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Affaire du Tarmac

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L' affaire du Tarmac est une action de protection de la population de Cour-sur-Heure (Belgique) contre un projet d'installation à risque cancérigène, de 1975 à 1978 et 1981. Un tournant historique dans le mouvement écologique, passant de la défense de la nature en danger, à celle des humains en danger, Le jour où l'écologie cessa de n'être que « fleurs et petits oiseaux »[N 1].

Photo prise depuis la carrière, très proche du village

Cette action inédite fit rapidement tache d'huile, déjà peu après lors de la violente contestation d'un barrage à Couvin, se revendiquant de l'action à Cour-sur-Heure[1].

Tirs de mines[modifier]

Une carrière de pierre calcaire (entreprise CCD : Chaux, Calcaire et Dérives) s'étendait le long du village de Cour-sur-Heure (500 habitants) et les tirs de mines étaient faits sans précaution. Le 11 septembre 1975, une violente explosion a fissuré les maisons et a fait retomber des blocs de pierre dans le village.

Attestation invalidité 100 %

Un habitant de la commune, Paul Verhoeven, malgré son état d'invalidité à 100 % à cause d'une hypothermie chronique, a organisé la défense des habitants (plaintes, actions en indemnisation, contacts avec les responsables politiques, pétitions)[2]. Une grosse pierre ayant traversé un groupe d'enfants et de parents à la sortie de l'école, il réussit à mobiliser la presse[3]. Il obtint le placement de sismographes pour surveiller les tirs de mine.

Unité de produits goudronnés[modifier]

La carrière décida alors d'implanter une unité de produits hydrocarbonés (à base de goudron), dont les gaz à risques cancérigènes allaient être retenus dans la vallée étroite. Paul Verhoeven mobilisa la population, la presse, les responsables politiques, avec réunions publiques et manifestations, affichages, pétitions régionales, reportages vidéo, télévision RTBF Antenne-soir, commissions d'enquête, du 28 août 1977 au 15 mars 1978, obtenant la décision au niveau communal (21 octobre 1977) et provincial (9 mars 1978)[4].

Le 7 avril 1978, la carrière est allée en appel au niveau ministériel, où une rencontre de Paul Verhoeven le 3 mai 1978 avec le secrétaire du ministre Spitaels ne laissait pas d'espoir. Il résolut de passer, le lendemain, à une action plus spectaculaire, de nuit, sur le site de la carrière (incendie de pneus d'un engin accidenté). Mais, dénoncé, il était attendu par la gendarmerie et fut placé en garde à vue et puis en détention préventive[5]. La presse belge et française dénonça cette action "criminelle", jusqu'à l'intervention du sénateur Duvieusart, qui obtint la libération de Paul Verhoeven le 11 mai 2018[6].

Le 3 juin 1978, Paul Verhoeven organisa une caravane de voiture parcourant toute la région concernée[7].

Ce fut un autre Ministre, Robert Urbain, qui eut la charge de refuser le recours de la carrière, au vu de toute la publicité faite[8].

Les suites judiciaires[modifier]

En février 1979, suite à la constitution de partie civile de la carrière CCD, l'action en correctionnelle s'est poursuivie au tribunal correctionnel de Charleroi, malgré l'intervention de parlementaires et de pétitions de la population (500). Le procès eut lieu le 11 janvier 1980, et le 7 février 1980 le juge suspendit le prononcé, pour 5 ans[9].

Le parquet général interjeta appel, à Mons, avec audiences les 26 novembre 1980, 15 décembre 1980 et 7 janvier 1981. Le 2 février 1981, la Cour d'Appel prononça une peine de prison de 6 mois, avec sursis[10].

L'exil[modifier]

Sujet à une étroite surveillance policière[11], Paul Verhoeven vendit sa maison et se réfugia sur un vieux bateau à Pont-de-Loup, où la police judiciaire mit trois mois pour le retrouver[N 2].. Le 20 juin 1981, la police judiciaire lui donna le choix entre quitter le pays ou se retrouver en prison en suscitant des faux témoignages, y compris en traumatisant les enfants de l'école de Pont de Loup[12].

Il conduisit le bateau à Givet où il vécut jusqu'au 30 juin 1984[13], ensuite sur un vieux bateau de pêche à Beaucaire (Gard)[14], puis une cabane en carton goudronné en Camargue[15], une ancienne conduite d'eau à Marguerittes, etc. En juillet 1989 il put acquérir, près des Gorges de l'Ardèche, à 30760 St Christol de Rodières (Gard) un ancien terrain viticole à l'abandon depuis 80 ans (domaine de Montagnac) et y assembler un bungalow en panneaux de contre-plaqué, où il vit depuis[16].

Plaque commémorative sur la maison

Le 30 juin 1985, la population de Cour-sur-Heure et environs a assisté à l'inauguration d'une plaque commémorative sur son ancienne maison, par le sénateur Yves de Wasseige et en sa présence (vidéo de la cérémonie) [17]. La RTBF y consacra "Un Petit Bout d'Histoire à…".[17].

En février 1990, parution du livre Cour-sur-Heure mourra-t-il ?, 540 pages A4, avec l'intégralité des archives de toutes les parties en cause[18]. Réédité en juillet 2020 (Ed. BOD, Paris, (ISBN 9782322236244)).

Le 28 février 1990, arrêté communal de Ham-sur-Heure-Nalinnes l'inscrivant en « citoyen de droit », au vu du service immense que vous avez rendu à notre entité par votre combat contre BETONAC[19] et refus de revenir sur cette inscription[20].

Caveau au cimetière de Cour-sur-Heure

Le 3 octobre 2013, cette disposition a été annulée par la commune, malgré la réprobation et l'incompréhension de la Presse[21], et il a été radié des listes de la population décision de radiation. Tout lien étant ainsi coupé avec son ancien pays, et se sentant définitivement rejeté, il demandera l'adjonction de la nationalité française qu'il obtiendra le 21 juillet 2015[22] et recouvrera le patronyme familial ancien « de Métairy » perdu à la Révolution.

Notes et références[modifier]

Notes[modifier]

  1. sous-titre du livre archives de l'ASBL "Protection de la Vallée de l'Eau d'Heure", Cour-sur-Heure mourra-t-il ?, 535 pages A4, bibliothèque du château de Ham-sur-Heure, - réédition juillet 2020 éditions BOD, (ISBN 9782322236244), comprenant tous les articles de presse, les lettres, les pétitions, les expertises contradictoires, les conclusions contradictoires devant les tribunaux, les points de vue de toutes les parties en cause, sans retenue ni exception
  2. livre supra, p. 333 : Un samedi soir, je finissais de me laver les cheveux sur le bateau, que je le vois pris sous les feux croisés de projecteurs. Je sors et vois deux véhicules de gendarmerie encadrant le bateau de leurs phares ; on venait tout simplement m'arrêter. Pourquoi ? Parce qu'une nuit, en forçant une portière de ma voiture, ils avaient trouvé "le plan d'une porte d'écluse que je voulais faire sauter", pas moins ! Il m'a fallu plus de 40 minutes pour leur démontrer, plan à l'appui, qu'il s'agissait en fait d'un plan d'aménagement de la cabine arrière du bateau, et qu'on ne construisait pas les portes d'écluse en Méranti, ni avec des lattes à pannes de 18 mm, ni avec des vitres et du mastic ! Quand ils finirent par repartir, ils n'étaient pas tout à fait convaincus…

Références[modifier]

  1. livre archives p 293-297, 301, La Nouvelle Gazette 27-30 juin 1978, 28 août 1978
  2. livre archives p 1 à 35
  3. idem, et journaux Le Rappel et la Nouvelle Gazette 23 et 28 décembre 1976
  4. livre supra p 38 à 183, journal Nouvelle Gazette 31/08/1977, 08/09/1977, 27/09/1977, Journal et Indépendance 27/09/1977 et 29/09/1977, Le Rappel 29/09/1977, Nouvelle Gazette 29/09/1977, 30/09/1977, 06/10/1977, 11/10/1977, 12/10/1977, éditorial 15/10/1977, 22/10/1977, 24/10/1977, 25/10/1977, 27/10/1977, 27/02/1978, 11/03/1978, 15/03/1978.
  5. livre supra p 189 à 229
  6. livre supra p 189 à 259, La Cité 08, 09 et 10/05/1978, Nord Eclair 08/05/1978, la Nouvelle Gazette 08 et 09/05/1978, 12/05/1978, 16/05/1978, 23/05/1978
  7. livre supra p 272-275, La Nouvelle Gazette 04/06/1978
  8. livre supra p 309, 320 à 323, la Nouvelle Gazette 29/09/1978, 16/12/1978, 23/12/1978, Le Rappel 16/12/1978
  9. livre supra, p 335-336, 342-344, 352-359, 361-366, 375-388, 392-400, La Nouvelle Gazette 19/09-1979, 20/10/1979, 26/10/1979, 11/01/01980, Le Rappel 11/01/1980, Le Soir 11/01/1980, La Cité 11/01/1980, Journal & indépendance 11/01/1980, Le Soir 08/02/1980, La Cité, 08/02/1980, Le Rappel 08/02/1980, La Nouvelle Gazette 08/02/1980
  10. livre supra p 404-406, 412-425, La Nouvelle Gazette 20/02/1980, 27/11/1980, 16/12/1980, 03/02/1981
  11. livre supra p 308, 333, 340, 345-346, 402, 410
  12. livre supra p 431-433
  13. livre supra p 437-453, 462-474
  14. livre supra p 474-488, 503-508
  15. livre supra p 522-529
  16. livre supra p 529-532
  17. 17,0 et 17,1 livre supra p 489-495, La Nouvelle Gazette 01/07/1985, Le Rappel 01/07/1985
  18. Le Rappel, 26 mars 1990, Boum, quand Cour-sur-Heure fait boum : un livre explosif (Nelly Brousmiche), La Nouvelle Gazette, 9 février 1990, Paul Verhoeven : la lutte impitoyable d'un homme simple (C. Plennevaux)
  19. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Popu-droit.jpg
  20. livre supra document page 533 : Ce serait faire preuve d'ingratitude déshonorante que de vouloir radier Paul Verhoeven qui a tout sacrifié pour que notre Entité ne soit pas livrée aux mains gluantes de BETONAC (usine de tarmac). Notre Entité, au contraire, doit s'honorer d'avoir possédé un tel administré en des moments cruciaux. (Jules Lejeune, bourgmestre)
  21. La Nouvelle Gazette, 14 octobre 2013, page 5, Ham-sur-Heure veut radier Paul Verhoeven (Michaël Kaibeck), où le bourgmestre remet en cause la portée de l'action : "Service rendu, service rendu, c’est vite dit" aperçu article
  22. décret 028/1065 du 21 juillet 2015, Journal Officiel du 23/07/2015, page 12559 colonne de droite ; extrait du décret

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