Coolitude (sociologie)
La coolitude est un néologisme issu de la contraction des mots cool et attitude. Il désigne une posture ou une attitude dite « cool » afin de dissimuler une réalité (une autorité, un aspect condamnable, un rang socio-économique, etc.)
En rhétorique, cette posture sert d'ethos, c'est-à-dire qu'elle vise à présenter une image désirable en dépit des réelles intentions derrières cette image. [réf. nécessaire] La coolitude est notamment utilisée par certain(e)s politicien(ne)s afin de mousser le popularité[1].
La coolitude peut être consciente ou non. L'image désirable est souvent celle représentant l'apparence du dominant. Dans un contexte où il existe une hégémonie culturelle, on peut notamment la retrouver au travers la langue, où sont calqués des éléments ou des structures de langage provenant de la culture dominante. Par exemple les anglicismes introduit dans la langue française issus de l'hégémonie culturelle américaine. On peut également la retrouver entre les classes sociales, celles inférieures souhaitant imiter celles supérieures. Bref, c'est une attitude qui apparaît dans toutes les formes de domination culturelles et économiques (libéralisme, colonialisme, etc.)[réf. nécessaire]
Origine du concept[modifier]
L'album de Miles Davis en 1957 Birth of the Cool marque le début d'une nouvelle sensibilité avec la naissance du jazz cool selon Jean-Marie Durand. Le mot surgit dans la littérature américaine à la fin du 19ème siècle et sa définition n'est pas figée. Le détachement et l'ironie sont cependant des valeurs attachées à cette atttitude, qui devient en vogue chez les jeunes de 1968 qui se disent «cool» en cherchant à prendre une distance par rapport au contraintes qui leurs sont imposées. La musique (avec un casque) et les baskets font parties des objets de consommation pour paraître jeune et «cool» [2].
En 2008, dans un article intitulé La coolitude comme nouvelle attitude de consommation : être sans être là. Réflexion prospective, la professeure Isabelle Barth et Renaud Muller définisse la coolitude comme « l’art de simuler l’insouciance, ou celui de singer ce qui tient lieu de norme pour mieux s’affranchir des regards. »[3] Cette notion est développé dans des travaux en marketing[3],[4]:
« La recherche en marketing s’est déjà intéressée aux comportements de résistance active des consommateurs à l’égard des tentatives d’orientation de leurs achats (Roux, 2007). En revanche, la « coolitude » constitue un champ d’exploration aussi novateur que complexe, comme une troisième voie entre résistance active et soumission. La coolitude peut s’exprimer dans l’art de simuler l’insouciance, ou celui de singer ce qui tient lieu de norme pour mieux s’affranchir des regards. Elle nécessite une compréhension tant du point de vue du phénomène social, à situer plus largement dans le cadre des jeux de réciprocité au cœur de la dynamique sociale (Simmel, 1987), que des dynamiques psychiques qui encouragent la posture de consommateur « cool ». »
Dans son essai Histoire de ta bêtise, François Bégauneau réfère à la coolitude comme une attitude que le bourgeois utilise pour se donner bonne conscience puisque c'est ainsi qu'il s'incarne comme un être désirable en s'associant à un idéal esthétique[5] :
« À la confluence du beau et du bien, le cool estampille inextricablement une attitude du corps et une attitude éthique. Dans les deux cas, le cool s’oppose au raide. Qui appelle les flics un soir de fête bruyante dans l’appartement mitoyen fait montre d’une raideur du même mauvais effet qu’un costume rayé sous une serre numérique, qu’un espace de coworking sans baby-foot.Obama est cool : son dessein de limiter le port d’armes s’incarne dans sa désinvolture chaloupée. Alors que Trump : pro-NRA et piètre danseur. [...] Toi tu dirais que le cool t’est venu comme ça, naturellement. Tout n’est pas explicable, répètes-tu, tout n’est pas analysable. Et ainsi tu n’analyses rien. Le cool est tombé du ciel des idées et ce fut sur toi – ta religion bourgeoise du mérite flirte avec la fable aristocratique de l’élection. Un jour il t’est apparu qu’en fait la raideur ça n’allait pas, ça n’allait plus. Tes comédies cathartiques se donnent souvent pour horizon narratif le décoincement d’un bourgeois pas cool, genre Clavier dans Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, et c’est ton parcours historique que tu y racontes, ton trajet, des barbes cravatées des années 20 aux barbes hipster des années deux-mille. Ton trajet de l’opéra Garnier au show d’Arcade Fire au Zénith. L’épopée d’un corps en route téléologique vers son terminal déraidissement. »
L'origine du mot semble anglosaxonne, toutefois dans le livre Le Journal d'une femme de chambre l'expression «à la coule» développant un élément de liquidité et de souplesse pourrait peut-être aussi être aux racines du concept en France[2].
Bibliographie[modifier]
- Isabelle Barth, Renaud Muller, « La coolitude comme nouvelle attitude de consommation : être sans être là. Réflexion prospective », sur CAIRN : Management & Avenir, (consulté le 1er mai 2021)
- Jean-Marie Durand, Le cool dans nos veines . Histoires d’une sensibilité, Robert Laffont, 2015, 228 p.
- Thierry Jobard, « Le cool dans nos veines À la recherche de la coolitude », sur Sciences Humaines (consulté le 3 janvier 2022)
- « Etre cool, c'est pas cool! », sur Le Huffington Post, (consulté le 3 janvier 2022)
- « Livre Le cool dans nos veines, histoire d'une sensibilité par Jean-Marie Durand - France Inter », sur www.franceinter.fr (consulté le 6 janvier 2022).
Notes et références[modifier]
- ↑ « La «coolitude» à la Trudeau », sur La Presse, (consulté le 26 juillet 2021)
- ↑ 2,0 et 2,1 « La cool attitude du 29 mai 2015 - France Inter », sur www.franceinter.fr (consulté le 6 janvier 2022)
- ↑ 3,0 et 3,1 Isabelle Barth, Renaud Muller, « La coolitude comme nouvelle attitude de consommation : être sans être là. Réflexion prospective », sur Management & Avenir, (consulté le 1er mai 2021)
- ↑ Katherine Khodorowsky, Marketing & communication jeunes : vendre aux générations Y et Z, Dunod, dl 2015, ©2015 (ISBN 978-2-10-072101-6 et 2-10-072101-1, OCLC 904277986, lire en ligne)
- ↑ François Bégaudeau, Histoire de ta bêtise, (ISBN 978-2-7202-1562-9 et 2-7202-1562-7, OCLC 1084503592, lire en ligne)
Liens externes[modifier]
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