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Le couple dans La Genèse

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Le couple dans les deux versions de La Genèse.

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Le couple dans La Genèse ✒️📰
Thème Bible, Genèse, Philosophie

Dans la première version, le couple est d’emblée créé : « il les créa mâle et femelle », égalité (il n’est nulle part question de subordination de l’un à l’égard de l’autre) et indépendance  initiale. Dualité initiale et maintenue. Finalité du couple : »croissez et multipliez », la reproduction, la procréation. Concept strictement biologique du couple. Animalité, sexualité reproductrice. Une dimension cependant les extrait de la stricte animalité : ce sont les fermiers du monde qui ont « autorité sur tout vivant qui remue sur la terre » en quoi ils sont à l’image de Dieu (rapport d’autorité sur le monde, de responsabilité à son égard). Donc à la fois dans la création et à distance de la création, l’homme n’est pas une créature comme les autres tout en étant soumis comme tous les vivants qui remuent sur la terre à la reproduction.

Dans la deuxième version, l’homme est d’abord seul (comme Dieu lui-même), rien qui lui ressemble dans la création (la femme n’est pas la première solution à sa solitude, Dieu essaie d’abord de combler sa solitude en créant les animaux, mais, dans l’animalité, rien qui lui ressemble… la création tâtonne),   et la suite semble montrer qu’il s’agit du mâle seul ; d’abord, donc, seulement des hommes  ?... C’est dire en tous cas qu’il n’y a au départ aucune préoccupation, comme dans la première version, de la procréation, de la reproduction, de la sexualité. L’homme dans la deuxième version, un dieu éphémère qui ne dure que le temps de trois phrases. La femme alors émanation d’une partie de l’homme, un extrait autonomisé, un clonage (solution à la ressemblance recherchée). Donc relation initiale de subordination, inégalité de principe : de l’homme, la femme est « la chair de la chair » ; la réciproque n’est pas, bien sûr : l’un est partie de l’autre non inversement. De l’autre et du semblable en même temps, de l’alter ego.

Mouvement  :

1. une totalité initiale mais esseulée,

2. une séparation : l’extraction d’une partie de lui-même qui devient autonome (partie de soi-même qu’on détache de soi-même pour se contempler soi-même et se connaître soi-même, être face à soi-même ; l’homme se révèle à soi-même par le couple),

3. Puis une recomposition comme visée (la finalité de la vie en couple) : « ils deviendront une seule chair ». Séparation pour recomposer une unité supérieure. Fausse complétude initiale : « il n’est pas bon que l’homme soit seul » : la finalité du couple n’est pas la reproduction, mais le couple lui-même comme condition de la complétude de l’homme ; la solitude initiale de l’homme, c’est-à-dire le manque, l’incomplétude, est à surmonter par le couple. Ça mérite d’être comparé au mythe du Banquet : l’amour est la recherche d’une complétude initiale et perdue.

Le couple donc, substance émergente : il y a plus dans le couple que dans la somme des deux individualités, le couple devient un être par soi, substanciel et les individualités elles-mêmes transcendées, exhaussées, complétées : il y a plus dans les individualités en couple que dans les individualités initiales et séparées (1). La sexualité dans la deuxième version : »une seule chair », c’est la fusion comme accomplissement du couple, manifestation du couple comme substance valant par soi, comme substance émergente(2).

Le couple est la liaison la plus essentielle. Il se forme par la déliaison de la relation filiale qu’il dépasse : « c’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chair ». Indissolubilité du couple et dissolution programmée du lien filial qui est provisoire et donc destiné à se défaire et qui doit se défaire pour que l’émancipation ait lieu (unité qui se fait par détachement, on devient soi en s’arrachant à la fusion initiale, inverse du mouvement du lien conjugal). Bref, c’est du temps : l’amour filial est appelé à s’amortir, c’est un amour qui supporte le relâchement du lien, le détachement. La mort des parents doit être supportée comme ultime et nécessaire détachement qui se prépare dans la construction du couple qui lui n’est pas appelé à s’amortir, son destin étant la fusion, ce n’est plus du temps, c’est de l’éternité : l’amour conjugal est destiné à l’éternité, c’est le retour à la fusion, à l’unité. Thème de la valeur de la fidélité.

L’amour filial est temporel, l’amour conjugal est éternel. Ce dernier sera la métaphore de la relation de l’homme à Dieu, l’union mystique, le Christ époux des nonnes (épousailles non destinées à la reproduction…).

Dans la première version l’homme est animal et divin : un couple destiné à la reproduction investi d’une autorité divine sur le vivant qu’il est, lui aussi. Peut-être difficulté à penser l’humanité : avant l’homme, il n’y a que de l’animal et du divin. Raté, on recommence, tâtonnement du texte biblique.

Dans la deuxième version, il est humain enfin, passage de l’animalité à l’humanité, passage de la sexualité reproductrice  à l’amour. C’est un couple métaphysique,  moral et spirituel qui a sa valeur en soi et n’a nul besoin d’être légitimé par la reproduction.

Conséquence possible : un couple homosexuel répond parfaitement à la vocation du couple de la deuxième version.


On peut à partir de là proposer une réflexion sur la notion de "mariage pour tous".

Une analyse dépassionnée devrait simplement reconnaître que le sens de l'institution change du fait de l'admission du "mariage pour tous". Pierre Manent (la référence est à retrouver) considère l'institution du mariage comme fondatrice en ce qu'elle consiste à organiser les rapports de la nature et de la culture : elle organise sur le plan des mœurs, du droit, de la règle, des relations naturelles : celles entre les sexes et celles entre les générations, synchronie et diachronie. Et ainsi, pour Manent, qui semble penser sous l'expression "rapport entre les sexes", uniquement rapport entre des sexes différents, d' en déduire que le rapport homosexuel est nécessairement indifférent à la génération (au rapport diachronique organisé par l'institution du mariage qui constitue pour partie son essence) et par là annule le sens du mariage pour n'en faire qu'une institution de reconnaissance de l'amour ou du désir dans un couple. Et il en conclut que s'il est légitime que cette reconnaissance soit instituée, cela peut se faire par une relation juridique autre que le mariage et, par là, en préserver le sens.

Admettre le "mariage pour tous" c'est donc donner au mariage ce sens nouveau : non plus ce qui organise les relations entre générations mais ce qui institue le couple. Il se référerait alors moins à la première version biblique des rapports entre Adam et Eve fondé sur la génération qu'à la seconde qui semble ignorer la reproduction pour fonder cette relation sur la construction émancipatrice du couple dans laquelle peut se reconnaître le couple homosexuel.

Mais il n'est pas certain que le couple homosexuel se satisfasse de ne se considérer que lui-même ; les faits montrent qu'il a souvent les mêmes désirs de procréation que le couple hétérosexuel. De fait le mariage pour Manent n'organiserait pas tant le rapport entre les sexes qu'il n'imposerait comme seule légitime la relation hétérosexuelle de même qu'il délégitimerait toute autre forme de génération que la génération naturelle... Ce sont alors les possibilités de procréation autres que naturelles qui permettent à l'homosexualité de participer à la génération et à la filiation. D'où les relations entre homosexualité et procréation artificielle, procréation artificielle qui permet, entre autre, au mariage homosexuel de s'inscrire dans l'institution fondatrice du mariage...

(1)Valéry dans une lettre à Catherine Pozzi : "Quand tu n'es pas là, je suis absent, séparé de moi, étranger, incomplet, autre." Le couple comme condition de la complétude de soi.

(2) On parle d'émergence quand des qualités apparaissent dans une totalité, une composition, du fait des interactions des éléments qui ne possédaient pas ces qualités à l'état séparés.