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Frankistan

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Carte de l'ottoman Piri Reis représentant l'Europe (1513).

« Frankistan » était un terme utilisé en Orient pour désigner l'Europe[1].

Étymologie[modifier]

Le suffixe -stan (écrit ـستان dans l'alphabet arabe, -stān) désigne un lieu en persan. Le préfixe Franki- vient du francique ripuaire Frank (« libre »), qui a donné le latin Francus puis le français Franc.

Le mot « Frankistan » signifie « le pays des Francs » ou « Terre des Francs »[2]. « Francs » ne désigne pas ici seulement le peuple franc mais tous les Occidentaux.

Usages[modifier]

L'Europe vue d'Orient[modifier]

À l'époque de la première croisade (1095-1099), les Byzantins appelaient les croisés les « Francs » (Φράγγοι), suivis en cela par les musulmans[3]. En effet, beaucoup de croisés étaient de langue française. Ainsi, les États latins d'Orient sont aussi appelés États francs d'Orient.

On retrouve alors dans les écrits des chroniqueurs arabes plusieurs termes pour désigner ces « Francs » : faranj, franj, faranjah (فرنجة ), ifranj, ifranjah au pluriel ; faranji, ifranji au masculin singulier ; et faranjiyah, ifranjiyah au féminin singulier[4]. Plus tard et par métonymie, le mot Franc a fini, en Orient, par désigner tous les Occidentaux, catholiques ou non (comme dans le cas du marchand Jacob Lejbowicz, surnommé Jacob Frank)[5].

En 1757, le mot « Frankistan » apparaît dans le tome 7 de la première édition de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. À la définition du mot Franc, on lit que c'est « le nom que les Turcs, les Arabes & les Grecs donnent à tous les Européens occidentaux. On croit que ce nom a commencé dans l’Asie, au terme des croisades, les François ayant eu une part distinguée dans ces entreprises ; & depuis les Turcs, les Sarrasins, les Grecs & les Abyssins, l’ont donné à tous les Chrétiens européens, & à l’Europe celui de Frankistan »[6].

En 1792, le poète ottoman Enderûnlu Fâzıl publie Zenanname, un écrit accompagnant son ouvrage The Book of the Beautiful dans lequel il décrit les beautés du monde entier. On y trouve ce poème, ici en anglais, où il mentionne brièvement les pays européens sous le nom royaumes du Frankistan[7],[8] :

« O thou, whose dusky mole is Hindustan,
Whose tresses are the realms of Frankistan!
The English woman is most sweet of face,
Sweet-voiced, sweet-fashioned, and fulfilled of grace.
Her red cheek to the rose doth colour bring,
Her mouth doth teach the nightingale to sing.
They all are pure of spirit and of heart;
And prone are they unto adornment’s art.
What all this pomp of splendor of array!
What all this pageantry their heads display!
Her hidden treasure’s talisman is broke,
Undone, or ever it receiveth stroke. »

Illustration du conte Le Nain Long-Nez se déroulant au Frankistan.

En 1798, le philosophe prussien Emmanuel Kant publie Anthropologie d’un point de vue pragmatique. Dans cette œuvre, il utilise une variante du mot Frankistan, Frankestan : « Les Tarcs, qui appellent Frankestan l'Europe chrétienne, quand ils voyagent pour apprendre à connaître les hommes et les caractères des peuples (ce que fait seul l'européen, et ce qui prouve l'étroi-tesse d'esprit de tous les autres peuples), les diviseraient peut-être volontiers, d'après les vues de leur caractère, de la manière suivante : \° le pays de la mode (France); — 2° celui du caprice (Angleterre); — 3° celui de la noblesse (Espagne); — 4° celui de la magnificence (Italie); — 5° celui des titres (Allemagne, avec le Danemark et la Suède, comme peuples germaniques); — 6° celui des maîtres (Pologne), où chacun veut être seigneur citoyen, mais où nul de ces seigneurs, excepté celui qui n'est pas citoyen, ne veut être sujet. — La Russie et la Turquie d'Europe, toutes deux en très grande partie d'origine asiatique, se trouveraient au-dessus du Frankestan : la première de race slave, la seconde de race arabe, deux peuples originels qui, plus qu'aucun autre, ont plus étendu leur domination en Europe, et qui sont tombés dans un état politique tel qu'il n'y a plus chez eux de liberté, ni par conséquent de citoyen[9]. »

On retrouve le terme dans le conte de fée allemand Le Nain Long-Nez (Der Zwerg Nase) de Wilhelm Hauff, publié en 1826 dans un recueil de contes Märchen-Almanach auf das Jahr 1827[10]. C'est l'histoire d'un Allemand qui raconte une légende de son pays à la cour du calife abbasside Hâroun ar-Rachîd à Bagdad. Sa terre d'origine est alors nommée Frankistan[11].

Dans ses œuvres comme Travels in Arabia Deserta de 1888, l'écrivain orientaliste britannique Charles Montagu Doughty parle de Frankistan pour désigner l'Europe[12] : « En voyant que les Turcs (qui croquent tout et ne reconstruisent rien) laissent en friche une aussi riante contrée, d’ingénieuses personnes du Frankistan, vos compatriotes, ne pourraient-elles pas y construire un chemin de fer ? ».

Le mot est retrouvé dans différents dictionnaires allemands au début du XXe siècle. Il est dans le volume 6 du Meyers Großes Konversations-Lexikon publié en 1906 et dans le volume 1 de la cinquième édition du Brockhaus' Kleines Konversations-Lexikon publié en 1911[13],[14]. Il y est désigné comme un synonyme oriental de « Europe »[15].

L'ouvrage Miss Haroun Al-Raschid de Jessie Douglas Kerruish publié en 1917 utilise le terme « Frankistan » pour désigner l'Europe[16].

En 1930, l'auteur Robert E. Howard sort son roman fantastique Le Seigneur de Samarcande, dont l'histoire se déroule durant les croisades. Les croisés y sont appelés les Francs (Franks) et leur terre d'origine est le Frankistan[17],[18].

En 1974, l'écrivain, musicien et linguiste britannique Anthony Burgess publie son roman Napoleon Symphony: A Novel in Four Movements, qui retrace la vie de Napoléon Bonaparte. Dans celui-ci, le personnage de Napoléon parle de Frankistan en parlant de l'Europe durant la campagne d'Égypte en 1798[19],[alpha 1].

Notes et références[modifier]

Notes[modifier]

  1. En anglais : In the name of Allah the all-powerful, all-merciful, all-knowing, know that it is by his holy will that we come to free the peoples of the Nile from their immemorial and most cruel bondage to the Turks and the Mamelukes, free men of Frankistan bringing freedom, respecting Islam and the tenets of the holy prophet, may his name be praised and the holy name of Allah most high exalted for ever more…

Références[modifier]

  1. (de) « Frankistan (Meyers Großes Konversations-Lexikon ) », sur zeno.org (consulté le 30 mars 2021)
  2. Mouraviev, Voyage en Turcomanie et a Khiva fait en 1819 et 1820, (lire en ligne), p. 391
  3. Tatiana Pignon, « Les croisades, temps de rencontre entre Francs et Musulmans en Orient », sur lesclesdumoyenorient.com, (consulté le 31 mars 2021)
  4. Fida Dakroub, « Franj », sur amaalouf.hypotheses.org, (consulté le 31 mars 2021)
  5. Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, Paris, J.-C. Lattès, (ISBN 2290119164)
  6. Denis Diderot, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, André Le Breton, Laurent Durand, Antoine-Claude Briasson, Michel-Antoine David, 1751-1772 (lire en ligne), p. 279-281
  7. (en) Sunil Sharma, « How Ottoman Turks depicted women of India and other parts of the world », sur scroll.in, (consulté le 1er avril 2021)
  8. (en) Sunil Sharma, « The Ottoman Turkish Zenanname (ʻBook of Womenʼ) », sur blogs.bl.uk, (consulté le 1er avril 2021)
  9. Emmanuel Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, Paris, (lire en ligne)
  10. (de) Wilhelm Hauff, Der Zwerg Nase, (ISBN 9783865661845, lire en ligne), p. 1
  11. (de) Tim, « Der Zwerg Nase », sur buchhexe.com (consulté le 30 mars 2021)
  12. Catherine Delmas, « Charles Doughty, un orientaliste engagé », sur journals.openedition.org, (consulté le 1er avril 2021)
  13. (de) Meyers Großes Konversations-Lexikon, Leipzig, Joseph Meyer, (lire en ligne), p. 842
  14. (de) Brockhaus' Kleines Konversations-Lexikon, Leipzig, Renatus Gotthelf Löbel, (lire en ligne), p. 605
  15. (de) « Frankistan (Brockhaus' Kleines Konversations-Lexikon) », sur zeno.org (consulté le 30 mars 2021)
  16. (en) Jessie Douglas Kerruish, Miss Haroun Al-Raschid, Wentworth Press, , 402 p. (ISBN 978-1363959624, lire en ligne)
  17. Robert E. Howard, Lord of Samarcand, Independently Published, , 42 p. (ISBN 979-8688871821, lire en ligne)
  18. « Le Seigneur de Samarcande », sur elbakin.net, (consulté le 13 avril 2021)
  19. (en) « Extracts from Napoleon Symphony (1974) », sur burgessodyssey.wordpress.com (consulté le 1er avril 2021)

Annexes[modifier]

Articles connexes[modifier]

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