • falt : sueur.
  • fennh : lames.
  • flöë : fille.
  • fu : un,une.
  • fü : à, au.
  • fuh : à.
  • funërarïum : funérarium.
  • fur : pour.
  • furwolt : tandis.
  • fuẁest : avive.

G

  • ğensünk : compassion (je compatis).
  • geun : pauvre.
  • glao : sang.
  • gorkeulhzennh : convulsion.

H

  • hamtaahk : haine.
  • hamtaï, hamataï : salut, salutation, saluer.
  • hell, hel : vie.
  • heldesz : goutte.
  • hindits : péniblement.
  • hiẁeusz : veine.
  • hoï : un (1).
  • host : abois (aboyer).
  • hür ! : salut à toi !
  • hummahn : humain.
  • hündin : infini.
  • hurt : premier.

I

  • inwa : attendre.
  • ïnstaï : constante.
  • is : comme.
  • ïtah : terre.

K

  • kahnt : chants.
  • kalain : passion.
  • klawiehr : claviers.
  • kobaia : éternel.
  • kommandöh : commando.
  • korusz : chorus.
  • kosmïk : univers.
  • krematöhm : crématoire.

L

  • lëm : bruit.
  • lëmworitstëm : sombrer.
  • lah : air.
  • lantsëm : spectre.
  • lantsei : s'échapper.
  • lidenté : fortune.
  • lihns : pluie.
  • linsinh : translucide.
  • loff : perd (perdre).
  • lohessi : s'étirer.
  • loï : assoifé.
  • lud : il.
  • luszt : perler.

M

  • mëm : en, dans.
  • malaẁëlëkaahm : incantation.
  • manëh : ensemble.
  • meletsi : parfum.
  • mennh : fumet.
  • met : dessus, au-dessus.
  • meurhd/ëk : vangeance.
  • meurhdëm : venger.
  • muss : sève.
  • muzïk : musique.

N

  • nansei : jamais.
  • noszfeuhl : interminable.

O

  • otsilennhetë : imaginaire, imagination.

R

  • rait, raïtah : brasier, brûler.
  • reugh : mange.
  • rinstë : prisonnier.
  • rogh : écorce.
  • rownah : purge.
  • rugh : broie (broyer).
  • runhdê : imperturbable.

S

  • saaht : angoisse.
  • setnait : sein.
  • seẁolaẁen : silence.
  • sinowi : échine.
  • sïrï : cri.
  • slibenli : flot.
  • s'noszfeulh : interminable.
  • soïa : nuit.
  • soẁïleï : débile.
  • sruhditt : hurle.
  • stöht : miroir.
  • stauhi : cendres.
  • steuh : vers.
  • straïn : déchirer.
  • strowis : forgea.
  • süms : rien.
  • s'hündin : infini.
  • sünh : est, être.
  • sünk : sort (destin).
  • sürra : pur.

T

  • tendiwa : âme.
  • theusz : temps.
  • triwen : flétrir.
  • tüdüwan : menteur.

U

  • ud : son (possessif).
  • üd : se, son.
  • übea : fruit.
  • umennh : respirer.
  • ümdëm : océan.
  • undazir : vision.
  • udenstaï : dépourvu.
  • ünsaï : passe.
  • urfakt : dernier.
  • urwa : violence.
  • uz : et.

W

  • walomendêm : univers.
  • warreï : pourquoi.
  • weulh : vagues.
  • wï : où.
  • wlasik : pardon.
  • wöl : de, depuis.
  • wurdah : mort.
  • wurdin : néant.

Z

  • zain : cerveau.
  • zanka : soleil.
  • zess : maître.
  • zeuhl : musique céleste, musique des forces de l'univers ou puissance de l'esprit.
  • zort : hargne.
  • zunh : son.
  • zur : toi.

Voir aussi[modifier]

Liens internes[modifier]

Notes et références[modifier]

  1. «Pour prendre une image, c’est comme la messe en latin traduite en français. Soudainement ça perd tout ce côté spirituel, magique, ça passe au ras des pâquerettes. C’est souvent mieux d’imaginer, de laisser les gens voyager.» Christian Vander, 21 novembre 2012, entretien avec Erwann Perchoc, blog de la revue Bifrost. http://blog.belial.fr/post/2013/01/21/En-direct-de-Kobaia-rencontre-avec-Christian-Vander
  2. «En fait, ce n’est pas un langage qui a été conçu de manière intellectuelle, pas comme l’espéranto. Ce sont des sons qui venaient parallèlement à la composition de la musique.» Christian Vander, 21 novembre 2012, entretien avec Erwann Perchoc, blog de la revue Bifrost. http://blog.belial.fr/post/2013/01/21/En-direct-de-Kobaia-rencontre-avec-Christian-Vander
  3. En effet, toujours selon Christian Vander, les Kobaïens sont eux-mêmes originaires de la Terre, qu'ils ont fuie dans un contexte de catastrophes majeures imminentes. Il n'est toutefois pas précisé si les migrants parlaient kobaïen avant de leur départ ou s'ils ont inventé cette langue après leur exil.
  4. Voir par exemple les notes de pochette de l'album A Love Supreme.
  5. La Recherche de la langue parfaite dans la culture européenne (1993) (La ricerca della lingua perfetta nella cultura europea, 1993) [détail des éditions]
  6. « Ce langage [...] s'est imposé à moi avec violence, sans que je puisse intervenir. Aux moments les plus tendus de la musique ou des rêves, des mots apparaissaient, dont je mettais parfois plusieurs mois à découvrir le sens. » Propos recueillis par Antoine de Caunes. Le Sauvage n°43, juillet 1977.
  7. « C. Vander. « La clef, c'est de toujours surprendre » », sur www.letelegramme.fr, (consulté le 26 février 2015)
  8. « La no man's langue de Benoît Lizen », sur LeVif numérique, (consulté le 13 mars 2015)

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