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Socianalyse

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La socianalyse, telle qu’introduite en 1956 par Jacques et Maria Van Bockstaele, est :

  • 1°) une théorie des rapports sociaux ;
  • 2°) une technique d'intervention liée au syntagme « imaginer-coopter ».

La socianalyse est une approche sociologique clinique qui vise à interpréter la dynamique de l’action sociale.

La théorie socianalytique considère que le fonctionnement d'un collectif humain associe deux activités : l'une consistant à en identifier ou modifier le périmètre, l'autre à faire évoluer les représentations que les membres du collectif se font conjointement d'eux-mêmes et de leur environnement ainsi que leurs anticipations et projets. Ce processus fondamental est désigné par le syntagme « imaginer-coopter ». Ce concept central de la théorie est également un levier mobilisé dans les diverses techniques d'intervention. En effet, la socianalyse considérant que les acteurs sociaux ne livrent pas toujours volontiers à un observateur externe leurs représentations et leurs stratégies seul est possible un accès indirect ou implicite qui naît à l'occasion d'une intervention.

La socianalyse associe ainsi la recherche et l'intervention, l'élaboration théorique et la modification du sujet (l'acteur collectif).

Cette approche a fait l'objet d'une publication d'ensemble avec le livre La Socianalyse. Imaginer-Coopter[1]. Cet ouvrage présente le sens de la démarche suivie par les fondateurs du Centre de socianalyse.

Une théorie des rapports sociaux[modifier]

Le terme même de « socianalyse » a été introduit en 1956 par Jacques et Maria Van Bockstaele[2], comme le témoignent Georges Lapassade (1975) : « ce terme : la socianalyse a été produit par Jacques et Maria Van Bockstaele en 1956. Il a été repris par le courant sociologique de l’actuel mouvement institutionnaliste pour désigner l’analyse institutionnelle en situation d’intervention[3] », et Rémi Hess (1975) : « ce sont les Van Bockstaele qui sont les premiers à travailler une problématique socianalytique comprise comme analyse institutionnelle en situation d’intervention[4]. »

Après leur départ du Centre d'études sociologique, Jacques et Maria van Bockstaele et leur équipe fondent en 1956 le Centre de socianalyse à Paris, rue de Javel, à travers lequel Ils n'auront de cesse de chercher à ajuster la théorie et la pratique socianalytique, pour émerger en 1976 sous la forme de la « tâche diapoétique d’imagination-cooptation »[5]

L’objet de la socianalyse porte sur les entités collectives constituant une société. La délimitation de ces entités procède d’une dynamique de production, à la différence d’une observation « statistique » statique. Dans ces conditions, chaque entité collective entretient des relations spécifiques avec d’autres entités. Elle possède ses propres règles internes, qui organisent les relations entre les catégories d’acteurs et les individus qui la forment : règlement explicite, rôles et fonctions, etc. mais aussi modes relationnels plus ou moins implicites. Cette structuration interne s'organise et s’établit en correspondance avec celle des entités externes, lesquelles rétroagissent sur l'organisation interne, manifestant le rapport interne-externe en un phénomène de double-division.

Le fonctionnement collectif s’exprime ainsi par le jeu d’un processus qui caractérise et remodèle à tout moment la composition des acteurs collectifs, les liens qu'ils établissent entre eux, leurs représentations réciproques et les intentions qui les animent : l’imagination-cooptation.

Une technique d'intervention liée au syntagme « imaginer-coopter »[modifier]

Pour ses initiateurs, la théorie socianalytique repose sur le concept « imaginer-coopter » et vise à interpréter la dynamique de l’action sociale, mais aussi à intervenir sur cette dynamique. Cette optique donne de la socianalyse une image qui tient au lien objet/technique lequel, à l'exemple des sciences dures, relie l'objet conceptuellement visé à la technique mise en œuvre.

En tant que technique d'intervention, la socianalyse aborde les entités collectives de toutes natures, les rapports entre ces entités collectives, les rapports de pouvoir ou de coopération qui s'y développent et, par conséquent, la dynamique fonctionnelle de ces entités : l'agrégation de leurs membres (cooptation) et le projet que ces derniers produisent ensemble (imagination), d'où l’unité indissociable du syntagme « imaginer-coopter ».

La socianalyse a emprunté plusieurs notions à la cybernétique : le « feedback » (Wiener, 1948 ; Ashby, 1956), le « signal ré-entrant », la « boîte noire », les « systèmes » et « systèmes emboîtés », de même que le procédé de simulation grâce auquel le fonctionnement d'un système peut être étudié par analogie avec un autre (plus rapide, moins risqué, moins coûteux).

Ainsi, si l’approche cybernétique permet de tenter de maîtriser la relation entre énergie et information, en trouvant une voie de validation opérationnelle dans la simulation technologique numérique (Senouillet, 1963), la socianalyse présente une tentative de transposition de la simulation technologique numérique en une simulation sociale qualitative. Cette simulation sociale repose sur la notion d'isomorphisme fonctionnel (Van Boskstaele et al., 1960). Elle permet d'effectuer une intervention, sans perturber l’entité sociale concernée (structures d’autorité, communications) (Michelat, 2002), en vue de son application in situ à l’analyse de l’action sociale, conceptualisée à un niveau collectif holistique par un « nous » cognitif.

A partir des années 1960-70, Jacques et Maria van Bockstaele, et leur équipe, trouvent une dernière source d’inspiration majeure dans l'ouvrage de Germaine Tillion, Le Harem et les cousins, 1966. Germaine Tillion propose une « socianalyse du harem » qui propose de lier étroitement observation et intervention. Ainsi, en situation socianalytique, l’observation, l’analyse et l’interprétation participent d’un même processus dans lequel les parties prenantes sont tout à la fois observatrices et actrices.

« La socianalyse du harem cherche à emprunter à la psychanalyse à la fois une démarche d'observation et une démarche d'intervention. En premier lieu, l'auteur se propose “comme le psychanalyste […] d'abord (d')observer attentivement le sujet qui nous intéresse – une société actuelle ou presque actuelle – et tenir alors grand compte de ses erreurs, de ses lapsus (G. Tillion précise que “ce sont les faits aberrants, hors système, qui, en sociologie, jouent les rôles révélateurs que la psychanalyse attribue aux lapsus”). Ensuite, pour les expliquer, il nous faudra, avec son aide, déchiffrer ses rêves, et remonter alors dans son passé le plus lointain jusqu'à sa toute petite enfance” (Ibid., 15). En second lieu, l'auteur cherche à intégrer dans son approche le mécanisme interprétatif lui-même : “J'ai eu l'occasion […] de constater le soutien réel que peut apporter à ceux qu'ils écrasent la compréhension – c'est-à-dire l'analyse – des mécanismes écraseurs (en outre cette clarté projetée sur les monstres est aussi, je n'en doute pas, une des façons efficaces de les exorciser)” (Ibid., 20). Étant donné la passion qui se dégage de son ouvrage, le lecteur ne saurait douter que l'auteur utilise sur le terrain les moyens d'“exorcisme” qui sont à sa portée : “L'ethnographe doit questionner des hommes vivants, non des textes […] il faut qu'il réponde à des questions, qu'il explique, qu'il s'explique, et, s'il veut bien comprendre, il doit veiller d'abord à être bien compris”. Cet exorcisme par la parole présente des analogies concrètes avec la cure par la parole[6], G. Tillion paraissant privilégier un mode d'interprétation qu'elle appelle “échafaudage” ou “construction provisoire” et qui se rapproche dans une certaine mesure de la "construction" au sens donné par Freud : “Assez souvent nous ne réussissons pas à amener le patient à se souvenir du refoulé. À la place nous obtenons chez lui, si nous avons mené correctement l'analyse, une ferme conviction de la vérité de la construction, conviction qui a le même effet thérapeutique qu'un souvenir retrouvé” (Laplanche & Pontalis, 1967, 99).
Les limites de la remémoration étant très restreintes dans le cas de son objet d'étude, G. Tillion se trouve contrainte de privilégier ce type d'interprétation. D'un autre côté, le processus d'investigation et d'intervention ne constituant qu'un aspect secondaire du projet de l'auteur, ce dernier consacre fort peu de place à son explicitation et la notion de socianalyse demeure mal définie. G. Tillion représente néanmoins, nous semble-t-il, le premier auteur ayant utilisé le terme socianalyse dans une perspective non psychosociologique. »

— Jacques & Maria Van Bockstaele, Colette Barrot, Jacques Malbos & Pierrette Schein, « Nouvelles observations sur la définition de la socianalyse », L'Année Sociologique, 1968, XIX, pp. 279-295

Ainsi, en situation socianalytique, l’observation, l’analyse et l’interprétation participent d’un même processus dans lequel les parties prenantes sont tout à la fois observatrices et actrices. 

La socianalyse aujourd’hui[modifier]

Le projet socianalytique développé initialement par l’équipe du Centre de socianalyse est actuellement porté et prolongé par l’Association Française de Socianalyse (AFS) créée en 1957, par l’équipe de socianalystes du Centre d’Analyse Praxéologique et Cognitive (CAP) créé en 1986, ainsi que par un sociologue et socianalyste chercheur-consultant formé à la socianalyse par le Centre de socianalyse et le CAP (Nicolas Clauss).

L' Association Française de Socianalyse rassemble des socianalystes et d’autres personnes contribuant au projet. Elle s'est donné pour but le développement théorique et technique de la socianalyse, la formation didactique des socianalystes, le contrôle déontologique de l'exercice de la socianalyse et la protection des intérêts professionnels des socianalystes.

L’équipe du CAP, composé de socianalystes membres de l’AFS, associe intervention et recherche. Ce collectif analyste met en œuvre des dispositifs socianalytiques dans la conduite d’interventions et dans l’accompagnement de programmes de recherche-action.

Plusieurs initiatives sont actuellement mises en œuvre en vue d’étendre les champs d’application de la socianalyse à des secteurs variés de la vie sociale.

Bibliographie[modifier]

Ouvrages de référence[modifier]

  • Émile Durkheim, De la division du travail social, Presses universitaires de France, Paris, 1960, 7e édition (© 1893)
  • Norbert Wiener, Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine, Paris-Cambridge, 1948
  • W. Ross Ashby, Introduction to Cybernetics, Chapman & Hall, 1956
  • Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, sous la direction de Daniel Lagache, Presses universitaires de France, Paris, 1967
  • Georges Lapassade, Socianalyse et Potentiel humain, Gauthier-Villars, Paris, 1975
  • Rémi Hess, La Socianalyse, Éditions universitaires, Paris, 1975
  • Guy Michelat, Aux frontières des attitudes entre le politique et le religieux (voir pp. 241 - 260), Editions de l’Harmattan, Paris, 2002
  • Jacques et Maria Van Bockstaele, Socianalyse. Imaginer-Coopter, Éditions Economica, collection Anthropos, Paris, 2004

Contributions dans des ouvrages collectifs[modifier]

  • Jacques Van Bockstaele, Maria Van Bockstaele, Pierrette Schein & Martine Godard-Plasman, « A Tool of Analytic Intervention : Action-Simulation-Cognition (ASC)», dans Jan Marie Fritz (ed.), The Clinical Sociology Resource Book, American Sociological Association (ASA), ASA Teaching Resource Center, Washington, 1996, p. 231-240
  • Jacques Van Bockstaele, Maria Van Bockstaele, Jacques Malbos, Martine Godard-Plasman et Nathalie Van Bockstaele-Theilhaber, « Socioanalysis and Clinical Intervention » dans Jan Marie Fritz (ed.), International Clinical Sociology, Springer, New York, 2008, p. 170-187

Articles et communications[modifier]

  • Marie-Noëlle Pécout, Martine Godard-Plasman, « Implication et distanciation : une utilisation stratégique des frontières », Communication pour le Congrès de l’Association Internationale des sociologues de langue française (AISLF), Comité de recherche Sociologie de la connaissance (CR14), Montréal,
  • Marie-Noëlle Pécout, Martine Godard-Plasman, Nicolas Clauss, Carlos de Oliveira, « La construction de la représentation des risques entre catégories d'acteurs : une exploration en situation de simulation-action » - Contribution à la session conjointe RT19-RT38, 4e congrès de l’Association française de sociologie, Grenoble, 2011
  • Marie-Noëlle Pécout, Martine Godard-Plasman, Nicolas Clauss, Carlos de Oliveira, « Restitution et co-investigation : une exploration des savoirs de l’action » - Communication pour le colloque international pluridisciplinaire « La restitution des savoirs », Association Internationale des sociologues de langue française (AISLF), Université de Genève,
  • Nicolas Clauss, Carlos de Oliveira, Martine Godard-Plasman, Marie-Noëlle Pécout, « La socianalyse : une approche de l’intervention comme co-construction » - Contribution sur le thème « Création et innovation dans les pratiques professionnelles des sociologues », Comité d’Action Sociologie Professionnelle (CASP), 4e congrès de l’Association française de sociologie, Grenoble,
  • Jacques Van Bockstaele, Maria Van Bockstaele, Colette Barrot, Jacques Malbos & Pierrette Schein, « Nouvelles observations sur la définition de la socianalyse »", dans L'Année sociologique, XIX, 1968, p. 279-295
  • Gérard Senouillet, « Concepts fondamentaux de la commande automatique : essai de classification », dans Automatisme, Dunod, Paris, 1963
  • Jacques et Maria Van Bockstaele, « Une méthode de traitement des problèmes de groupes : la socianalyse », dans Cahiers d'études et de recherches de l'Association des anciens élèves de la faculté des lettres, Paris, Sorbonne, , p. 17-36

Notes et références[modifier]

  1. Éditions Economica, collection Anthropos, Paris, 2004.
  2. Socianalyse ou socioanalyse :
    * 1. Terme déjà employé en 1950 par A. AMAR dans un sens psychanalytique, et par d'autres auteurs au sens d'analyse approfondie et interprétative des conduites sociales et des conditions sociales latentes des actes individuels.
    * 2. Méthode clinique dans l'étude des groupes, avec participation au groupe étudié de deux techniciens chargés d'interpréter les situations (socio-analystes) ; pratiquée dans un « centre de socioanalyse » par J. et M. Van Bockstaele (1956).
    Henri Piéron, Vocabulaire de la psychologie, Presses universitaires de France, Paris, 1968, 4e édition (1951), p 403.
  3. Note 14, p. 6.
  4. p. 17.
  5. L'étymologie du terme diapoèse combine deux idées :
    • 1. la préposition dia (δια) exprime l'idée de séparation, de division, d'aller au-delà ou au travers, y compris par la force ;
    • 2. le verbe poieo (ποιεω) exprime l'idée de fabriquer, de produire, d'enfanter, de créer. Par diapoèse, nous désignons le processus de transformation qu'engendre l'interprétation des résistances : l'accomplissement de la « tâche diapoétique d'imagination-cooptation » donne à voir aux socianalystes les entraves qui s'opposent à la reconnaissance et à la maîtrise de l'historicité propre à l'entité en socianalyse.
  6. Une autre tentative d'exorcisme par la parole se rencontre dans les écrits antérieurs à mai 1968 de Lapassade (1967, 53). L'auteur, paraphrasant Lacan (1961), pense que le psychosociologue “ institue dans la société un certain champ de la parole … le sociologue a lui aussi affaire au langage. Dans l'enquête, il interroge et recueille des réponses. Mais elles ne sont pour lui qu'un signifiant parmi d'autres signifiants… Par le psychosociologue, la parole est, au contraire, non seulement privilégiée, mais seule reconnue, en définitive, comme le lieu exact de sa pratique”. Ainsi, à l'encontre de ce que nous avons observé pour G. Tillion, Lapassade ne conçoit le principe de l'intervention et le rôle de la parole sociale que dans un groupe d'analyse où la règle est de tout dire. Dans un article postérieur, Lapassade (1968), employant à tort l'expression “dynamique de groupe” (group dynamics) et le terme “socianalyse” dans un sens strictement équivalent, revient sur sa position première et remet en cause la règle de tout dire. Dans son dernier ouvrage, Lapassade (1969, 155) semble abandonner ces imprécisions de terminologie et opter pour une pratique analytique dénommée “analyse institutionnelle”, pratique valorisant le passage à l'acte autant que la prise de parole et assignant à l'analyste le rôle de repérer les analyseurs (en l'occurrence les jeunes, notamment les étudiants) qui, eux, ont pour fonction “de dévoiler, par la pratique, les contradictions du système (institutionnel)”. Signalons encore les commentaires sur “l'influence réelle de la dynamique des groupes sur les événements de mai” donnés par Epistémon (1968, 38), où l'auteur amalgame aussi sans nécessité “dynamique de groupe” et “socianalyse”. Dans une veine différente, notons enfin le travail de Mendel (1968). Ce dernier livre montre que le mouvement en faveur “d'une discipline nouvelle […] à côté de la psychanalyse”, une sorte de sociothérapie, existe aussi chez certains psychanalystes.

Article connexe[modifier]

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