Alexandre Gauthier (historien)
Nom de naissance | Alexandre Louis Jean-Baptiste Gauthier |
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Naissance |
Le Bizot |
Décès |
Besançon |
Nationalité | Française |
Pays de résidence | France |
Profession | |
Autres activités | |
Distinctions |
Citoyen d'Honneur de la ville de Pavie Officier de l'Ordre national de la Légion d'honneur Croix de guerre 1914-1918 avec palmes Officier des Palmes Académiques Insigne des blessés militaires Médaille des services militaires volontaires Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 Chevalier de l'Ordre du mérite sportif et de la jeunesse Croix Flamande des Trois Cités 1914-1918 |
Alexandre Gauthier, né le au Bizot et mort en 1992 à Besançon[1], est un historien, enseignant, capitaine et résistant français[2]. Il combattit pendant les guerres mondiales, y compris en tant que résistant lors de la seconde, et écrivit beaucoup sur l'histoire de la Franche-Comté.
Histoire[modifier]
Jeunesse[modifier]
Né le au Bizot, dans une famille de trois enfants, Alexandre Louis Jean-Baptiste Gauthier[3] n'eut pas une enfance facile, car il perdit sa mère, Caroline Pergaud (1869-1901), à l'âge de seulement 7 ans. Comme son père, François Jean-Baptiste Gauthier (1858-1891) qui était instituteur au Bizot[4], il se tourna vers l'enseignement et fut reçu en 1911 à l'Ecole Normale. Il en sortit fin , à 21 ans, et fut aussitôt appelé au 42ème régiment d'infanterie, alors qu'éclatait la Première Guerre mondiale.
1914-1918[modifier]
Appelé en , sergent six mois plus tard, adjudant en 1916, il participe avec le 110ème Régiment d'Infanterie aux combats d'Artois, de la Somme, de l'Aisne, de Belgique, de l'Ourcq et de l'Ailette. Il est deux fois blessé et reçoit l'Insigne des blessés militaires. Durant la guerre, il s'illustre mainte fois non-seulement pour son héroïsme mais aussi pour ses qualités d'organisation. A sa démobilisation en , il est Lieutenant, reçoit la Légion d'Honneur[5],[6], et a droit, à titre personnel, au port de la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Il reçoit également la Croix de Guerre 1914-1918 avec palmes.
Entre-deux-guerres[modifier]
Le , instituteur à Frambouhans, il épouse Germaine Saulnier (1897-1997), également institutrice, dans le Doubs et a avec elle deux filles. En 1921, il est décoré de la médaille commémorative de la guerre 1914-1918. En 1925, il devient directeur de collège dans la petite ville d'Ornans[7]. Il y fonde le cours complémentaire et ses résultats lui valent d'être fait officier des palmes académiques et de la médaille d'or de la jeunesse et des sports.
Il reçoit aussi une médaille des services militaires volontaires en tant que réserviste et volontaire pendant la Première Guerre mondiale, d'autant qu'il devient directeur d'une école de sous-officiers de réserve. De plus, c'est à ce moment qu'il commence à se passionner pour l'histoire de la Franche-Comté et entame des recherches sur la période gallo-romaine.
Loin de se limiter à ces activités, il fonde un club artistique, rejoint la Société d’Émulation du Doubs, organise les cours d'apprentis Oerlikon et fonde même une mutuelle (section de la France Mutualiste).
1939-1945[modifier]
C'est au terme de 25 ans de vie à Ornans que se déroule la Deuxième Guerre mondiale où, pendant la drôle du guerre, il est rappelé comme capitaine. Il intègre le service du contrôle postal de Belfort. Très vite l'avancée allemande pousse son service à se réorganiser dans le sud de la France. Il règne là-bas un gigantesque désordre y compris dans l’approvisionnement et il doit plusieurs fois aider des officiers supérieurs et généraux à remettre de l'ordre dans leurs troupes alors que ceux-ci se trouvent dépassés par la situation. Il vivra la défaite de la France comme une grande honte tant personnelle que collective. Après l'armistice, il traverse illégalement la frontière entre la France de Vichy et la France Occupée afin de pénétrer en zone interdite, c'est-à-dire en Franche-Comté. Il se fait prendre mais parvient à cacher qu'il est militaire et fait même croire aux allemands qu'il était en train de traverser la frontière dans l'autre sens. Condamné par le tribunal allemand à retourner d'où il vient et à y rester, il peut donc en toute liberté continuer son chemin vers Pontarlier que les allemands croient être son lieu de départ. Il devient ensuite résistant à Ornans[8]. Avec l’aide d’un ukrainien installé à Ornans, il réalise des tracts afin d’avertir les soldats ukrainiens sous commandement allemand, stationnés dans la région, de la réalité de l’avancée alliée qui leur était cachée par la propagande Nazi. Ces tracts provoquèrent une rébellion au cours de laquelle les soldats ukrainiens fusillèrent les officiers allemands avant de déserter pour rejoindre la résistance. Bien que fier de son succès, il gardera toujours le regret de ne pas avoir pu épargner la vie des officiers. En apprenant la désertion de masse, les Allemands envoyèrent des soldats polonais pour tenir la région et parlementer avec les ukrainiens. Le maquis de Bar, du nom d'un des réservistes formé par Alexandre Gauthier, et dont il faisait lui-même partie, captura certains de ces polonais. Gauthier les interrogeas et les convainquis de suivre l'exemple des ukrainiens. Le reste des forces polonaises fut anéantie par les FFL et la région fut finalement libérée.
Lors de la libération, les habitants d'Ornans et des villages voisins tentèrent de se livrer à une épuration populaire, qui fut heureusement évitée grâce à Alexandre Gauthier, même si cela lui valut de passer à deux doigts de la mort puisque plusieurs résistants en colère se proposèrent de l'éliminer. Il avait en effet, toujours eu des différends avec une partie des Ornanais y compris le maire socialiste, ses adjoints et les membres du maquis d'Ornans (à tendance communiste) qui lui envoyaient d'ailleurs assez régulièrement des menaces de mort.
L'après-guerre[modifier]
Chevalier de la Légion d'honneur à l'issue de la Première Guerre mondiale, il devient officier en raison de son activité en 1939-1945. La médaille lui est remise par l'un de ses neveux, le colonel Pierre Besnard.
Dès leur retraite en 1950, Alexandre et Germaine Gauthier se déménagèrent pour Besançon, mais ils passaient en réalité tout l'été dans le petit village de Pointvillers. Ce ne fut certes pas une retraite de tout repos, car étant tous deux épris d'histoire, ils s'y consacrèrent pleinement. Le nombre des travaux parus dans les revues et journaux ne peut être négligé et concerne quantité de sujets allant de Jean de Vienne à la vie des prêtres du Canton de Maiche durant la révolution, en passant par l'expédition de La Pérouse et le massacre du père Receveur, ce qui leur valut de recevoir du Vatican la visite d'un prêtre de l'ordre des Cordeliers. Notons aussi une étude sur la participation des Francs-Comtois à la bataille de Pavie, ville dont Alexandre Gauthier devint le Citoyen d'Honneur. Cette étude était loin d'être dénuée de sens en réalité puisqu'il descend de plusieurs branches de la famille Bouhelier dont certains des membres sont célèbres pour la capture de François Ier pendant la bataille de Pavie qui leur valut d'être anoblis par Charles Quint[9].
Il se fera surtout connaître grâce à son travail sur la civilisation romaine dans le Doubs et participera activement au débat sur la localisation d'Alésia (officiellement située en Bourgogne)[10]. Selon Gauthier, la bataille d'Alésia aurait eu lieu dans les alentours d'Ornans, dans le lieu-dit d'Ully. En effet, ce site présente précisément les caractéristiques d'Alésia selon la description faite par Jules César dans La Guerre des Gaules, comme il le défend dans son ouvrage "Alésia, métropole disparue" en 1963, qui recevra le Prix Louis-Pergaud cette même année. Il y insiste notamment sur les similitudes entre un droit d'asile très ancien qui existe à Ornans et un droit d'asile qui existe à Pharsale, or Alésia et Pharsale sont les deux victoires (contre Vercingétorix et contre Pompée) qui ont permis à César de "devenir César"[11]. Au-delà du débat autour de l'emplacement du célèbre oppidum gaulois, il fit par exemple des recherches sur le village de Lavans-Vuillafans qu'il suspectait d'être un ancien camp de soldats auxiliaires de l'armée romaine[12].
Il étudie aussi l'architecture régionale. Il participera d'ailleurs, en tant que président de l'association "Le Folklore Comtois", à la création du remarquable musée des maisons comtoises de Nancray. À cause de l'histoire de sa vie, il s'intéresse également beaucoup aux guerres mondiales qui seront l'objet de plusieurs de ses articles[13].
Publications[modifier]
- Alésia, métropole disparue, Editions Xavier Mappus, 1963. (11ème Prix Louis-Pergaud).
- Quelques Heures de l'Histoire Municipale Bisontine d'après Gollut, Dunod, Castan, L. Febvre, Besançon municipaux, 1967.
- De Jacquemard à Barbisier, Besançon municipaux, 1968.
- Vaillance Comtoise à la Bataille de Pavie, Besançon municipaux, 1969.
- Béatrix de Cusance, duchesse de Lorraine : Amours et Guerres, Besançon municipaux, 1970.
- Les Prisons de Louis XIV à la Citadelle de Besançon, Besançon municipaux, 1971.
- Jouffroy d'Abbans, inventeur du bateau à vapeur, Besançon municipaux, 1972 & Compagnie des messageries maritimes, 1973.
- Le Comte Hilaire de Chardonnet (1839-1924), père de la soie artificielle, Besançon municipaux, 1973.
- Les Frères Lumière, Inventeurs du Cinématographe (1862-1954 et 1864-1948), Besançon municipaux, 1974.
- Charles Nodier (1780-1844), Besançon municipaux, 1975.
- Lieux et Personnages francs-comtois dans l'Œuvre de Stendhal, Besançon municipaux, 1976.
- Jean de Vienne, amiral de France (1341-1396), Besançon municipaux, 1977.
- Le Combat du Trou au Loup (1940), Franche-Comté: Le Magazine, 1983; Jura Français, 1983; et de Mouthe à Maîche, 1984.
- La Libération du Doubs: août-, de Mouthe à Maîche, 1986.
- Aux Mauvais Jours de la Ligne de Démarcation: à , de Mouthe à Maîche, 1987.
- L'Abbé Receveur, Compagnie des messageries maritimes.
Notes et références[modifier]
- ↑ Témoignage de J-B.Rousseau et Paul Rousseau, traité de généalogie, 2016, généanet.
- ↑ Paul Rousseau, traité de généalogie, 2016, généanet.
- ↑ Registre d'état civil (Le Bizot, 25210, Doubs, Franche-comté, France).
- ↑ Christian Monneret, traité de généalogie, 2016, généanet ; voir aussi : Le Haut-Doubs au dix-septième siècle.
- ↑ Famille Gauthier : Sur l'Uniforme de Capitaine de Alexandre Gauthier il y a 6 médailles dont celle de chevalier de la légion d'honneur et la croix de guerre.
- ↑ Témoignage de J-B Rousseau: Dans le début des années 1970 Alexandre Gauthier est promu de Chevalier à Officier de la Légion d'Honneur.
- ↑ Paul Rousseau, traité de Généalogie, 2016, généanet.
- ↑ Service historique du ministère de la Défense Français: http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/?q=content/dossiers-administratifs-de-r%C3%A9sistants.
- ↑ Bouhelier, Christian Monneret, 1997.
- ↑ André Berthier, archives du Jura: http://berthier.archeojurasites.org/content/lettre-du-18-juillet-1973-de-gauthier-r-potier-censure-sur-les-sites-jurassiens.
- ↑ Alexandre et Germaine Gauthier, Alésia Métropole Disparue, Le Puy-Lyon-Paris, Mappus, 1963.
- ↑ André Berthier, Archives d'Alésia, Gauthier Alexandre: http://berthier.archeojurasites.org/personnes-physiques/gauthier
- ↑ Discours funéraire pour Alexandre Gauthier, 1992, Colonel Bernard Saulnier.
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