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Notes sur l'enseignement

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Notes sur l'enseignement ✒️📰
Thème

L’essence de l’enseignement doit être comprise comme ce qui promeut simultanément les trois pôles qu’il met en présence : l’enseignant, l’enseigné et le savoir.

  • L’enseignant : c’est par l’enseignement c’est-à-dire par les exigences du partage pour un « public », exigences de validité pour « quiconque », quel que soit son système de croyances, que s’établissent les normes de vérité, de rationalité, d’universalité, de vérifiabilité… par quoi se définit le savoir. Je comprends ce que je sais quand j’ai à l’expliquer et à le justifier à quiconque parce que je me dois de donner à ce que je sais les normes du savoir et inversement, je rencontre et construis les normes du savoir parce que je partage avec quiconque, un public, ce que je sais. On apprend en enseignant, on possède vraiment ce qu'on sait en l'enseignant. En hébreu, un même mot dit "apprendre" et "enseigner".
  • Le savoir : pour Hegel l’intérêt de l’enseignement se rapporte moins à ceux qui sont à enseigner ( les élèves) qu’à ce qui est à enseigner ( le savoir), moins « aux sujets réels comme particularités contingentes à amener en possession de la vérité, qu’à cet objet dont l’absoluité exige qu’il possède des sujets pour s’y accomplir réflexivement ». ( Textes pédagogiques, Vrin). L’enseignement est donc essentiellement au service du savoir lui-même mais a besoin pour advenir de ces sujets que sont les enseignants et les enseignés (qui sont toujours des "particularités contingentes" -versus l'universalité nécessaire à laquelle prétend le savoir-) dont l’interaction génère le savoir. Un savoir c’est de l’enseignable universellement, c'est-à-dire indifférent aux particularités. C’est par la pratique de l’enseignement, par les nécessités de l’enseignement, que le savoir se donne ses exigences de forme : exigences de clarté objective, de démonstrabilité, de justifiabilité, d’universalité, bref, de scientificité. Ça ne vaut pas que pour l’enseignant chercheur pour qui l’enseignement n’est pas, en droit, qu’une tâche secondaire mais l’épreuve de la validité du savoir (elle peut se faire avec les pairs qui jouent alors objectivement le rôle d’enseignés) , mais pour l’enseignement à tout niveau. C’est pourquoi, selon Hegel, le cours magistral doit s’accompagner du cours dialogué où le savoir se confronte aux exigences de validation et de justification sous la responsabilité des enseignés qui sont ces sujets que le savoir exige pour «  s’accomplir réflexivement ». C’est là certainement la conception la plus substantielle de l’enseignement : pas seulement activité seconde de transmission d’un savoir qui se construit ailleurs mais condition de sa construction.
  • L’enseigné : ce qui semble aller de soi : prétention de l’enseignement à être à son service. Mais il ne s’agit pas que de faire assimiler des contenus d’enseignement mais de faire accéder au savoir et on ne peut y accéder ( le mot savoir est un substantif et aussi un verbe, c’est-à-dire un contenu dont la validité se fonde sur son mode de constitution) qu’en participant à sa construction. Le savoir, c’est l’intention de vérité. C’est la fonction active de l’enseigné dans la construction du savoir que suggère Hegel. Il revient à l’enseigné de réclamer les exigences constitutives du savoir évoquées plus haut par son questionnement, ses objections, ses demandes de clarification, d’explicitation, d’exemplification, de cohérence, de justification, par l’expression de ses perplexités, de ses doutes, de ses interrogations et, bien sûr, l’exigence de garantie des normes de vérité. Appelons tout cela «  esprit critique » à quoi l’enseigné doit être initié pour construire son savoir en participant à la construction du savoir. L’enseignant doit rendre l’enseigné capable d’exiger les normes du savoir ( = développer l’esprit critique) ce qui est proprement enseigner, c’est-à-dire faire accéder au savoir.

Il n’y a de savoir que parce qu’il y a de l’enseignement et inversement.


Cet article a été écrit il y a quelques années. Et je fais cette heureuse rencontre de lecture :

On s'apprête à publier, cet automne 2023, les cours donnés à Vincennes par Deleuze dans les années 80. Voilà ce que dit Frédéric Astier qui participe à cette publication : "ces cours, c'est vraiment l'espace où le philosophe élabore son oeuvre écrite, où il expérimente ses concepts, teste leurs connexions et perçoit à la lumière des regards, ce qu'ils provoquent chez son auditoire..." Et Deleuze lui-même dans un entretien de 1988 : "les cours (...) c'est comme un laboratoire de recherches : on fait cours sur ce qu'on cherche et pas sur ce qu'on sait ".


Les pédagogues ont cette responsabilité de faire s'épanouir les talents et les génies de leurs élèves. Ils ont cette responsabilité devant leur collectivité de ne pas laisser avorter ces talents et ces génies.