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Document johannique

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Le Document johannique (ou Document J) est un texte hypothétique dont l'existence a été postulée par Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille dans les années 1980-1990. Il serait une des sources ayant servi à composer les Actes des Apôtres. Ce document, forcément antérieur à la rédaction des Actes qui est généralement datée des années 80-90, aurait été écrit par un nazoréen fortement influencé par les idées de Jean le Baptiste, d'où le nom qui lui a été donné.

Les sources des Actes des Apôtres[modifier]

La question des sources utilisées pour écrire les Actes des Apôtres est en débat depuis plus d'un siècle. On note particulièrement les travaux de Adolf von Harnack[1] et de Joachim Jeremias[2] au sujet des premiers chapitres des Actes[3] (chapitres 2 à 5 des Actes)[4].

Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille prennent en considération les divergences entre le « texte occidental » et le « texte alexandrin » des Actes des Apôtres[5], ainsi que les nombreuses autres variantes textuelles. À l'aide « d'une critique textuelle minutieuse alliée à une analyse littéraire très fine[5] », ils font « ressortir la pluralité des sources et l'évolution de la rédaction, chaque strate rédactionnelle possédant ses propres orientations[5]. » Boismard et Lamouille parviennent à identifier quatre documents qui auraient permis à leur auteur d'écrire ces Actes des Apôtres. Le premier d'entre eux est ce qu'ils appellent « document pétrinien » ou « document P »[6], qui constitue la « Geste de Pierre » et dont l'essentiel se trouve dans la première partie des Actes. Outre ce « document pétrinien », les deux premiers rédacteurs des Actes auraient aussi utilisé un « document johannique »[5], écrit par un nazôréen fortement influencé par les idées de Jean le Baptiste. La « Geste de Paul » aurait aussi pour sources un « Journal de voyage » et un « document paulinien », tous deux rédigés par des disciples de Paul de Tarse.

À la suite de ces travaux, François Blanchetière considère comme source directe des Actes, uniquement la partie tirée du « document pétrinien », appelé « document P »[6]. Pour reconstituer l'histoire des proto-nazôréens, il a recours « particulièrement à ce que Boismard et Lamouille appellent la « Geste de Pierre » (Ac 1, 6-12, 25 exception faite de l'inclusion Ac 9. 1-30 qui relève de la « Geste de Paul ») dont la source principale est un document – dit « document P » – vraisemblablement identique aux « Mémoires de Pierre » mentionnées par Origène[6],[7]. »

L'activité littéraire du premier rédacteur des Actes[modifier]

Dans la « Geste de Pierre », le premier rédacteur des Actes (Act I) « va montrer que Jésus doit réaliser ce qu'une tradition juive, attestée dans la Bible, attribuait au prophète Élie : revenir sur la terre afin d'y effectuer la restauration politique du royaume d'Israël[8],[9]. » Ce rôle était aussi attribué à Jean le Baptiste par ses disciples, « comme le montre le Benedictus (Lc 1, 68-79)[9]. » Le « document Johanique » (document J) que le rédacteur de Act I a aussi utilisé pour rédiger son écrit exprimait aussi cette espérance eschatologique[8]. « Pour s'opposer aux prétentions des disciples de Jean, Act I va reprendre ce « document J » et le couper en trois tronçons qu'il va incorporer dans trois discours-programme prononcés, l'un par Pierre (Ac 3, 19-26), le deuxième par Étienne (Ac 7, 2s), le troisième par Paul (Ac 13, 17s) (Geste de Paul)[8]. »

Selon Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, les récits du document pétrinien — peut-être écrits juste avant la révolte juive de 66-70 — « ne parlaient pas d'eschatologie; il n'y était nulle part question d'un retour du Christ dans un avenir indéterminé[10]. » Le premier rédacteur des Actes des Apôtres fait au contraire de ce thème son centre d'intérêt principal, dans la perspective d'un « nationalisme juif exacerbé ». Une dizaine d'années après la défaite de la révolte juive et la destruction du Temple de Jérusalem, pour lui « le Christ, maintenant au ciel, doit revenir pour effectuer la restauration du royaume d'Israël ; il sera lui-même le roi de ce royaume restauré sur la terre au profit du nouveau peuple de Dieu[10]. »

On décèle dans le « document johannique » « à l'arrière plan des Actes des Apôtres, une sorte de lutte d'influence pour ne pas parler d'antagonisme entre « les disciples de Jean (Mt 9, 14) », qui voient dans leur maître la personnification du Messie (Jn 3, 28) et ceux du Nazaréen[11]. » On retrouve la même tendance par la suite dans l'évangile attribué à Jean[12]. Le premier rédacteur des Actes va reprendre ces idées « mais pour les rattacher à la personne de Jésus en qui Dieu va réaliser la promesse faite à Abraham de lui donner Canaan et donc de restaurer la royauté en Israël[9]. » Pour lui « ce n'est pas Jean, mais Jésus qui est le nouvel Élie, enlevé comme lui au ciel, et comme Élie envoyant son esprit sur Élisée, Jésus envoie son esprit sur les siens[9] », réunis à la Pentecôte.

Bibliographie[modifier]

Articles connexes[modifier]

Notes et références[modifier]

  1. Adolf von Harnack, Die apostelgeschichte, Leipzig, 1908, p. 142-145, cité par Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, op. cit., livre I, p. 6.
  2. Joachim Jeremias, Untersuchugen zum Quellenproblem der Apostelgeschichte, dans ZNW 36, 1937, p. 205-213, cité par Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, op. cit., livre I, p. 6.
  3. Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre I à VI, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 6-7.
  4. À partir de l'analyse de nombreux doublets Adolf von Harnack concluait que l'auteur avait utilisé deux sources différentes pour les chapitres 2 à 5 des Actes. Toutefois cette thèse fut contestée avec succès par Joachim Jeremias, sur un des points: la double comparution des apôtres devant le Sanhédrin (Ac 4, 1-22 et 5, 17-42). Cette double comparution devant le Sanhédrin ne serait pas un doublet, mais correspondrait à la législation juive: des accusés ne pouvaient être condamnés qu'après un avertissement officiel et en cas de récidive. cf. Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, op. cit., p. 7.
  5. 5,0 5,1 5,2 et 5,3 François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 103.
  6. 6,0 6,1 et 6,2 François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 104.
  7. « Pour reconstituer les premières décennies du proto-nazaréisme, nous aurons recours tout particulièrement à ce que Boismard et Lamouille appellent la "geste de Pierre" (Ac 1, 6-12, 25 exception faite de l'inclusion Ac 9. 1-30 qui relève de la geste de Paul) dont la source principale est le document – dit document P – vraisemblablement identique aux "mémoires de Pierre" mentionnées par Origène. » François Blanchetière, op. cit., p. 104.
  8. 8,0 8,1 et 8,2 Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre II, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 73.
  9. 9,0 9,1 9,2 et 9,3 François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 218.
  10. 10,0 et 10,1 Marie-Émile Boismard et Arnaud Lamouille, Actes des deux apôtres, livre II, Paris, 1990, Librairie Lecoffre J. Gabalda et Cie éditeurs, p. 133.
  11. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 217-218.
  12. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 217.



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