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Non-fiction romancée

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La non-fiction romancée[1], appelée aussi littérature du réel[2], enquête ou reportage littéraire[3], journalisme narratif[4] ou parfois encore roman-vérité[5] (termes français équivalents aux expressions anglo-saxonnes narrative non-fiction, creative non-fiction, non-fiction novel, documentary narrative[5] ou encore long form[4]) est un genre littéraire qui utilise les styles et les techniques de l'écriture romanesque pour expliquer, explorer ou raconter des faits réels[6]. Ce genre littéraire contraste avec l’écriture technique ou académique, ou le journalisme, qui se nourrissent aussi de faits réels mais qui, eux, n’ont pas de but créatif: « La méthode d’investigation est rigoureusement journalistique, mais l’écriture convoque les techniques de la narration littéraire : mise en scène, caractérisation des personnages, subjectivité assumée du narrateur, souvent présent et actif. L’écriture est travaillée, mais s’impose - journalisme oblige - de rester limpide[4]».

Définition[modifier]

Pour qu’un texte soit considéré comme de la non-fiction romancée, il doit contenir des faits exacts et doit être écrit avec un style et une technique littéraires. Selon Lee Gutking, "en fin de compte, le but premier de l’auteur de non-fiction romancée est de transmettre de l’information, comme un simple reporter, mais en faisant en sorte que celle-ci se lise comme de la fiction"[7]. Pour Claire Do Sêrro, des Éditions du sous-sol, spécialisés dans ce genre, ce sont « des écrits qui racontent le monde, avec des faits vérifiés, mis en forme à l'aide de techniques narratives »[2]. On peut entendre par là les essais, les mémoires, les carnets de voyage, les biographies ou le journalisme littéraire.

Selon Chris Anderson, rédacteur en chef de Wired, un magazine américain, le genre est divisible en deux sous-catégories : les essais personnels (mémoires, carnets de voyage) et les essais journalistiques (biographies, essais)[8].

Caractéristiques[modifier]

Tom Wolfe, dans son anthologie du Nouveau Journalisme, considéré comme un manifeste du genre[9], identifie les techniques de fiction empruntées par le reportage littéraire[9]:

  • l’art de la mise en scène
  • la transcription des dialogues dans leur intégralité
  • l’usage débridé de la première personne du singulier, refusant d’emblée la fausse objectivité
  • l’intérêt porté aux détails pour camper au mieux une scène, un personnage[9]

La critique littéraire Barbara Lounsberry – dans son livre The Art of Fact (1990)[10] – suggère quant à elle quatre éléments caractérisiques du genre :

  • Il s’agit d’un « sujet basé sur des faits réels, par opposition au sujet inventé tout droit sorti de l’esprit de l’écrivain ». Par là, elle entend que les sujets et les événements relatés dans le texte soient existants et vérifiables dans le monde réel.
  • La non-fiction romancée doit sous-entendre une recherche exhaustive : selon Lounsberry, une bonne documentation permet aux auteurs de « donner une crédibilité à leurs écrits à travers des références indiquées dans leurs textes ».
  • La non-fiction romancée doit contenir des scènes : elles doivent décrire et revivifier le contexte des événements, en contraste avec l’objectivité du reportage. Les faits prennent vie grâce à la narration, aux détails, au cadre, à la description des scènes.
  • L’auteur doit utiliser une prose littéraire : « la forme narrative et la structure révèlent le talent de l’auteur et finalement, le langage soutenu montre que le but était bien d’écrire de la littérature. »

Histoire du genre[modifier]

Mathilde de Chalonge, considère qu'on peut observer dès le XIXe siècle en France les précurseurs de la littérature du réel, avec en particulier Émile Zola[1] et le courant naturaliste. À la même époque, côté américain, les précurseurs sont des écrivains et journalistes comme Herman Melville, Nathaniel Hawthorne, Walt Whitman, Edgar Poe, Ralph Emerson[4] tandis que Adrian Bosc affilie la littérature du réel avec une certaine tradition journalistique de années 1920-1930 en France: le journalisme d’infiltration de Maryse Choisi ou bien les enquêtes de Robert Desnos[11].

Au milieu du XXe siècle des auteurs sont reconnus comme ayant participé à l’émergence du genre, comme Albert Londres, Nellie Bly, George Orwell, Blaise Cendrars, Colette, Upton Sinclair, Jack London (Le Peuple d'en bas), Joseph Kessel[9], André Gide[12] ou encore Ernest Hemingway[5]. Mais c'est Truman Capote, adepte du nouveau journalisme, qui est considéré souvent comme le fondateur moderne du genre en 1966 avec son roman De Sang Froid[1] pour lequel il donnait les explications suivantes : « Il me semblait que l'on pouvait tirer du journalisme, du reportage, une forme d'art nouvelle et sérieuse : ce que j'appelais en mon for intérieur le roman-vérité », en disant qu'il voyait ce style comme une « forme narrative qui utilisait les techniques de l'art de la fiction, tout en restant on ne peut plus proche des faits »[5]. Tom Wolfe théorise par la suite, en 1973, les caractéristiques du genre dans son anthologie du Nouveau Journalisme[9]. Le courant anglo-saxon de narrative non-fiction apparaît très vigoureux au vingtième siècle, notamment grâce au soutien de revue comme le New Yorker, Granta, Atlantic Monthly, Vanity Fair ou The Paris Revue[5]. En l’absence de telles revues, le genre, en France, reste confidentiel et peu reconnu[5], malgré des représentants, dans les années 1980 en particulier, comme Lucien Bodard, Claude Lanzmann ou Philippe Labro[5] et des magazines où émergent un journalisme littéraire[11] (Actuel de Jean-François Bizot, L’Autre Journal, Le Tigre).

Le genre finit malgré tout par émerger médiatiquement en France : des tables rondes sont organisées, en 2009 dans le cadre des Assises internationales du roman de Lyon (« Narrative non-fiction : l'enquête littéraire »[5]), en 2016 par l'université Paris-XIII («La Narrative nonfiction en France»)[13]; le prix Nobel de 2015 attribué à Svetlana Alexievitch légitime en tant qu'objet littéraire les œuvres de non-fiction romancée[1] et met la lumière sur le genre[2], soutenue parallèlement par des maisons d'éditions spécialisées dans ces publications [14], [15],[16],[17],[18],[17]) ou par des collections spécialisées au sein de maisons d'édition généraliste[17] (collection Raconter le vie[19] pour les éditions du Seuil). Des magazines diffusent également cette littérature, par exemple les revues XXI[2], Feuilleton, La Revue dessinée, L’Éléphant, 180 °C, Muze, ou encore la Revue du crieur[17]. Le magazine Feuilleton revendique ainsi jusqu'à 15000 lecteurs pour ces premiers numéros, le lectorat se stabilisant autour de 4000 en 2016[11]. Hors du monde anglo-saxon les revues diffusant le genre sont des magazines comme Etiqueta Negra (en) en Amérique latine ou Reportagen en langue allemande.

Le festival international du journalisme vivant [20], organisé par l'équipe de la revue XXI à Couthures dans le Lot-et-Garonne, est considéré comme une manifestation de la non-fiction romancée[17].

L'année 2016 semble être un moment d'exposition médiatique particulièrement important pour la fiction non-romancée en France : Jean-Claude Raspiengeas, constatant le développement du genre en France, parle ainsi « d'effervescence autour de la littérature du réel » dans un article du journal La Croix de mars 2016[17], le magazine Le Pèlerin titre un article « La littérature du réel a le vent en poupe»[2] en juillet 2016 et Adrian Bosc estime également que la littérature du réel est enfin reconnue en 2016 [11], citant à ce titre la réception critique et du succès commercial du livre d’Ivan Jablonka Laëtitia ou la fin des hommes[11], prix Médicis du roman français 2016[21] et prix littéraire du Monde 2016[22]. Ivan Jablonka estime que « ce prix contribue donc à montrer que l’histoire appartient à la littérature contemporaine. Les sciences sociales, incarnées dans un texte, constituent non seulement une littérature, mais une forme littéraire nouvelle » [22].

Dans le même ordre d'idée, en août 2016, la Librairie Mollat et le quotidien Sud-Ouest créent le Prix du Réel qui « récompensera chaque année deux livres, l’un de langue française et l’autre traduit en français dont l’argument ne relève pas du domaine de la fiction. Il s’agira de textes dans lequel l’auteur se sera emparé d’un fait réel – connu ou ignoré ; contemporain ou historique - dont il aura exploré les ressorts sous la forme d’une enquête en étant présent dans la narration[23]

Exemples d'auteurs de non-fiction romancée[modifier]

Quelques auteurs américains sont reconnus[9] en tant qu’auteurs de non-fiction romancée :

Les auteurs français contemporains cités en tant que figure de proue du genre sont, entre autres[2],[3]:

  • Pascale Robert-Diard (La déposition)

Limite du genre et controverses[modifier]

  • Limite du genre

Savoir si le genre relève de la littérature même est sujet à débat. Adrian Bosc reconnaît lui-même que la non-fiction romancée peut-être vue comme « littérature hybride, “entre-deux”, difficile à cerner»[11], tandis que Michel Schneider considère par exemple que « Tout ce qui est écrit n'est pas littérature : les livres de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de 2015 par exemple, si forts soient-ils, appartiennent plus au journalisme qu'au roman»[24] alors que cette auteure est régulièrement citée comme étant une figure de proue de la littérature du réel[2].

  • Controverses

Ces dernières années, il y a eu plusieurs incidents très médiatisés d’auteurs qui ont exagéré ou inventé certains faits dans leurs mémoires.

  • En 1998, alors que ses mémoires Bruchstücke. Aus einer Kindheit 1939–1948 (Fragments : une enfance 1939-1948) reçoivent un franc succès, Binjamin Wilkomirski, un auteur allemand, est accusé d’avoir inventé les propos qu’il avance par l’écrivain suisse et journaliste Daniel Ganzfried. Celui-ci révèle que Wilkomirski a connu les camps d’extermination « seulement comme touriste » et qu’il est né en Suisse, non pas en Lettonie. L’historien Stefan Maechler vérifiera les propos de Ganzfried et les confirmera.
  • En 2006, c’est au tour de James Frey, un écrivain américain, d’être pointé du doigt. Le site The Smoking Gun révèle que les mémoires de Frey, A million Little Pieces (Mille morceaux), contiennent des informations concernant sa lutte contre la toxicomanie qui s’avèrent fausses.
  • En 2008, le New York Times accuse la mémorialiste Margaret Seltzer de faux témoignage. L’auteur explique en effet dans son livre Love and Consequences qu’elle est à moitié blanche et à moitié amérindienne ; elle aurait aussi fait partie du gang des Bloods du South Central Los Angeles. Ces révélations s’avèrent fausses. Après la publication de l’article, l’éditeur Riverhead Books a rappelé tous les exemplaires du livre.

Les auteurs de non-fiction romancée doivent donc avoir la même éthique que les journalistes : les faits qu’ils avancent doivent pouvoir se vérifier même s’ils sont relatés dans un style littéraire. Adrien Bosc, responsable des éditions du sous-sol, estime quant à lui que certains écrivains français se réclamant du genre, comme Emmanuel Carrère, ne respectent pas les règles fondamentales de la non-fiction romancée, comme prêter des pensées aux personnages[4], même si l'auteur en question défend de son côté que la fiction n'a absolument aucune part dans ses romans[5].

  • Effet de mode

En France, le relatif succès commercial de la non-fiction romancée entraîne un certain nombre d'éditeurs à se réclamer du genre, au risque de publier des textes d'une qualité critiquable[11].

Voir aussi[modifier]

Notes et références[modifier]

  1. 1,0 1,1 1,2 et 1,3 « La creative non-fiction, une littérature sans compromis » (consulté le 31 août 2016)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 et 2,6 « La littérature du réel a le vent en poupe », Le Pélerin,‎
  3. 3,0 et 3,1 « Philippe Vasset : », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 2 septembre 2016)
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 et 4,4 « Attention, le journalisme narratif débarque en France » (consulté le 2 septembre 2016)
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 5,4 5,5 5,6 5,7 et 5,8 « Et le réel, comment ça s’écrit ? » (consulté le 2 septembre 2016)
  6. (en)Quora, What is narrative Non-fiction
  7. Gutkind, Lee (2007). The Best Creative Nonfiction, Vol. 1. New York: W. W. Norton. pp. xi.
  8. Anderson, Chris (1989). Literary nonfiction: theory, criticism, pedagogy. Carbondale: Southern Illinois University Press. xix-x.
  9. 9,0 9,1 9,2 9,3 9,4 et 9,5 « "Des reportages à lire comme des romans", Plaquette de présentation des éditions du sous-sol, page 4 », sur Éditions du sous-sol (consulté le 31 août 2016)
  10. Lounsberry, Barbara (1990). The art of fact: contemporary artists of nonfiction. Westport, Conn: Greenwood Press. xiii.
  11. 11,0 11,1 11,2 11,3 11,4 11,5 et 11,6 Maxime de Abreu, « Les Inrocks - Adrien Bosc, nouveau boss de la “littérature du réel” », sur Les Inrocks, (consulté le 13 octobre 2016)
  12. « Presse - Editions Plein Jour », sur www.editionspleinjour.fr (consulté le 31 août 2016)
  13. « Table ronde - La narrative nonfiction en France » (consulté le 2 septembre 2016)
  14. éditions du sous-sol
  15. éditions du Plein Jour
  16. éditions Marchialy
  17. 17,0 17,1 17,2 17,3 17,4 et 17,5 Par JEAN-CLAUDE RASPIENGEAS, « Les nouveaux horizons de la non-fiction », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le 2 septembre 2016)
  18. éditions des Équateurs
  19. Raconter la vie
  20. festival international du journalisme vivant
  21. Eric Loret, « Ivan Jablonka récompensé par le prix Médicis du roman français », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 2 novembre 2016)
  22. 22,0 et 22,1 Eric Loret, « « Le Monde » remet son prix littéraire à Ivan Jablonka », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 2 novembre 2016)
  23. « Sud Ouest et Mollat créent le "Prix du Réel" - Club Presse Bordeaux », Club Presse Bordeaux, {{Article}} : paramètre « date » manquant (lire en ligne, consulté le 28 octobre 2016)
  24. Michel Schneider, « Dylan nobélisé : "Et pourquoi pas le Nobel de physique aux Bogdanov ?" », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le 13 octobre 2016)

Liens internes et externes[modifier]

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