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Émile Joseph Duzer

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Remise de la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur au Lt Col Émile Duzer à Alger le 11 novembre 1948.

Émile Joseph Duzer est un colonel de l'armée française, né le 30 juillet 1888 à Orléansville (Algérie), mort le 24 octobre 1964 à Tours (Indre-et-Loire), combattant de la Première Guerre mondiale et de la campagne du Maroc.


Biographie[modifier]

Il s’agit d’un pied-noir de troisième génération puisque son père est né à Ténès le 22 mars 1853. C’est son grand père qui a émigré en Algérie vers 1844, s’est marié à Ténès le 21 juillet 1846, trois ans après le passage de cette région sous administration française, en y faisant venir une payse de son Gers natal.

Émile Duzer passe son enfance aux environs immédiats d’Orléansville. S’il parle français à l’école et en famille, dès qu’il est dehors avec ses copains, c’est en arabe qu’il s’exprime.

Engagé volontaire au 7e Régiment de dragons le 19 août 1908, sa parfaite maîtrise de l’arabe est vite repérée, il fait fonction d’interprète militaire, passe les examens requis et est nommé interprète stagiaire au conseil de guerre d'Oran dès juillet 1909 puis officier interprète de 3e classe en septembre 1911. Sa première affectation d’officier des affaires indigènes[1] est à El Aïoun Sidi Mellouk.

En fait ce n’est qu’une base arrière, car dès 1910 et au cours des années suivantes, il participe aux combats et aux opérations de « pacification » de la frontière marocaine. C’est ainsi qu’en 1910 il fait partie de la colonne Féraud. Interprète du colonel Féraud et directement partie prenante aux décisions d’un chef qu’il admire, il s’illustre en particulier dans des opérations de renseignement[2] inhabituelles pour l’époque, et assez proches de l’action de nos forces spéciales d’aujourd’hui. Il traverse notamment la Moulouya qui a servi quelque temps de ligne de front, et passe plusieurs jours seul en territoire ennemi déguisé en arabe. Légèrement blessé à plusieurs reprises au cours de ces années, il aura deux chevaux tués sous lui au combat.

Contrairement à la période précédente, la première guerre mondiale est pour lui une période calme. Malgré ses demandes réitérées d’affectation dans des unités combattantes, il est maintenu au Maroc où la France a besoin de conserver une structure administrative et de renseignement. Ce n’est qu’au milieu de l’année 1918 qu’il parvient à ses fins, à l’occasion de la réaffectation qui suit sa promotion au grade d’officier interprète de 1re classe (capitaine) mouvement qui le maintient initialement en Afrique du nord, mais au cours duquel il échange son affectation avec un camarade, pratique admise à l’époque. Affecté dans ces conditions au 4e Régiment mixte de Zouaves et de Tirailleurs, il arrive à son poste le 10 juillet 1918, quelques jours avant le déclenchement de la seconde bataille de la Marne, où son régiment, au sein de la 38e Division d’Infanterie du général Guyot de Salins prend une part active à la percée réalisée par cette division dès le début de la contre offensive (combats de Parcy et Tigny 18 juillet 1918), puis aux combats de Clencourt et de Carlepont.

À compter de début 1919, il est réaffecté dans le sud algérien (Aflou puis Djelfa) puis participe à la campagne du Rif au cours de laquelle on lui confie à plusieurs reprises le commandement de tribus ralliées utilisées comme troupes supplétives[3]. C’est là qu’il s’illustrera le plus et sera cité plusieurs fois. On peut relever ces deux citations successives :

octobre 1925, à l’ordre du 19e corps d’armée en campagne au Maroc

« Vient de se signaler à nouveau brillamment à la tête d’un groupement de partisans, pendant les opérations offensives du 19e corps d’armée au Nord de Kifane. Le 30 septembre 1925, a été chargé de précéder l’infanterie à l’attaque du Kerkour, âprement défendu par un ennemi opiniâtre et retranché à la moderne. Refoulé une 1re fois avec des pertes sensibles, est reparti à l’attaque après une préparation d’artillerie et a enlevé de haute lutte le sommet du Kerkour, soulevant par son audace et sa bravoure l’admiration de tous. »

20 octobre 1925, à l’ordre de la 1re division de marche du Maroc

« Officier interprète du plus grand mérite. Après l’affaire du Kerkour (30 septembre) a su, avec beaucoup de tact politique pendant les trois jours suivants, exploiter un mouvement de soumission chez les Gzmaïa et par des reconnaissances à longue portée, a grandement facilité la progression ultérieure de la division avec laquelle il opérait. »

Affecté à Alger le 3 janvier 1926 au Conseil de guerre d’abord, puis à la Direction des territoires du Sud le 30 mai 1928 (Service des Affaires Indigènes au Gouvernement Général de l’Algérie), il ne quittera plus, jusqu’à l’indépendance, la capitale algérienne que pour des missions ponctuelles dans le sud et ne traitera pendant les 25 années suivantes que des affaires politiques jusqu’à sa retraite le 30 juillet 1953[4].

Une fois passées les cérémonies du centenaire de l’Algérie, au cours desquelles il sert d’interprète au Président Gaston Doumergue[5], en 1933 de sa propre initiative il adresse au Gouverneur Général d’Algérie Jules Carde un rapport[6] où il analyse la montée du nationalisme algérien et alerte sur le caractère inéluctable de la perte de l’Algérie faute d’une politique adéquate.

Malgré cette conscience de la situation, il demeurera à Alger jusqu’à la fin, et ne quittera son pays natal qu’en juin 1962. Auparavant il aura fait l’expérience de se faire tirer dessus par une unité de l’armée française, lors de la fusillade de la rue d’Isly à Alger. Le 26 mars 1962 il est au contact direct du barrage de la rue d’Isly tenu par le 4e Régiment de Tirailleurs et tente même d’engager le dialogue en arabe avant que les tirailleurs n’ouvrent le feu. Il en réchappe, allongé derrière un arbre à quelques mètres des tireurs, et il se demandera longtemps si ces quelques mots lui ont sauvé la vie. Son témoignage[7],[8] paraît dans la presse, mais il ne sera jamais sollicité par une enquête officielle, si tant est qu’il y en ait eu une.

Il meurt à Tours le 24 octobre 1964 à l’âge de 76 ans.

Grades successifs[modifier]

26/08/1908 Dragon de 2e classe

25/09/1909 Interprète stagiaire

25/09/1911 Officier interprète de 3e classe

23/09/1913 Officier interprète de 2e classe

19/04/1918 Officier interprète de 1re classe

21/03/1932 Interprète Commandant

25/03/1943 Lieutenant-Colonel

01/01/1949 Colonel[9]

Distinctions

Légion d’Honneur :

  • Chevalier du 05/07/1925
  • Officier du 28/06/1934
  • Commandeur[10] du 11/02/1948

Commandeur du Ouissam Alaouite du 27/09/1933

Commandeur de l'Ordre du Nichan Iftikhar

Croix de guerre des T.O.E. avec deux étoiles

Médaille espagnole « La Paz »

Médailles commémoratives

Vie familiale

Marié le 16 juillet 1910 à Ténès avec Julie Marie Gassier (1888-1953). Le couple a eu trois enfants :

  • Alfred Émile Duzer, Professeur d’hématologie au CHU de Dijon (1914-1985)
  • René Louis Duzer, Conservateur des hypothèques (1916-1982)
  • Albert Robert Duzer, Commerçant (1920-1986)

Notes et références[modifier]

  1. Raymond PEYRONNET, Livre d'or des officiers des affaires indigènes, 1830-1930, Alger, Gouvernement Général de l'Algérie, P. et G. Souviron, , Tome 1, p. 766
  2. « DUZER, Officier Interprète de 2e classe au Service des Renseignements du Cercle d'Oudjda. Envoyé pendant plusieurs mois à El Aïoun afin d'y intensifier le Service des Renseignements, a accompli cette mission avec son adresse coutumière. A fait naître les sources d'information les plus précieuses et, grâce à ses aptitudes spéciales à l'investigation, a permis de tenir plus court les tribus de la périphérie du poste. » (Bulletin Officiel, Maroc, 1915, p. 318)
  3. Charles Joseph DAMIDAUX, Combats au Maroc, 1925-1926, Berger-Levrault, , p. 22
  4. Registre matricule au C.A.O.M. http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/regmatmil/osd.php?clef=Duzer-Emile+Joseph-1908-1954-Alg%C3%A9rie-Alger-1888-07-30-Orl%C3%A9ansville-Alger-
  5. Film des actualités cinématographiques relatant le centenaire de l’Algérie, où il apparaît : https://www.youtube.com/watch?v=abj_hmUhPAQ à l’écran de 0:47 à 1:17, de 1:33 à 3:17, de 10:33 à 11:25 (en gros plan autour de la 11e minute), 14:04 à 14:50 http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04714/alger-accueille-le-president-gaston-doumergue.html à l’écran vers la fin de la seconde minute
  6. le rapport rédigé par Émile DUZER en 1933 figure au Centre des archives d’outre-mer (CAOM) sous deux références différentes : - ALG GGA série H ref 10H90 - ALG GGA série CM ref 1CM3
  7. Livre blanc, Alger, le 26 mars 1962, L'Esprit Nouveau,
  8. Francine DESSAIGNE et Marie Jeanne REY, Un crime sans assassins, Éditions Confrérie Castille, 4ème trim 1994
  9. (J.O. no 200, p. 8478-8482)
  10. (1948, notice L.H. n° c-321509 [archive])

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