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Abbas al-Qadiri al-Boutchichi

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Sidi al-Hajj ‘Abbas al-Qadiri al-Boutchichi, né en 1890 à Bouyahyi au sud de Ahfir, dans le Nord-Est marocain et mort le à Oujda, est un mystique musulman, cheikh (maître spirituel) de la Boutchichiyya, une branche de la Qadiriyya, une des plus importantes confréries soufies marocaines et maghrébines.

Biographie[modifier]

À la mort de son père Sidi Al Mokhtar en 1914, Sidi ‘Abbas s'emploieà faire fonctionner la zawiya de Madagh en compagnie de son grand frère al-Makki qui succéda à son père défunt dans la direction spirituelle de la confrérie Qadiriyya Boutchichiyya. Sidi 'Abbas s’occupait quant à lui des activités agricoles. Ces dernières prennent une dimension relativement importante lorsqu’il devient le vice-président de la Chambre Marocaine d’Agriculture d’Oujda, fonction qu’il occupe jusqu’en 1951 pour devenir délégué de cette même chambre au conseil du gouvernement. Parallèlement, et à la mort de son frère aîné Al-Makki en 1936, il continue le développement des locaux de la zawiya qui était jusque-là restée aux dimensions de la petite maison de son père, le cheikh Boumadyene, mort en 1914.

Sidi ‘Abbas perçoit très jeune une insatisfaction spirituelle. Malgré son appartenance de fait à la confrérie dont il portait le nom, sa soif spirituelle demeurait profonde. Cet homme était ce que l'on appelle dans la tradition soufie un majdhub, ces individus au comportement si singuliers qu’on les dit fous mais qui dans la société musulmane traditionnelle deviennent les vecteurs d’un enseignement allusif dont il revient à chacun de comprendre ce qu’il peut selon ses capacités. C'est à cause de cette dimension cachée qu'incarnait ce majdhub que le jeune 'Abbas (il n'avait que 17 ans) lui demanda de le guider.

Les disciples de la confrérie Qadiriyya Boutchichiyya conservent cette conversation comme suit : « Sidi ‘Abbas demanda au majdhub de lui donner un dhikr. Celui-ci lui demanda s’il voulait devenir fou. Et Sidi ‘Abbas de lui répondre : « N’est-il pas déjà fou celui qui est dominé par son ego ? ». Après renseignements, l’homme lui conseilla de retourner à ses affaires et de ne pas s’inquiéter quant à sa recherche d’un cheikh. Celui-ci frapperait lui-même à sa porte ».

L’exemple est assez éminent pour illustrer, dans ce contexte d’une famille de soufis, tout l’intérêt porté aux hommes de Dieu et en l’occurrence aux majdhub, porteurs de vérités dissimulées au grand nombre voire réservées à une personne seulement.

Ainsi, et malgré son insatisfaction spirituel et sa profonde soif de trouver un enseignement qui le transforme vraiment, Si ‘Abbas se tint paradoxalement à l’injonction d’un inconnu, à la recommandation d’un fou de Dieu de rester là où il était, au côté de son frère à s’occuper de ses affaires tout en attendant que la clef de sa quête viennent se présenter d’elle-même.

Cette attente durera 35 ans (de 1907 à 1942). 35 années de travail et d’enrichissement pour un paysan devenu entrepreneur mais aussi 35 années de patience pendant lesquelles il s’attendra chaque jour à ce que son cheikh se présente. La persévérance qu’il eu est d’ailleurs, aujourd’hui encore, un haut sujet d’enseignement pour les membres de la confrérie.

Cette expérience de l’attente est tout à fait comparable à celles des grands mystiques dont le plus bel exemple reste sans doute celui de Yunus Emre (mort en 1321). Ce poète soufi originaire d’Anatolie qui dû, à défaut de recevoir un enseignement direct, de visu, se contenter de balayer la cour de son maître pendant de nombreuses années avant de repartir, dépité, sans se rendre compte du colossal travail d’évidage qu’il avait alors réalisé et qui l’aura mené à un grand état de sainteté, confirmé publiquement par des charismes qu’il manifestera par la suite.

Cette lecture nous permet de voir se réaliser la prémonition du majdhub pour laquelle les 35 ans d’attente sont symétriquement le laps de temps nécessaire au futur maître de Si ‘Abbas, Si Boumediene Qadiri Boutchich de se former lui-même à la guidance spirituelle et ce, en accomplissant un véritable périple initiatique, tout à fait concrét celui-là. Or donc, ce périple s’achèvera totalement en 1942, quand Si Boumediene rencontra Si 'Abbas, qui était d'ailleurs son cousin, et qui deviendra son successeur directe.

Précisément, Si Boumediene entendit d’abord parler de Si Hamza, fils de Si 'Abbas. Le jeune Hamza finissait alors sa formation aux sciences islamiques à Madagh. Si Boumediene l'invita chez lui pour vérifier les éloges qu’il recueillait déjà des vieux fûqaras de la zaouïa. C’est peu de temps après, à l’occasion des funérailles d’une des sœurs de Sidi Hamza que le destin du vieux cheikh (il avait alors près de 70 ans) se noua définitivement avec celui de ceux qui seront ses successeurs : Sidi ‘Abbas et son fils Sidi Hamza.

Sidi Hamza raconte cet évènement dans les termes qui suivent :

« 1942 est l’année durant laquelle mon père et moi avons pris Sidi Boumediene comme maître spirituel. Mon père m’a précédé d’un mois dans la pratique de l’éducation spirituelle. Durant les quatorze années où nous sommes restés près de notre maître, nous nous sommes consacrés aux actes de dévotion, principalement à la lecture du Coran et à l’invocation (dhikr). Nous avons ainsi, en compagnie de Sidi Boumediene, traversés les différentes étapes de la voie spirituelle ».

Sidi al-Hajj al-‘Abbas à 52 ans est un homme déjà mûr lorsque son fils de 19 ans le rejoint auprès du même maître. Le meilleur âge pour rentrer dans la voie soufie était traditionnellement le milieu de la vie, lorsque, voyant ses enfants partir du foyer familial et ses parents progressivement quitter ce monde, les hommes se préparaient dès lors à mourir à leur tour et donc à rejoindre l’enseignement d’un maître pour, selon l’adage prophétique, « mourir avant de mourir ». L’âge de Sidi Hamza est donc une exception rare dans la tradition soufie.

Il est vrai que la direction de la confrérie sous Si Boumediene est relativement rude. L'application de la loi (Shari'a) est drastique et tout écart est sévèrement condamné par l'exclusion pure et simple. L'enseignement se mérite et les disciples ne doivent jamais oublier qu'il s'adresse avant tout à une certaine élite spirituelle.

Sidi‘Abbas, qui en avait éminemment conscience, fut à ce point bouleversé par la rencontre avec son cheikh qu’il exigea de lui qu’il s’installe chez lui, dans la zawiya de Madagh, et dispose de tous ses biens et richesses. Sidi Boumediene ira même jusqu’à épouser une des jeunes filles de son hôte, Lalla Zyneb.

Si ‘Abbas reçut donc l’héritage spirituel de Sidi Boumediene, mort le , non sans éprouver celui-ci comme un lourd fardeau. Il n’est à ce propos pas rare de retrouver ce sentiment dans d’autres confréries au moment où le maître choisit un disciple (quand ce n’est pas son fils) pour s’occuper de la direction spirituelle de la confrérie. Pour Si ‘Abbas l’impression de ne pas être à la hauteur fut si forte qu’elle le poussa au silence pendant près de cinq ans. Il ne fit connaître les volontés du maître défunt qu’en 1960. C’est alors qu’il recommandera aux autres disciples de « prendre le dhikr » de ses mains.

C’est à partir de sa direction qu’une première réadaptation de l'enseignement au contexte socio-culturel apparaît vers le début des années 1960. Si'Abbas explique dans une lettre que le gnostique éducateur, détenteur du nom suprême (Allah) « (…) s’affranchit des méthodes antérieurs par la maîtrise des moyens de l’éducation spirituelle (…) ».

Ainsi, selon Sidi al-Hajj al-‘Abbas, l’éducation spirituelle ne se base par sur une recette prédéfinie, valables pour tous, sans que des facteurs de temps et d’espace n’entrent en ligne de compte. Cet état de fait renvoi aux différentes désignations que, dans le soufisme, le guide spirituel revêt symboliquement : Le « médecin des cœurs » (tabib al qulub) de ses disciples et aussi le « maître des temps » (mûl al-waqt).

Sa relation avec ses aspirants (murid) est de ce fait personnalisée et transhistorique car elle s’adapte aux configurations spirituelles du moment. Cette adaptation va aussi concerner un allègement des exercices spirituels. En effet, si la voie de Si Boumediene était en un sens plutôt rigoureuse, le cheikh s’imposait malgré tout bien plus à lui-même qu’à ses disciples et avait, semble-t-il, l’intuition de l’évolution de sa confrérie, passant d’une voie de majesté (Jalal) à une voie de beauté (Jamal). Une anecdote rapportée par Si ‘Abbas le confirme d’ailleurs :

« Une fois, il m'avait vu en train de peiner et de faire plus que ce que je pouvais : il me l'interdit en disant : Nous sommes entrés par la porte de la majesté et nous nous sommes fatigués, tu es entré par la porte de la grâce et de la beauté, alors ne t'arrête pas ».

À partir de 1960, la Boutchichiyya va changer de méthode et commencer à toucher davantage de monde issu de catégories sociales fort diverses, jusque dans les milieux intellectuels. Si Boumediene revivifia la tarîqa. Elle passa grâce à lui d’une dimension de piété se limitant à la prière et/ou à l’approfondissement livresque de la voie soufie, à une dimension pleinement éducative (tarîqa tarbawiyya) dotée du secret spirituel (Sirr). Pour autant, cette transformation ne s’était pas, sous son autorité, réellement manifestée d’un point de vue extérieur.

C’est sous Si ‘Abbas que la tarîqa va en quelque sorte raviver la flamme du soufisme en devenant dès le début des années soixante, la première confrérie du Maroc Oriental. L’expansion de la tarîqa se dirigeras progressivement vers l’Ouest où quelques disciples aidés de membres de la famille Boutchich travailleront à la diffuser dans les grandes villes de la côte. Puis, dans les années 1967-68, Si ‘Abbas réalisera une tournée (ziyara) des zawiyas, partant de l’Est vers l’Ouest marocain, visitant les villes de Taza, Fez, Salé, Casablanca, Rabat, Agadir, Ouarzazate, jusqu’au Sud.

C’est à peu près à cette date que l’on peut situer la première grande expansion de la confrérie au Maroc. Aux yeux du cheikh ‘Abbas, le grand développement de la Qadiriyya Bûtchichiyya allait de soi et semblait même se placer dans la continuité de son évolution :

« Ainsi étaient les choses. On a laissé de côté le chemin de la force et de l'isolement et on l’a remplacé par le chemin du dhikr et de la réunion. Tout s'est très bien passé, grâce à Dieu. En très peu de temps, cette voie de Dieu a illuminé le cœur des disciples qui ont eu une intention droite et des objectifs nobles : Ils n'ont pas terni leurs intentions par des intérêts personnels ou des objectifs mondains, invoquer Dieu et se réunir pour cela n'est pas une chose nouvelle en islam ».

C’est donc une tout autre forme de soufisme que celle de la « voie de rigueur » réinstauré par Si Boumediene. Ce phénomène n’est pourtant pas nouveau puisque déjà, dans l’histoire des confréries, il s’est trouvé de nombreux maîtres soufis (choyoukh) qui initiaient en grand nombre et ce dans une manière tout à fait comparable à celle de Si’Abbas. Ainsi en est-il par exemple de l’Égypte du XVIe siècle où l’on voit des choyoukh acceptés de donner le pacte à quiconque le demandait tout en ne leur prescrivant que les formules du dhikr. On a pu expliquer cette conduite en disant que par elle, les choyoukh mettaient un frein à l’expansion de confréries hétérodoxes en faisant pénétrer le soufisme dans de larges couches de la population. En transposant, nous pouvons voir que la même attitude s’applique dès lors non plus aux groupements religieux hérétiques mais bien plutôt aux dérives de certains groupements politiques et plus particulièrement à celles des mouvements fondamentalistes.

Parallèlement, la Qadiriyya Boutchichiyya ne s'est pas positionné officiellement en tant qu'antidote contre l'islamisme. Son action et sa réputation, qui demeure à ce jour est bien plutôt basé sur le travail sur soi et l'estime de tous.

Le soufisme, on l'aura compris, parle surtout d’éducation du comportement. Si la personne même du cheikh est au cœur de ce processus initiatique permettant la transformation des disciples, cela s'exprime par l’exemple, là où l’humilité y a une place de choix :

« Vous comprendrez que je ne suis pas quelqu’un qui se vante, ni un savant qui peut se permettre la fatwa, ni même quelqu’un qui peut guider les gens à la lumière du Livre et de la Sunna : Cela est le travail des savants spécialisés dans l’étude des textes et qui se penchent sur leur analyse.

Ma relation avec vous est une relation spirituelle et éducative, basée sur la compagnie et l’amour de Dieu, sur la réunion pour L’invoquer et s’exposer à Ses grâces, (…) sur la pureté du cœur, sur le renforcement de l’être et son illumination par la lumière de la foi et tout ce qui en résulte en matière de pratique spirituelle, d’éducation et de comportement, car lorsque l’intérieur d’un être est pur, cela rejaillit sur l’extérieur ».

Sidi al-Hajj al-‘Abbas Qadiri Boutchich est mort le à Oujda et fut enterré dans le mausolée (darih) de la zawiya de Madagh après lecture de son testament spirituel (wassiyya).

Références[modifier]

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