Jean-Pierre Voyer
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Jean-Pierre Voyer, né le à Bolbec (Seine-Maritime) et mort le à Pont-Audemer (Eure)[1], est un activiste et un essayiste français.
Biographie[modifier]
Durant les années 1970, il travaille quelque temps aux éditions Champ libre[2] où il est aussi édité, mais s'en est séparé après que Gérard Lebovici se soit indigné d'une affiche Le Tapin de Paris affirmant que la pensée de Marx et de Hegel n'avait pas encore été critiquée. Sur ce point, il faut cependant signaler que les versions divergent. Dans son livre Un cavalier à la mer, Gérard Guégan indique le dépliant-affiche de Reich, mode d'emploi comme origine du courroux du mécène[3][réf. non conforme].
À partir de 1997, il s'attaque à la critique littéraire. Dans Réponse à Rideau de Marc-Edouard Nabe, il affirme notamment que « Céline est génial parce qu'antisémite et antisémite parce que génial »[4].
En 2010, Jean-Pierre Voyer intervient à propos des questions financières sur le blog de Paul Jorion[5].
Il décède en 2019 à Pont-Audemer (Eure)[1]. Il habitait avec son amie Dominique à Bourneville depuis de nombreuses années[réf. nécessaire].
Pensée[modifier]
Ses conceptions théoriques se présentent comme issues de l'héritage critique de l'Internationale situationniste.
Depuis 1975, il pratique l'analyse conceptuelle[6].
Les travaux philosophiques de Jean-Pierre Voyer sont autant de variations et d'approfondissements sur un thème principal : la communication entre les hommes, considérée comme le principe de toute humanité.
Selon lui, l'humanité commence réellement avec la communication. La présupposition première de toute existence humaine n'est pas, comme l'écrit Marx, que les hommes doivent être à même de vivre pour pouvoir faire l'histoire, et que pour cela il faut avant tout — le « avant tout » est bien de Marx — boire, manger, se loger, s'habiller et quelques autres choses encore. Cela tous les animaux le font et ne sont pas pour autant des hommes, ils ne font pas pour autant leur histoire. C'est simplement la présupposition de la vie de n'importe quel animal : il faut qu'un animal mange, boive, dorme s'il veut vivre, il faut qu'un animal vive s'il veut vivre. Au contraire, la présupposition première de toute existence humaine, partant de toute histoire, est que certains animaux utilisent leur vie d'animaux, utilisent ce qui était un but et en fassent donc un simple moyen — en un mot suppriment l'indépendance de ce but — pour communiquer. Évidemment, seuls des animaux vivants peuvent s'aviser de faire cela, mais ce n'est pas le fait qu'ils soient vivants, qu'ils mangent, qu'ils boivent, qui permet de dire qu'ils sont des hommes, mais seulement qu'ils utilisent cela pour communiquer. Les hommes pour être à même de vivre, et de vivre comme des hommes et non seulement comme des animaux, doivent être justement capables — c'est cette capacité qui est refusée aux esclaves salariés ou non, aux assujettis, aux pauvres de tous les temps — d'utiliser leurs besoins animaux, la satisfaction de leurs besoins de manger, de boire, de se loger, de s'habiller à des fins de communication, comme matière à communication.
Dès la fin des années 1970, il réfute l'économie et la conception utilitariste de l'activité humaine, notamment celle de Karl Marx. Il préfère se rattacher directement à celle de Hegel : « Être homme, c'est communiquer, c'est rechercher la reconnaissance ». Il propose une conception anti-utilitariste de la médiation de l'autre.
Un certain nombre de points peuvent être dégagés de ses théories :
- la réfutation de l'économie : selon Jean-Pierre Voyer, l'économie n'est qu'une croyance et un mythe, elle est devenue massive depuis seulement quarante ans, cette croyance en l’existence d’une prétendue chose sociale ayant remplacé la croyance en un prétendu dieu : « l'économie n'existe pas » ;
- une critique de l'utilitarisme dans sa version marxiste, libérale ou sociale-démocrate et un soutien affirmé de la résistance à cet utilitarisme dont la figure la plus importante est celle de la religion survivant essentiellement dans la résistance islamiste à l'impérialisme américain ;
- critique du syndicalisme, il organise avec ses amis, la pose d'une bannière de 15 mètres qui se déploie automatiquement le rue Saint-Antoine, affichant « Fête de l'Aliénation » au moment du passage du cortège syndical ;
- un horizon d'attente autour d'une vraie communication, à propos de laquelle il affirme qu'on peut savoir non ce qu'elle est mais plus modestement ce qu'elle n'est pas ; Mai 68, « période durant laquelle des inconnus pouvaient s'adresser la parole dans la rue et discuter de choses importantes pour eux », en a constitué l'expérience récente la plus aboutie mais aussi la plus falsifiée ;
- un mépris affiché à l'égard des intellectuels présents ou représentés sur la scène médiatique, comme Guy Debord ou Bernard-Henri Lévy, qu'il qualifie respectivement de « vieux pédé » et de « pute intellectuelle » ;
- sur son site, il expose ses réflexions théoriques et celles sur l'actualité plus immédiate dans Le knock-blot de M. Ripley[7]. Principalement sur la question palestinienne en publiant surtout des textes critiquant l'axe américano-sioniste et en faisant l'éloge de personnalités aussi diverses que Ben Laden ou Alain Soral. Son anticonformisme l’amène à puiser ses sources sur des sites multiples et éclectiques.
Œuvres[modifier]
- Reich : mode d'emploi, texte-affiche, Paris, Champ Libre, , 9 p., 22 cm (notice BnF no FRBNF35280809, SUDOC 00199459X, présentation en ligne, lire en ligne) [PDF] [autre format].
- J.-P. Voyer et Jean-Jacques Raspaud, L'Internationale situationniste : chronologie, bibliographie, protagonistes, avec un index des noms insultés, Paris, Champ libre (réimpr. 1972) (1re éd. 1971), 169 p., 21 cm (OCLC 1068540262, notice BnF no FRBNF35364741, SUDOC 002154935, présentation en ligne)[8].
- Introduction à la science de la publicité, Paris, Champ libre, , 91 p., 22 cm (ISBN 2-85184-030-4, OCLC 1384298540, notice BnF no FRBNF34566824, SUDOC 00007148X, présentation en ligne).
- Une enquête sur la nature et les causes de la misère des gens, Paris / Strasbourg, Champ libre / Éditions anonymes (réimpr. 2006) (1re éd. 1976), 120 p., 22 cm (ISBN 978-2-9523529-3-2, OCLC 2695539, notice BnF no FRBNF34557660, SUDOC 000036579, présentation en ligne).
- Correspondance, Vol. 1, 1978, Champ Libre. On y trouve les lettres échangées entre Voyer et Gérard Lebovici, Champ Libre.
- Rapport sur l'état des illusions dans notre parti suivi de Révélations sur le principe du monde, 1979, Institut de préhistoire contemporaine.
- Fin du situationnisme paisible, 1981, Institut de préhistoire contemporaine.
- Revue de préhistoire contemporaine no 1, 1982, Institut de préhistoire contemporaine (articles « Le Jugement de Dieu est commencé » et « Réponse à l'auteur de Marx envers et contre Marx »).
- Hécatombe, 1991, La Nuit. On y trouve, notamment, la totalité de ses lettres à Gérard Lebovici.
- L'imbécile de Paris, Strasbourg, Éditions anonymes (réimpr. 2007) (1re éd. 1996), 73 p., 18 cm (ISBN 978-2-9523529-4-9, OCLC 495397128, notice BnF no FRBNF40203276, SUDOC 069888612, présentation en ligne).
- J.-P. Voyer et Karl von Nichts (édition augmentée et révisée par), Limites de conversation, Strasbourg, Éditions anonymes (réimpr. 2005) (1re éd. 1998), 259 p., 21 cm (ISBN 978-2-9523529-1-8, OCLC 495399002, notice BnF no FRBNF40203272, SUDOC 069891834, présentation en ligne)[9].
- Diatribe d'un fanatique, Strasbourg, Éditions anonymes (réimpr. 2005) (1re éd. 2002), 120 p., 19 cm (ISBN 978-2-9523529-0-1, OCLC 237345980, notice BnF no FRBNF38919314, SUDOC 085238724, présentation en ligne)[10],[Note 1].
Critiques[modifier]
- Guy Debord écrit en 1984 que Jean-Pierre Voyer est « fou »[11].
- Le spectacle de Jean-Pierre Voyer[12].
- Yves Tenret, Comment j'ai tué la Troisième Internationale situationniste, 2004, La Différence.
- Le Maître du Bas Château — Portrait de Jean-Pierre Voyer / 12[13].
Notes et références[modifier]
Note[modifier]
- ↑ L'ouvrage est largement consacrée au 11 septembre.
Références[modifier]
- ↑ 1,0 et 1,1 « Fiche de Jean-Pierre Voyer », sur Fichier des personnes décédées (MatchID) (consulté le 10 novembre 2023).
- ↑ Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord : 1931-1994, Paris, Plon / Pocket / Pascal Galodé / Univers Poche (réimpr. 2001, 2012 et 2016) (1re éd. 1999), 441 p., 23 cm (ISBN 2-259-18797-8, OCLC 1033426145, notice BnF no FRBNF37054113, SUDOC 048652784, présentation en ligne, lire en ligne), p. 268.
- ↑ « Téléologie », sur Téléologie (consulté le 8 mai 2023).
- ↑ Jean-Pierre Voyer, « Réponse à Rideau de Marc-Édouard Nabe » (version du 22 septembre 2010 sur l'Internet Archive).
- ↑ Jean-Pierre Voyer, « À propos de « La monnaie – Schémas d’écritures » de Jean Bayard », sur Blog de Paul Jorion, (consulté le 10 novembre 2023).
- ↑ Jean-Pierre Voyer, « Commentaire d'un manuscrit de 1975 » (version du 30 janvier 2013 sur l'Internet Archive).
- ↑ Jean-Pierre Voyer, « Le knock-blot de M. Ripley (page 4) » (version du 1 octobre 2023 sur l'Internet Archive).
- ↑ François Bott, « Le crépuscule des idéologies », sur Le Monde, (consulté le 10 novembre 2023).
- ↑ « Limites de conversation » (version du 26 janvier 2013 sur l'Internet Archive).
- ↑ « Diatribe d'un fanatique » (version du 8 juillet 2017 sur l'Internet Archive).
- ↑ Jean-Pierre Voyer, « Debord est un homme que je corrige toujours » (version du 1 octobre 2023 sur l'Internet Archive).
- ↑ « Le spectacle de Jean-Pierre Voyer » (version du 14 septembre 2008 sur l'Internet Archive).
- ↑ Xavier Lucarno, « Le Maître du Bas Château - Portrait de Jean-Pierre Voyer / 12 », sur xlucarno.blogspot.com, (consulté le 10 novembre 2023).
Voir aussi[modifier]
Bibliographie[modifier]
- Paul Josias, « Haro sur les putes intellectuelles, hommage à Jean-Pierre Voyer », revue Éléments : Surpopulation la menace, Paris, Seprecom, no 184, (ISSN 1251-8441, présentation en ligne).
Articles connexes[modifier]
Liens externes[modifier]
- Erreur Lua dans Module:Wikidata à la ligne 606 : attempt to index field 'wikibase' (a nil value).
- Erreur de script : la fonction « tout » n’existe pas.
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