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Esthétique relationnelle

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L‘esthétique relationnelle ou art relationnel est un mouvement ou une théorie de l'art contemporain, originellement défini par le critique français Nicolas Bourriaud en 1995. Ce dernier a défini cette approche comme « théorie esthétique consistant à juger les œuvres d'art en fonction des relations interhumaines qu'elles figurent, produisent ou suscitent[1]. »

Définition[modifier]

L‘esthétique relationnelle ou art relationnel se réfère à un ensemble de pratiques artistiques contemporaines dont l'essence repose sur la question très vaste de la relation. Ce concept se distingue de l'esthétique relationnelle, bien que dans l'usage il y ait une confusion entre les deux concepts. En effet, l'art relationnel ne se limite pas à l'esthétique relationnelle qui se réfère à un corpus précis d'œuvres défini par Nicolas Bourriaud dans son ouvrage Esthétique relationnelle publié aux éditions Les Presses du réel en 1998. Cet ouvrage fort controversé est néanmoins une référence incontournable[réf. nécessaire] sur la question de l'art relationnel et un recueil de textes d'abord publiés dans la revue Documents sur l'art. L'objectif avoué de Bourriaud est de théoriser des pratiques contemporaines qui « pren[nent] pour point de départ théorique et/ou pratique la sphère des rapports humains ». Pourtant, comme le souligne Claire Bishop dans son article « Antagonism and Relational Aesthetics », publié en 2004 dans le périodique October, les œuvres exemplifiées par Bourriaud se limiteraient à une conception consensuelle de la relation, ce qui tendrait à exclure tout un pan de l'art contemporain et actuel basé sur une conception de la relation en termes de 'dissensus' (Jacques Rancière), voire de conflit.

L’esthétique relationnelle telle que la conçoit Nicolas Bourriaud pourrait être résumée par cette phrase de son essai : « L’art est un état de rencontre ». Loin de se limiter à un art "interactif", il s'agit de montrer comment la sphère des relations humaines, au même titre que celle de la consommation dans les années 1960, reconfigure les pratiques artistiques et produit des formes originales. Les figures formelles de l'art relationnel sont la collaboration, l'entretien, la manifestation (Philippe Parreno : "No more reality", 1991), la modélisation de relations sociales ou la construction d'outils de communication (Pierre Huyghe et Melik Ohanian: "Mobile TV", 1996).

Dans l’art relationnel, l’accent est mis sur « l’expérience de la relation sociale », elle peut, ou non, se matérialiser sous forme "d’objets d’art" qui, la plupart du temps, sont à considérer comme des documents a posteriori, des « traces » (au sens de Jacques Derrida) de ces instants de rencontre.

Les principaux artistes que l’on rattache généralement à ce mouvement sont : Rirkrit Tiravanija, Dominique Gonzalez-Foerster, Vanessa Beecroft, Carsten Höller, Pierre Huyghe, Pierre Joseph, Henry Bond, Angela Bulloch, Jes Brinch, Henrik Plenge Jakobsen, Maurizio Cattelan, Andrea Clavadetscher, Eric Schumacher, Liam Gillick, Douglas Gordon, Jens Haaning, Lothar Hempel, Christine Hill, Noritoshi Hirakawa, Olga Kisseleva, Peter Land, Miltos Manetas, Gabriel Orozco, Jorge Pardo, Philippe Parreno, Jason Rhoades, Santiago Sierra, Christopher Sperandio, Simon Grennan, Gillian Wearing, Kenji Yanobe, Raoul Marek, Yann Dumoget, [Christian Faucouit].

La sphère de l'art relationnel constitue un des principaux enjeux artistiques de la génération des jeunes artistes des années 1990.

Quelques exemples d’œuvres[modifier]

  • Rirkrit Tiravanija organise un dîner chez un collectionneur, et lui laisse le matériel nécessaire à la préparation d'une soupe thaï.
  • Philippe Parreno invite des gens à pratiquer leurs hobbies favoris le jour du premier mai, sur une chaîne de montage d'usine.
  • Vanessa Beecroft habille et coiffe d'une perruque identique une vingtaine de femmes que le visiteurs ne perçoit que de l'embrasure de la porte.
  • Maurizio Cattelan nourrit des rats avec du fromage "Bel paese" et les vend comme multiples.
  • Jes Brinch et Henrik Plenge Jacobsen installent sur une place de Copenhague un autobus renversé.
  • Christine Hill se fait engager comme caissière dans un supermarché, et anime dans une galerie un cours hebdomadaire de gymnastique.
  • Carsten Höller recrée la formule chimique des molécules sécrétées par le cerveau humain dans l'état amoureux, élève des pinsons dans le but de leur apprendre un chant nouveau.
  • Noritoshi Hirakawa passe une petite annonce dans un quotidien afin de trouver une jeune fille qui accepterait de participer à son exposition.
  • Pierre Huyghe convoque des gens pour un casting, expose la photographie d'ouvriers en plein de travail à quelques mètres de leur chantier.

Bibliographie[modifier]

  • Bourriaud, Nicolas, L'esthétique relationnelle, Dijon : Les Presses du réel, 1998. (ISBN 978-2-84066-030-9).
  • Lennep, Jacques, Alchimie du sens: Ouvrage comportant une contribution à la défense de l'esthétique relationnelle, 1999.
  • Bourriaud, Nicolas, Postproduction : La culture comme scénario : comment l'art reprogramme le monde contemporain, Dijon : Les Presses du réel, 2004. (ISBN 978-2-84066-101-6).
  • Chermann, Jean-François, Caillon, Eric, Bourriaud, Nicolas, Dasamio, Alberto, L'esthétique relationnelle médicale, 2006.
  • Forest, Fred, "Manifeste pour une esthétique de la communication", http://www.webnetmuseum.org/html/fr/expo-retr-fredforest/bibliographie/biblio_odr_couvertures/+_-_0_.htm, Bruxelles 1985
  • Forest, Fred Art sociologique. Video, Coll. "10/18", UGE, Paris, 1977
  • Forest, Fred, L'œuvre-système invisible: Prolongement historique de l'Art sociologique, de l'Esthétique de la communication et de l'Esthétique relationnelle, Paris : L'Harmattan, 2006.
  • La salle du monde, Édition en coffret en trois volumes (deux catalogues/video) Raoul Marek, Bernard Fibicher, Jean Christoph von Tavel, Reanate Puvogel, Jacques Dyck - Akademie Schloss Solitude Stuttgart 1994
  • Le Château d'Oiron et son cabinet des curiosités, Jean-Hubert Martin, Édition du patrimoine - monum 2000
  • Sergueï Wolkonsky, Mémoires d'un artiste oublié, Édition S. Sushi, 2011
  • "La crise de la pensée artistique contemporaine : crise de communication. L’évanescence d’une histoire de pluralisme et le déclin de l’institutionnalisme artistique" , Ramzi Turki, www.arthybris.com.

Notes et références[modifier]

  1. Nicolas Bourriaud, L'esthétique relationnelle, p. 117, édition Les presses du réel, (ISBN 2-84066-030-X)

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