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Via Corsica

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La Via Corsica est un réseau de voies romaines qui sillonnait la Corse. Son existence est controversée, mais cette situation n’est pas un cas unique. Elle ressemble à celle de l’Espagne antique, où l'attestation d'une voie romaine s'appuie principalement sur un texte de Sénèque et où on retrouve, dans le sud de l’Espagne, les mêmes difficultés pour reconstituer le réseau routier[1].

Pertinence[modifier]

L'occupation romaine de la Corse dure environ treize siècles, du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au milieu du Xe siècle[note 1]. Une telle romanisation nécessite des déplacements, des échanges et donc la construction ou l’aménagement de voies de circulation, de voies de communication.

En ce qui concerne la Corse, plusieurs historiens du XXIe siècle semblent peu convaincus en général[2],[3],[4]. La lecture des textes anciens, les recherches dans la documentation historique et archéologique permettent de rassembler un certain nombre d’éléments qui assurent de la validité de l’existence de tels axes dans la Corse ancienne.

Enquête sur les sources historiques[modifier]

L’Itinéraire d'Antonin est le seul texte antique concernant la Corse à évoquer une route reliant différents points de l’île, situés tous le long ou dans la région de la côte orientale de l’île. Attribué souvent au IIe siècle, sa rédaction apparaît plus tardive, comme l’a démontré Raymond Chevallier. Le problème le plus délicat reste l’interprétation du document. Pour certains auteurs, la source du texte serait la Carte d'Agrippa, réalisée sous le règne d’Auguste, pour d’autres historiens, l'Itinéraire aurait pour base une carte murale réalisée au temps de Caracalla, au début du IIIe siècle, qui serait alors une compilation mal rédigée dans les premières années du règne de Dioclétien (284-305). Mais selon Raymond Chevallier, il est néanmoins établi que le texte est « un recueil de mansiones, munies de greniers destinés à recueillir les approvisionnements servant au paiement en nature des soldats et des fonctionnaires ».

Ce texte mentionne une voie de circulation dont la distance est calculée en milles. Partant de Mariana pour aboutir à Pallas, la route comprenait les étapes d'Aleria, de Præsidium et de Portus Favonus. De Mariana à Pallas, il y a 125 milles, de Mariana à Aleria 40 milles, d’Aleria à Praesidium 30 milles, de Praesidium au Portus Favonus 30 milles et du Portus Favonus à Pallas 25 milles.

D’apparence précise, le texte laisse pourtant dans l’incertitude pour ce qui concerne la localisation exacte de certains lieux. C’est pourquoi il est nécessaire de faire un point sur les connaissances acquises à propos de chaque étape de l’Itinéraire.

Mariana[modifier]

La première station de l’itinéraire est Mariana, fondée par Caius Marius en 100 av. J.-C. Comme l’écrit Frédérique Nucci :

« La ville de Mariana s’est développée sous l’Empire et a continué d’exister jusqu’au début du haut Moyen Âge. Mais c’est véritablement durant l’Antiquité tardive, vers l’époque constantinienne, que Mariana atteint sa plus grande prospérité, son plus grand degré de développement. »

Elle apparaît comme le point de départ du trajet, ce qui lui donne une valeur importante dans l’histoire des communications en Méditerranée.

Aleria[modifier]

La ville d’Aleria, occupée depuis la conquête de 259 av. J.-C., a connu plusieurs moments de développement. D'abord ville militaire destinée à la conquête de l'île, elle connaît dès la fin du IIIe siècle av. J.-C. plusieurs aménagements successifs dont les plus importants peuvent être datés de 198 av. J.-C., puis de l'époque des Gracques une soixantaine d'années plus tard. Enfin elle fait l’objet d’une fondation coloniale par Sylla, dictateur en 79 av. J.-C. avant de connaître d'autres aménagements aux temps de Pompée, de César et enfin d'Octavien et Auguste. Installée sur un plateau qui domine une plaine alluviale où serpentent deux fleuves, le Tavignanu et le Tagnone, Aleria est dite aussi urbs dans les textes anciens, ce qui assure de son rôle de centre politique de la Corse romaine.

L’itinéraire rejoint ainsi les deux villes romaines les plus anciennes de Corse, et il est probable que les thermes de Santa Laurina soient une mansio, c’est-à-dire une étape, une halte. Cet édifice, réservé aux voyageurs, et situé hors les murs de l’enceinte de la ville, est la première confirmation de l’existence d’une route structurée.

Praesidium[modifier]

Ce site pose beaucoup de problèmes d’identification, car il semble que les distances proposées par l’Itinéraire ne permettent pas de situer précisément ce point. René Rebuffat proposait de placer le site vers l’intérieur des terres, en remontant la vallée du Tavignanu à partir d’Aleria jusqu’à Poghju di Venacu et Riventosa[5].

Karl Müller va jusqu’à envisager qu’à un stade de l’histoire du texte, un glosateur, après avoir refait les comptes, ait eu un motif pour ajouter au texte la mention de Praesidium. D’autres historiens ont proposé des lieux possibles pour ce site[6].

Tous ces essais sont liés uniquement à la question des chiffres du manuscrit : il ne prennent pas en compte les réalités du terrain. Or selon Olivier Jehasse, il paraît plus juste, dans l’attente de découvertes archéologiques probantes, de chercher une explication à travers les textes antiques et l’étude linguistique contemporaine[7]. Dans la suite du texte, on considérera cette dernière analyse comme correcte.

Portus Favonus[modifier]

Ce site est identifié par la plupart des historiens comme le Port Philonios de Ptolémée, et correspond à la crique de Favona, sur le territoire de la commune de Conca[note 2].

Pallas[modifier]

Ce site suscite lui aussi de grandes divergences entre les auteurs. Plusieurs historiens identifient le lieu avec Bonifacio, à l’extrême sud de la côte orientale, en face de la Sardaigne[8].

Si cette question demande encore aujourd'hui d'être précisée, car les dimensions des structures administratives de l'Empire sont toujours délicates à présenter, si l’on s’en tient aux distances proposées par le texte, auxquelles il manque plus de 20 km. le golfe de Santa Ghjulia, au sud de Porto Vecchio est la position la plus en rapport à la fois avec les textes et avec la géographie historique de cette région.

Les acquis de la recherche contemporaine[modifier]

Études cadastrale, cartographique et toponymique[modifier]

L'occupation romaine, sur plusieurs siècles, de la plaine orientale de la Corse a laissé des traces dans les cadastres et les noms de lieux.

Dans l’Antiquité, les Romains aménageaient leur territoire en établissant des cadastres. Le projet de colonisation s’établit d’abord par une confiscation de l’espace, puis une géométrisation suivant des axes relevant du sacré afin de contrôler tout un territoire. Il s’agit de la centuriation.

La cadastration met en place au sein de la centuriation les limites des propriétés ou des lots destinés à être accordés aux bénéficiaires. L’établissement des cadastres est un projet à la fois économique, social et religieux où Rome impose sa civilisation[note 3].

Le plan cadastral s’organise généralement par rapport à deux tracés perpendiculaires, le cardo maximus (axe nord-sud) et le decumanus maximus (axe est-ouest) et permet ainsi d’obtenir un quadrillage en parcelles carrées ou rectangulaires, dont l’unité classique est la centurie (environ 50 ha).

Ce quadrillage servait à l’établissement des chemins ; les limites principales des centuriations sont constituées de routes et de chemins de liaison. Les marques des anciennes organisations perdurent à l’intérieur des parcellaires contemporains.

Documentation archéologique[modifier]

Structure des voies[modifier]

L'établissement des voies est conditionné par les « facteurs géographiques naturels, facteurs humains – répartition et densité de la population -, économiques, géopolitiques – importance stratégique des lieux traversés – moyens de circulation et niveau technologique ».

La plupart des voies romaines présentent des tronçons rectilignes ; sur une longue distance on observe une succession de segments de droite qui semblent se corriger et rattraper sans cesse la direction générale.

En Corse, vu l’état en date de 2008 des recherches archéologiques sur le monde romain, on ne peut connaître la structure physique des éventuelles voies romaines.

Les rues urbaines[modifier]

Lorsque Rome crée une ville, ou un nouveau centre colonial, avant même de construire des monuments ou des habitations, les arpenteurs viennent pour tracer la ville, prévoir son ordonnance générale, articuler ses différents quartiers, mettre en place ses organes essentiels.

Le schéma classique de la fondation d’une ville romaine comporte des rites rigoureux :

  • l’observation de la direction du soleil levant, au jour de la fondation, à partir du point de station de l’appareil de visée, appelé groma. Cette direction est celle d’une des deux rues principales, le decumanus maximus (orientation est-ouest) ;
  • la détermination de la direction perpendiculaire à la précédente et passant par le point de station de la groma, qui est celle de la seconde rue principale, le cardo maximus ;
  • le tracé d’un réseau de rues parallèles aux deux rues principales et équidistantes les unes des autres, les decumani et les cardines minores. Ceci permet un découpage en îlots d’habitations plus ou moins réguliers, les insulae.

Ainsi, la ville romaine apparaît comme une création de nature spirituelle selon un rite d’origine étrusque puisqu’elle représente, projetée sur le sol, une image du monde, du cosmos.

En général les rues principales étaient pavées, leurs sous-sol parcouru par des égouts, et bordées de trottoirs. La largeur moyenne des rues (sans trottoirs) variait de 4 à 7 mètres.

Les ouvrages d’art[modifier]

Les ponts romains comptent parmi les monuments les plus représentatifs de l'Antiquité romaine ; il s’agit de points de passage obligés, leur construction est liée souvent à des considérations d’ordre stratégique et économique.

En Corse, entre Mariana et le sud de la côte orientale, le franchissement des cours d’eau est une nécessité, à cause de la présence de nombreux ruisseaux et de plus d’une dizaine de fleuves assez larges pour obliger à concevoir des moyens de franchissement à sec. En date de 2008, aucun vestige véritable n’a été recensé.

À l’époque romaine, le pont n’est pas l’unique moyen pour franchir les cours d’eau. On note l’existence de bacs, pontons ou rates, manœuvrés à la rame ou à la draille par des ratiarii. Les gués naturels, endroits de moindre profondeur d’eau des rivières, étaient très utilisés. Il semble, d’après la tradition orale, qu’en Corse de nombreux gués étaient encore utilisés au début du XIXe siècle pour franchir les fleuves de la plaine. Leur recensement montre que sauf à Aleria, ils étaient souvent éloignés du tracé rectiligne supposé pour la voie, ce qui fait préférer l’hypothèse de bacs pour le franchissement de certaines rivières.

Malgré tout, même si cette question demande à être précisée, il ne paraît pas souhaitable d’éliminer l’hypothèse de l’existence de ponts d’époque romaine le long de l’Itinéraire, ponts qui ont aujourd’hui disparu, à cause de leur architecture en bois ou aussi à cause du changement des cours des fleuves insulaires, qui ont varié souvent au cours des siècles, comme le montrent les études de géomorphologie conduites le long des rivages orientaux de l’île.

Les bornes milliaires[modifier]

Monument emblématique des voies romaines, aucune borne milliaire n’a été retrouvée dans la plaine orientale de la Corse en date de 2008, contrairement à la Sardaigne où existent près d’une centaine de milliaires. Elles indiquaient les distances à parcourir, mais étaient aussi la marque de la puissance romaine. Leur absence en Corse peut s’expliquer par l’utilisation de matériaux en bois, fragiles et munis d’inscriptions peintes.

Nouvelles propositions sur le tracé de l’Itinéraire d’Antonin[modifier]

Cette route corse est donc attestée par un texte antique et l’on connaît les communes traversées, les sites d’étapes et les distances qui les séparent. Ces éléments sont autant de jalons qui permettent de restituer le tracé de la voie ou du moins la direction générale qu’elle empruntait.

L’Itinéraire d’Antonin rappelle visiblement l’axe le plus construit pour traverser l’île du nord au sud. Cette structure linéaire est aujourd’hui reconstituée presque dans sa totalité.

Conclusion[modifier]

L’Itinéraire d’Antonin dégage l’axe routier le plus fréquenté de Corse rejoignant le long de la côte orientale les points stratégiques de l’île : deux cités, Mariana et Pallas, constituant le point de départ et d’arrivée de l’Itinéraire ; une colonie, Aleria, centre organisateur de l’espace corse ; un fort, Praesidium, à vocation sécuritaire et un port, le Portus Favonus, à vocation économique.

L’Itinéraire d’Antonin rejoint des points déjà existants pour la plupart au moins depuis le Ier siècle av. J.-C.. Le côté oriental de l’île reste le lieu privilégié, car il permet de traverser la Corse du nord au sud, avec des haltes aménagées, comme les thermes de Santa Laurina.

À côté de cet Itinéraire, la Corse était également dotée de plusieurs routes, des sentiers secondaires et des voies de pénétration vers l’intérieur. Avec 250 sites romains, détectés par Geneviève Moracchini Mazel, datables du début de l’époque impériale pour la plupart d’entre eux et remontant le plus souvent au début du Ier siècle, il est fort probable que la Corse antique possédait des voies romaines.

Source[modifier]

  • Olivier Jehasse et Frédérique Nucci, Les Voies romaines de Corse : Étude rélisée pour le compte de la collectivité territoriale de Corse, programme Interres II : Les voies romaines en Méditerranée, Laboratoire de recherche d'histoire ancienne de l'université de Corse, , 48 p. (lire en ligne [PDF]).

Notes et références[modifier]

Notes[modifier]

  1. Voir l'histoire de la province de Corse-Sardaigne
  2. Des prospections archéologiques sous-marines ont permis la découverte de divers vestiges antiques, dont un reste d’épave et divers tessons. L'enquête dialectologique dans cette commune atteste bien de la concordance géographique des deux noms.
  3. Pour Roger Charre, « cette technique d’aménagement cadastral… a une triple fonction : c’est une méthode d’exploration, de repérage et d’appropriation d’un territoire ».

Références[modifier]

  1. Dans la revue Histoire et Archéologie d’octobre 1982, n°67, sur les voies romaines, Pierre Sillieres explique, dans un chapitre concernant La colonisation du sud de l’Espagne, que la plupart des routes antiques n’ont pas le même aspect. « Le plus souvent, il ne s’agissait que de chemins à peine empierrés qui ont perdu aujourd’hui tout trait spécifique : pas d’agger, pas de ponts), très rarement quelques milliaires et à proximité des villes seulement. Aussi est-il aujourd’hui difficile d’en dresser la carte. Même bien des routes mentionnées dans l’Itinéraire d’Antonin ou la Cosmographie sont de ce type et on ne peut donc en établir que des trajets approximatifs grâce à l’identification des mansiones. »
  2. Antoine Albitreccia écrit qu'« une incertitude règne au sujet des routes établies dans l’île » par les Romains.
  3. Pierre Antonetti doute de la romanisation lorsqu’il écrit : « enfin, une vraie romanisation, ce sont des routes, de vraies routes carrossables, faites pour défier les siècles. Or sous cet angle aussi, le bilan est maigre. »
  4. Jean Jehasse affirme que « rien n’indique encore, d’après des traces archéologiques certaines, une voie romaine » dans l’île.
  5. Le choix de René Rebuffat s’appuyait sur l’identification sur photos aériennes de structures fortifiées près de Poghju, de Riventosa et sur deux collines proches de Riventosa. En seconde proposition, Rebuffat a proposé une représentation graphique de la Corse venant en appui à son hypothèse, liant cette distorsion à une confusion faite d’une visée à partir de la mer. Il écrit « Dans ce cas l’itinéraire Aleria - Praesidio pouvait être représenté par un trait parallèle et assez proche de celui qui symbolisait l’itinéraire Aleria - Favona. La confusion, on le voit, était alors bien facile à commettre. »
  6. Jean Jehasse place Praesidium dans la région de Vezzani, car il accepte l’hypothèse d’une présence dans les montagnes de l’intérieur. Mario Ascari place Praesidium entre Asprivu et Abbazzia, dans le Fium'Orbu et corrige les chiffres du manuscrit, ce qui n’est pas très acceptable. Quant à André Berthelot, il propose que « Praesidio et le Portus Favoni font double emploi », mais il ne précise pas pourquoi.
  7. Partant de la lecture d’un texte de Strabon, Olivier Jehasse propose, après une lecture linguistique de toponymes fournis par la tradition écrite concernant la Corse, et de l’étude des lieux structurants de la géographie médiévale corse, de reconnaître dans Praesidium, la mémoire d’un Charax attesté par Strabon, et l’ancêtre du nom Castellu, attesté par le géonyme Pieve di Castellu, aux confins nord du Fium’Orbu. Pour lui, « ces trois toponymes, Charax, Præsidium et Castellu, renvoient à une seule et même réalité, un fort, un camp retranché, un monument ceint de remparts ». Cette analyse est renforcée par le point de vue de Xavier Poli, qui écrit que le « Praesidium, bien bâti sur l’emplacement de Charax (Palo) doit être probablement postérieur à Ptolémée ; il s’agit vraisemblablement d’un refuge fortifié, construit pour mettre les convois à l’abri d’une incursion des Syrbi ». Si on remarque des variations dans la datation, c’est que pour Xavier Poli, le texte de Ptolémée renvoie à une structuration de la Corse antérieure à l’arrivée des Romains. C’est pourquoi cette dernière analyse emporte la conviction, et l’on peut proposer de placer le Praesidium sur le territoire de la commune de Serra di Fium'Orbu, où un toponyme Charace semble désigner l’espace évoqué par tous ces textes.
  8. René Rebuffat place Pallas à la pointe de Sperone, car selon lui, « la carte de Ptolémée, localise avec beaucoup de précision au voisinage de Sperone une ville de Palla, où il est bien tentant de reconnaître la Palmas/Plalas, Pallas de l’Itinéraire, d’autant que la forme Palmas s’exprime aisément comme une lectio faciliter, et la forme Plalas comme une inadvertance à partir de la forme Pallas ». Geneviève Moracchini-Mazel considère que Palla est l’établissement portuaire du Piantarella au large du Cap Sperone, ce que reprend Roberto Zucca, dans son ouvrage. Par contre, Jean Jehasse considère qu’il faut rechercher Palla en arrière du golfe de Sant'Amanza, André Berthelot et François Ceccaldi, proposent l’anse de Porto Novu, plus au nord, et A.Ambrosi propose le golfe de Santa Ghjulia. Olivier Jehasse propose de reconnaître dans Pallas le Balas d’où vient le Blesinoi de Strabon, et le nom du peuple des Balatonoi de la carte de Claude Ptolémée et le place « dans les environs de Porti Vecchju ».

Voir aussi[modifier]

Articles connexes[modifier]

Liens externes[modifier]



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