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Critiques de l'espéranto

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Dès sa création en 1887, l'espéranto a fait l'objet de critiques.

Critiques générales[modifier]

La critique est, selon le dictionnaire Robert, un « examen en vue de porter un jugement ». L'examen est une « action de considérer, d'observer avec attention ».

L'espéranto est la langue internationale auxiliaire construite ou planifiée, qui, parmi ces langues a de loin le plus de locuteurs. Les critiques sont de plusieurs types : en premier lieu les partisans d'autres langues internationales construites concentrent davantage leurs critiques sur l'aspect latin ou occidental de l'espéranto; en second lieu des espérantophones minoritaires proposent des réformes en général mineures, concernant sa grammaire ou une partie de son vocabulaire ; enfin les opposants à l'idée même de langue internationale construite, qui pensent que la communication internationale ne peut se faire que dans la ou les langues des puissances dominantes, expriment davantage leurs critiques dans les domaines idéologiques et linguistiques. Examinons successivement ces différents types de critiques, négatives ou visant à son enrichissement.

Critiques sur l'aspect occidental de l'espéranto[modifier]

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section proviennent de Claude Piron[1]. Si les racines des mots en espéranto sont dans leur grande majorité d'origine latine (exemple maison : domo), la grammaire éloigne l'espéranto du latin (exemple père se dit patro en espéranto, mais mère se dit patrino construit avec les lexèmes patr+ in, ce dernier étant un « suffixe » féminisant — repris notamment de l'allemand —, conforme au principe de simplicité et de régularité de l'espéranto, mais qui s'éloigne du mot latin mater).Cette proximité distanciée de l'espéranto et du latin est à l'origine de deux types de critiques antinomiques : l'espéranto serait trop éloigné, ou au contraire trop proche du latin et des langues occidentales en général. Il est ainsi possible de reformuler objectivement que l’espéranto est suffisamment international pour être proche de langues non latines par sa régularité et sa simplicité, et proche des langues latines par beaucoup de ses racines.

L'espéranto pas assez latin ou pas assez « occidental »[modifier]

Cette critique était surtout formulée dans la première partie du XXe siècle, quand les pays parlant les langues européennes occidentales, y compris le continent américain, constituaient environ les deux tiers de l'économie mondiale[2],[3]. Langue morte enseignée dans toute l'Europe, le latin paraissait être la base obligée de toute langue construite ; de fait, la majeure partie des projets de réforme de l'espéranto, notamment l'ido (1908), ou d'autres projets (en particulier le latino sine flexione de Giuseppe Peano) proposait un rapprochement avec le latin. L'interlingua part, lui, de la ressemblance entre les langues romanes, pour dégager le maximum de similitudes, et ainsi faciliter la lecture de la langue sans apprentissage préalable aux locuteurs de langues romanes, quitte à sacrifier sa régularité et à rallonger son temps d'apprentissage pour les autres.

L'espéranto trop proche du latin, ou trop « occidental »[modifier]

Cette critique est plus récente : les langues issues du latin dominaient un monde qui était colonial lorsque l'espéranto fut créé. La décolonisation s'effectue essentiellement entre 1945 et 1975. De plus, depuis 1980, la Chine (un des pays où l'espéranto est pourtant le plus développé[4]) et l'Inde, les deux pays les plus peuplés, connaissent un essor économique très rapide; l'espéranto ne pourrait donc convenir à une humanité qui, dans sa grande majorité, n'utilise pas une langue latine. L'espéranto serait plus difficile à apprendre, voire à prononcer, pour les Asiatiques que d'autres langues occidentales. Mais, Claude Piron, après une étude de terrain, l'estime au moins huit fois plus facile à apprendre que l'anglais, dans son article Asie: anglais ou espéranto[5]. Il rejoint Inazo Nitobe, Secrétaire général adjoint de la Société des Nations, scientifique, membre de l'Académie Impériale du Japon, qui déclara dans son rapport « Esperanto as an International Language » (1922). [2]

« On peut affirmer avec une certitude absolue que l'Espéranto est de huit à dix fois plus facile que n'importe quelle langue étrangère. »

Une variante de cette critique souligne que la grammaire de l'espéranto est essentiellement basée sur les grammaires européennes. Cette critique n'est pas argumentée. De fait la conjugaison des verbes est régulière et ne comporte au total que six désinences: trois pour les temps de l'indicatif et trois pour les autres modes. De plus la création des mots par agglutination de monèmes invariables, rapproche l’espéranto de langues asiatiques, africaines ou amérindiennes, isolantes comme le mandarin, le vietnamien, etc., ou agglutinantes comme le japonais, le coréen, le turc, le swahili, le wolof, le quechua etc..

Critiques grammaticales[modifier]

Article connexe : Histoire de l'espéranto.

L'initiateur de l'espéranto a construit une langue internationale facile. Selon Gaston Waringhien, la facilité d'une langue dépend de quatre critères: la simplicité (le nombre d'éléments à apprendre doit être le plus petit possible); la régularité (pas ou très peu d'exceptions); la clarté (à un changement dans la pensée, doit correspondre un changement dans la langue); la stabilité (acquise notamment par la publication de chefs-d'œuvre). La combinaison de ces quatre critères a imposé des arbitrages qui sont parfois remis en cause par certains. Quelques-unes de ces critiques sont formulées par des espérantophones qui désirent faire évoluer la langue ; ils font l'objet de débats contradictoires dans les milieux espérantophones, comme l'illustre la lecture des forums dans un site comme Ĝangalo. Mais une majorité des espérantophones les plus actifs, parmi les membres des associations les plus importantes, l'Association mondiale d'espéranto (Universala Esperanto Asocio, UEA) ou l'Association mondiale anationale (Sennacieca Asocio Tutmonda, SAT), estime qu'en l'absence d'une perspective d'adoption à court terme, ces débats sont plutôt stériles et ne feraient que diviser inutilement le mouvement espérantophone.

Lettres diacritées[modifier]

Article détaillé : Alphabet de l'espéranto.

L'espéranto, qui utilise l'alphabet latin, est construit pour respecter la règle une lettre égale un son; son alphabet comprend 22 lettres de base et six lettres diacritées (ĉ, ĝ, ĥ, ĵ, ŝ, ŭ), à l'aide de deux signes diacritiques :

  • l’accent circonflexe sur c, g, h, j, s (donnant respectivement les sons « tch » [t͡ʃ], « dj » [d͡ʒ], le j espagnol ou ch allemand de nach [x], le j français [ʒ], le son « ch » [ʃ])
  • la brève sur le u (prononcé [w], comme la lettre w en anglais).

Pour ses adversaires, ces lettres gênent la diffusion de l'espéranto, surtout à l'ère de l'ordinateur, car l'adaptation doit se faire sur l'ensemble des systèmes pour qu'ils restent interopérables.

Pour ses partisans, les lettres diacritées servent à garder une certaine richesse de sonorités sans perdre la bijection phonème/lettre. Des signes diacritiques sont utilisés dans la majorité des langues utilisant l'alphabet latin. Les difficultés techniques peuvent être facilement évitées sur les outils informatiques actuels et sur les machines à écrire par l'utilisation (moderne) de la lettre x placée après la lettre qui doit porter le « chapeau » (ou accent circonflexe), par exemple on tape sx et le convertisseur donne automatiquement ŝ. Depuis les débuts de la langue, quand on ne disposait pas des lettres diacritées, une règle permettait de faire de même en utilisant la lettre h (exemple sh) et en abandonnant le signe de brève sur le u.

Elles permettent aussi à l'occasion de maintenir un lien graphique ou visuel entre un mot espéranto et le mot dans une langue naturelle d'où il tire son étymologie. Ainsi, les lettres diacritées permettent souvent une reconnaissance visuelle d'un mot suivant l'origine du locuteur : exemple : ĝardeno sera reconnu visuellement par un anglophone ou un germanophone (garden) et phonétiquement par un francophone ou un italianophone (la prononciation de ĝardeno se rapproche de jardin).

Enfin, ces lettres rendent l'alphabet phonétique, ce qui, joint à la régularité de la place de l'accent tonique (toujours sur l'avant-dernière syllabe), réduit à très peu de temps l'étude de la phonétique espéranto, par l'apprentissage de ces deux règles et de l'alphabet, les autres lettres latines utilisées ayant le même son que dans l'alphabet phonétique international. Ce temps d'étude moyen peut se comparer avantageusement par exemple à la durée moyenne nécessaire à l'étude de la prononciation du vocabulaire anglais pour les non anglophones de naissance, cette durée étant particulièrement importante pour les peuples qui écrivent avec des idéogrammes ou des alphabets non latins (un peu plus de la moitié de la population mondiale).

Une critique supplémentaire porte sur le traitement des deux semi-consonnes : la lettre consonne j note indistinctement la semi-consonne [j] et la voyelle courte [ĭ] des diphtongues (ex: najbaro), ce qui est conforme à l'usage des langues européennes. À l'inverse, la lettre voyelle ŭ note la voyelle courte [ŭ] en tant que second membre d'une diphtongue (uniquement aŭ ou eŭ). La prononciation conseillée par le Fundamento de mots comme antaŭa est donc [an.taŭ.a]. Mais l'on entend souvent [an.ta.wa][6].

Phonologie[modifier]

L'espéranto permet à deux consonnes de se suivre, même à l'initiale : scii [st͡sii] (savoir), ŝtrumpo [ʃtrumpo] (chaussette). L'espéranto permet également à une sourde de précéder une sonore : ekzemplo (exemple, à comparer avec la prononciation française [ɛgzɑ~pl], rarement [ɛksɑ~pl]). Mais ces situations sont peu fréquentes et, le cas échéant, une langue internationale planifiée peut connaître des évolutions relativement facilement.

Par ailleurs, certains[Qui ?] jugent peu euphoniques les hiatus de l'espéranto : ĝuu (sois heureux), praa (passé, ancien).

Flexions[modifier]

L'espéranto exige un certain nombre de déterminations : un nom, ou un adjectif, doit être singulier ou pluriel ; un verbe conjugué doit être à l'un des trois temps de l'indicatif ou à l'un des trois autres modes.

Bien que ce trait de grammaire soit répandu dans les langues Indo-européennes, il est absent de certaines langues. Ainsi, le chinois et le japonais n'exigent pas de préciser le nombre.

Un projet de réforme minoritaire récent, «  esperanto sen flexio » supprime la marque du pluriel (comme d'ailleurs de l'accusatif). Il emploie également les verbes à une forme unique, le temps étant indiqué par des adverbes ou le contexte. À l'oral, certains Occidentaux utilisent peu l'accusatif et certains Chinois ne conjuguent pas le verbe. Pour ses adversaires, le risque d'une telle réforme serait une perte de clarté. De fait la langue à l'oral, très majoritairement, et plus encore à l'écrit suit les règles du Fundamento qui garantissent sa cohérence et son unité, donc l'intercompréhension.

Structures linguistiques et accusatif][modifier]

L'espéranto possède une forme grammaticale nommée accusatif et marquée par la terminaison -n (n-komplemento)[7] : « mi legas libron : je lis un livre » qui s'applique principalement au complément d'objet direct (COD) non précédé d'une préposition et aussi à certains compléments circonstanciels, notamment de lieu lorsqu'ils indiquent le mouvement (à comparer par exemple à l'usage de « in » et « into » en anglais).

Pour ses détracteurs, l'accusatif serait une difficulté inutile, car l'usage a voulu que la majorité des phrases (dans de nombreuses langues) suive l'ordre sujet-verbe-complément ; il a disparu, sauf pour les pronoms personnels (fr : je, me ; en : I, me, etc), de toutes les langues romanes (sauf le roumain) et de l'anglais, où c'est l'ordre des mots qui indique l'accusatif : en français, «  le chien regarde le chat » n'a pas le même sens que «  le chat regarde le chien ».

Incidemment, dans des constructions fréquentes, le COD en espéranto n'est pas marqué de l'accusatif : c'est le cas en particulier pour les adjectifs numéraux cardinaux qui sont invariables (mi legis nur du), ou lorsque le groupe COD comporte une préposition, par exemple après une indication de quantité (mi legas multe da libroj). Dans ce dernier exemple, la préposition « da » élimine l'accusatif (car la précision n'est pas nécessaire) ; il réapparaît en revanche dans la formulation suivante : (mi legas multajn librojn).

L'accusatif, rétorquent ses partisans, est un élément de précision, qualité nécessaire pour une langue internationale : la phrase française « il l'a reçu comme un prince », est ambiguë, mais pas les deux traductions possibles en espéranto : « li ricevis lin kiel princo (il l'a reçu comme un prince l'aurait reçu) », ou « li ricevis lin kiel princon (il l'a reçu comme il aurait reçu un prince) ».

En outre, il permettrait de donner une certaine liberté dans l'ordre des mots, ce qui aurait plusieurs avantages. Quelle que soit sa langue maternelle, le débutant en espéranto pourra suivre d'assez près l'ordre des mots auquel il est habitué ; le résultat sera compréhensible par tout espérantophone. De plus, la diversité possible dans la construction des phrases accroit la liberté d'expression et de création et donc la richesse de la langue que développent les écrivains espérantistes.

On peut toutefois objecter que l'on[style à revoir] aurait obtenu la même souplesse avec moins de complications grammaticales, en attribuant une terminaison particulière, non pas aux compléments directs de toute nature, mais simplement au groupe sujet. En effet, si les locuteurs de langues dépourvues de déclinaisons s'habituent plus ou moins vite à décliner le COD, ils peinent souvent à identifier les autres compléments, et surtout à identifier ceux qui sont directs, faute de savoir bien faire la distinction entre prépositions et adverbes. A contrario, identifier le groupe sujet ne nécessite pas de compétences grammaticales pointues, même pour un adulte ayant quitté depuis longtemps les bancs de l'école. Mais il n'y a pas d'exemple de langue connue très parlée fonctionnant selon ce schéma.

Pluriel[modifier]

Directement inspiré par le grec ancien, le pluriel en espéranto est indiqué par le j (prononcé commedans l'alphabet phonétique international et le ï français), qui serait inesthétique pour certains, mais proche du grec qui est une belle langue pour d'autres. Un avantage du « j » du pluriel est de pouvoir être prononcé avec le « n » de l'accusatif. Mi vidas belajn florojn, je vois de belles fleurs [Pour qui ?].

Toujours concernant le pluriel, certains[Qui ?] critiquent que, comme dans les principales langues européennes, les pronoms pluriels ne soient pas formés régulièrement à partir des pronoms singuliers : mi/ni (je/nous), vi/vi (tu/vous) li, ŝi, ĝi, /ili (il, elle, il neutre/ils, elles). Le Chinois et le quechua utilisent ces constructions ; l'on peut néanmoins juger que les pronoms pluriels ne sont pas les pluriels des pronoms singuliers (nous n'est pas je et je).

Accord des adjectifs[modifier]

En espéranto, l'adjectif s'accorde en nombre et en cas, ce qui serait une difficulté inutile, évitée en anglais où l'adjectif est invariable, mais au prix parfois d'un manque de clarté critiqué par de nombreux traducteurs.

Cet accord permet en effet une plus grande précision, par exemple « Mi vidis ruĝan aŭton kaj kamionon » signifie « J'ai vu une voiture rouge et un camion » alors que « Mi vidis ruĝajn aŭton kaj kamionon » signifie « J'ai vu une voiture et un camion rouges » (les deux étaient rouges).

Cette précision n'est possible en anglais qu'au prix de la répétition de l'adjectif, mais ceci peut être également valable pour l'espéranto : « Mi vidis ruĝan aŭton kaj ruĝan kamionon » – qui est d'ailleurs la forme la plus courante en langage parlé – et le « gain » en précision est discutable. (Et ne fonctionne de toute façon, que pour une série de noms au singulier : « li surmetis ruĝajn ŝuojn kaj strumpojn » = « il a mis des chaussettes et des souliers rouges » les chaussettes sont-elles rouges ?)

L'argument le plus sérieux en faveur de l'accord en nombre de l'adjectif repose sur le fait qu'on ne peut pas le rendre invariable comme en anglais, l'accord en cas (accusatif) est nécessaire dans des expressions comme « mi kredis fidela amikon » (j'ai cru fidèle un ami) différent de « mi kredis fidelan amikon » (j'ai cru un fidèle ami). Si l'adjectif doit s'accorder en cas, dire que par contre il ne s'accorde pas en nombre rend la règle aussi compliquée que de dire qu'il s'accorde complètement.

Vocabulaire[modifier]

Mots « internationaux »[modifier]

Outre le fait que le vocabulaire de l'espéranto provient essentiellement des langues latines ou germaniques, racines les plus utilisées dans la communication internationale, certaines critiques visent l'emploi jugé abusif de mots dits internationaux. À côté de malliberejo (littéralement lieu de contraire de liberté), l'espéranto accepte les termes karcero, prizono. Cette critique a été développée par Claude Piron dans son livre La bona lingvo. Son objectif est de rendre plus facile la langue en limitant le nombre de racines, notamment pour les non Occidentaux, comme le voulait Zamenhof.

Cela conduit parfois à une multiplication des racines de sens identique, au gré des variantes existantes dans les langues d'emprunt. Ainsi, l'idée de rédaction (illustrée par les mots rédacteur, salle de rédaction, rédaction) peut être rendue par trois racines redakt-, redaktor-, redakci-, les trois existant couramment.

Mais ce cas est très rare. En effet, dans la règle 15 de la Grammaire de base du Fundamento en 16 règles, Zamenhof a écrit: « 15. Les mots « étrangers » c.-à-d. ceux que la plupart des langues ont empruntés à la même source, ne changent pas en Esperanto. Ils prennent seulement l’orthographe et les terminaisons grammaticales de la langue. Mais quand, dans une catégorie, plusieurs mots différents dérivent de la même racine, il vaut mieux n’employer que le mot fondamental, sans altération, et former les autres d’après les règles de la langue internationale. Ex.: tragédie ― tragedi'o, tragique ― tragedi'a ». Il s'agit donc, dans le cas cité, d'une non-application d'une règle grammaticale. En fait, la racine redakt- sert à la construction de la totalité des mots dérivés de cette famille, les autres racines parentes tombant progressivement en désuétude.

Formation des mots dérivés[modifier]

L'espéranto possède un système d'environ 10 « préfixes » et 40 « suffixes » (en fait des mots invariables et indépendants) qui permettent la construction de nombreux mots composés. La lecture de ces mots composés se fait généralement de droite à gauche, le mot principal étant à la fin comme souvent en anglais, par exemple :

  • arbo = arbre, arb'aro = lexème arb + « suffixe » aro (indique l'ensemble) = forêt
  • hôpital = mal'san'ul'ejo = mal (affixe indiquant le contraire) + san (lexème qui indique la notion de santé) + ul- (suffixe indiquant la personne mal'san'ulo = le malade), + ejo (suffixe indiquant le lieu), donc lieu des personnes malades, mais l'espéranto moderne admet maintenant le terme hospitalo ; les détracteurs de ce système demandent pourquoi certaines notions s'indiquent par des « préfixes », d'autres par des « suffixes », ils critiquent la lourdeur du système, ils qualifient de « meccano » le système de construction des mots. Il est vrai que certaines compositions peuvent avoir plusieurs sens, ainsi frukto-dona peut signifier qui donne des fruits ou fertile.

À l'inverse, la grande majorité des espérantophones soulignent le caractère, selon eux, très ingénieux et logique de la formation des mots, la très grande économie de vocabulaire à apprendre qu'il permet, sans empêcher la formation de nouveaux mots en fonction de l'évolution de la langue.

Classes de mots[modifier]

L'espéranto distingue intrinsèquement quatre grandes classes de mots formés d'une racine et de désinences (ou terminaisons détachables) selon leur voyelle finale : les o-vortoj ou mots en -o (substantifs, exprimant un être ou un objet), les a-vortoj (adjectifs), les e-vortoj (adverbes dérivés), les i-vortoj (verbes, exprimant une action ou un état). Par exemple le paradigme : parol'o : parole; parol'a : oral; parol'e : oralement; parol'i : parler. Ceci permet là aussi de diminuer fortement le nombre de mots à apprendre et facilite la compréhension de la phrase.

Cependant, le passage d'une racine d'une classe à l'autre peut apparaître parfois peu clair à un débutant, qui hésitera entre plusieurs sens : viva, formé à partir du o-vorto vivo (vie), peut formellement signifier vivant (qui possède la vie) ou biologique (qui se rapporte à la vie).

De même, il est impossible de définir a priori la classe à laquelle appartient une racine. Ainsi, martel- est une racine nominale, et formera martelo (marteau), marteli (frapper avec un marteau, marteler) ; seg- est une racine verbale et formera segilo (scie), segi (scier).

Système verbal[modifier]

L'espéranto a un système de conjugaison très facile, sans aucun verbe irrégulier, et qui est composé, en tout et pour tout, de six désinences ou finales détachables. L'existence des pronoms sujets permet de réduire chaque temps à une seule forme, à l'instar du prétérit anglais. L'exemple de langues européennes parmi les plus parlées a permis de réduire à trois le nombre des temps de l'indicatif (désinences du passé en -is, du présent en -as, du futur en -os), de supprimer le subjonctif, d'utiliser un seul auxiliaire, le verbe être , esti, pour les temps composés. Trois autres modes sont utilisés: l'infinitif en-i ; l'impératif élargi dit volitif en -u ; le conditionnel en -us. Le passif est formé à partir de l'auxiliaire esti et des participes passifs qui reprennent la même voyelle pour les trois temps qu'à l'indicatif (am'ata: aimé(e) ; am'ita : ayant été aimé(e); am'ota qui sera aimé(e) (voir Le passif en espéranto).

Deux « suffixes » (-ig' et-iĝ permettent, soit de rendre transitif un verbe intransitif (par exemple morti, mourir; mort'igi faire mourir ou tuer) ; soit de rendre intransitif un verbe transitif (par exemple naski enfanter, nask'iĝi naître. Cependant, si, au début de son utilisation[Quand ?], l'espéranto distinguait clairement les verbes transitifs et intransitifs, cette distinction serait moins marquée dans l'usage actuel.[réf. nécessaire]

Autres critiques[modifier]

  • L'espéranto ne dispose pas d'adjectif cardinal pour « un million », « un milliard » (de même que le français et d'autres langues européennes).
  • L'espéranto surcharge la préposition de, qui introduit le complément du nom, le complément d'agent, le complément de temps (origine).
  • Parmi les tabel-vortoj, l'absence de forme pour signifier l'altérité a conduit certains à proposer les mots alio (autre chose), alie (ailleurs)…
  • La marque de l'accusatif est portée par l'adjectif qualificatif, mais pas par le nombre cardinal (invariable comme en français) : mi vidis tri blankajn katojn, j'ai vu trois chats blancs.
  • L'espéranto, comme les langues slaves, ne distingue pas les conditionnels présent et passé : mi farus je ferais, j'aurais fait. Cependant on peut les distinguer selon le contexte.

Critiques idéologiques[modifier]

Inégalité hommes-femmes[modifier]

En espéranto, la plupart des mots sont sémantiquement neutres, comme les noms d’animaux, de professions et généralement les mots formés avec un suffixe (-ulo, -isto, -ano, -anto…). Cependant quelques mots sont genrés, souvent au masculin, comme patro (père), ce qui est vu par certains comme une inégalité[8]. Cette critique a reçu principalement deux propositions de solutions.

Cependant, si l'on considère que des petits mots ou lexèmes indépendants et autonomes sont nommés en espéranto, à tort selon Zamenhof, « suffixes » et « préfixes », et que, à l'instar de l'anglais, la plupart des mots sont neutres, sauf ceux qui désignent des êtres explicitement sexués, alors il n'y a pas de hiérarchie à faire entre les mots ou lexèmes appelés « suffixes », comme « -in » et ceux dits « préfixes », comme « vir- ». Par ailleurs le lexème « in » se trouve dans les mots nommant les reines dans les langues européennes les plus parlées, ainsi que pour désigner un caractère féminin dans la philosophie chinoise traditionnelle (le yin); donc il est déjà connu par plus de la moitié de la population mondiale.

L'espéranto est une langue sans peuple et sans territoire national[modifier]

Selon certains auteurs, il ne serait pas possible d'avoir une langue vivante sans peuple et sans territoire national.

Cependant, au Moyen Âge, le latin était une langue véhiculaire, quoique morte.

En outre les locuteurs du yiddish et du tsigane n'ont pas un seul territoire national unique : leurs communautés linguistiques sont présentes dans de nombreuses nations[9],[10]. C'est aussi le cas de l'espéranto.

De plus la technologie contemporaine avec le progrès des transports, d'Internet, des téléphones portables etc. et le déclin relatif de la superpuissance principale changent les données du problème. Le monde est de plus en plus internationalisé, polycentrique, plurilingue. L'espéranto fait partie des 0,5% pour cent des langues les plus parlées à l'international, et sa progression est très rapide depuis la fin du dix-neuvième siècle.

L'espéranto est une langue internationale construite, auxiliaire et seconde qui a pour but d'éviter la « guerre des langues » nationales et de faciliter la communication quand des personnes ne partagent pas une langue commune[11].

La philosophe Barbara Cassin écrit dans Plus d'une langue, (Bayard, coll. « Les petites conférences », 2012) : « Non, la langue ne se réduit pas à un calcul, et l'Espéranto ne fonctionne pas, car c'est artificiel, insuffisant, sans épaisseur d'histoire ni de signifiant, sans auteurs et sans œuvres...L'Espéranto, aussi mort qu'une langue morte[12], n'est la langue maternelle de personne ».

L'anglais est déjà la langue internationale, l'espéranto ne sert à rien[modifier]

L'anglais est aujourd'hui la langue de communication internationale la plus utilisée.

Il serait donc légitime de penser qu'il est impossible ou inutile de changer de langue de communication internationale et que cela représenterait de toutes les façons un coût très élevé.

Cependant, au début du XXe siècle, lorsque l'espéranto est apparu, c'était encore le français qui dominait, particulièrement dans les échanges diplomatiques du fait de sa précision, et ce depuis le XVIIe siècle[13] et aussi dans une moindre mesure du fait de l’existence de nombreuses colonies françaises. En outre, actuellement, aucune organisation inter-gouvernementale (telle que les Nations unies, ou l’Union européenne) n’utilise uniquement l’anglais. De plus, la part des pays anglophones de naissance dans les exportations industrielles mondiales a très fortement diminué, de près de 50% en 1945 [14] à 15% environ de nos jours [15]. Le monde devient davantage polycentrique.

Par ailleurs, l'anglais a le défaut d'être une langue difficile, en particulier du fait de sa prononciation et de ses innombrables surcharges sémantiques, et il est très rare d'atteindre par l'apprentissage le même niveau d'anglais qu'un natif anglophone de niveau d'éducation comparable . La communication entre les anglophones de naissance et les autres (94% de la population mondiale) est jugée inéquitable du fait de l'investissement considérable en temps de ces derniers. Un très bon niveau d'anglais nécessiterait au moins 10 000 heures, soit l'équivalent de six années de travail, selon Claude Piron, ancien traducteur de chinois et anglais à l'Organisation mondiale de la santé, dans son livre Le défi des langues

À l'opposé, l’espéranto peut, après un temps d’étude et de pratique relativement court, devenir une langue que l’on sent comme sa propre langue[16]. Ainsi, selon une étude comparative de l'Institut de pédagogie cybernétique de Paderborn (RFA), 150 heures d'espéranto suffisent à un francophone pour atteindre un niveau bac ou B2 qui en exige au moins 1 500 en anglais (et 2 000 en allemand)[17]. le coût d'étude de l'espéranto est jugé donc faible, d'autant plus que son étude a une grande valeur propédeutique et facilite l'apprentissage des autres langues.

Critique linguistique[modifier]

La linguistique enseigne que toute langue évolue. Le sens des mots change avec le temps, des mots nouveaux surviennent, d'autres disparaissent, d'autres encore renaissent sous une définition légèrement différente. Or ces modifications ne sont jamais globales, mais localisées. Par ailleurs le mot se déforme, se transforme, suivant les régions et même suivant les classes sociales. Un certain nombre de linguistes expriment donc leur scepticisme dans une langue qui aurait l'ambition d'être à la fois universelle et vivante.

Cependant l'espéranto est aujourd'hui une langue internationale auxiliaire vivante[18]qui fonctionne bien entre des centaines de milliers de personnes de plus de 100 pays. Des experts qui ont étudié rigoureusement la question, par exemple Claude Piron, préconisent de « Observer, comparer, choisir »[19]. Ils ont remarqué que l'espéranto évolue comme toute langue, et du fait de son extension, a très largement développé son vocabulaire en liaison avec la modernité, particulièrement dans les différents domaines techniques et scientifiques. L'écriture phonétique de la langue, l'alphabétisation de 90% de la population mondiale, le rôle croissant des média audiovisuels, d'Internet, du téléphone portable etc. rendent l'intercompréhension en espéranto relativement facile entre individus de différents pays du monde, même si les prononciations nationales ou régionales le plus souvent perdurent comme dans les autres cas. On peut déjà observer cette situation en comparant des congrès internationaux en anglais et en espéranto, comme l'a fait le professeur britannique Robert Phillipson [20].

La linguiste Henriette Walter déclare en 2005 : « L'espéranto est une langue fort bien faite, d'une cohérence absolue et fondée sur une idéologie humaniste de grande valeur. »

Notes et références[modifier]

  1. http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/langueoccidentale.htm
  2. [1]
  3. Liste historique des régions et pays par PIB#1913
  4. Internet et la Chine dopent l’espéranto (DBNET 09/08/2010) et La Chine est-t-elle (sic) l’avenir de l’espéranto ? (Agoravox, mai 2008)
  5. http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/easie.htm
  6. https://learn.esperanto.com/fr/01/gramatiko/
  7. http://bertilow.com/pmeg/gramatiko/rolmontriloj/n/index.html Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko (PMEG) § 12.2
  8. Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko (PMEG) §4.3
  9. http://www.inalco.fr/langue/yiddis
  10. Romani
  11. http://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2017/04/14/37002-20170414ARTFIG00014-l-esperanto-n-a-pas-dit-son-dernier-mot.php
  12. Voir sur esperanto.net.
  13. https://fr.wiktionary.org/wiki/langue_de_la_diplomatie
  14. A. K. Cairncross, « Factors in Economic Development », {{Article}} : paramètre « périodique » manquant,‎ (DOI 10.4324/9780203838549, lire en ligne, consulté le 28 décembre 2018)
  15. Centre d'études prospectives et d'informations internationales (France), Base de données CHELEM - commerce international du CEPII, CEPII, [impr.] 2005 (OCLC 957671588, lire en ligne)
  16. « bien qu’il ne soit pas une langue maternelle, il n’est pas non plus une langue étrangère. Chez l’espérantophone mûr, il n’est jamais ressenti est comme un idiome étranger» Pierre Janton. «La résistance psychologique aux langues construites, en particulier à l'espéranto», Journée d'étude sur l'espéranto : Actes (Paris : Université de paris VIII-Vincennes, Institut de linguistique appliquée et de didactique des langues, 1983), p. 70.
  17. Les modalités et les résultats de cette étude ne sont à notre connaissance pas disponibles. Rapport Grin, p. 81.
  18. https://www.lepoint.fr/societe/videos-l-esperanto-une-langue-bien-vivante-02-11-2013-1751251_23.php
  19. http://claudepiron.free.fr/articlesenfrancais/comparer.htm
  20. Robert Phillipson, « English-Only Europe? », livre,‎ (DOI 10.4324/9780203696989, lire en ligne, consulté le 28 décembre 2018)

Voir aussi[modifier]

Articles connexes[modifier]

Liens externes[modifier]



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