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Mohamed Dahou

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Mohamed Dahou (dit aussi Hadj Mohamed, surnom amical Midhou), connu comme membre à la fois de l’Internationale lettriste (I.L.) puis de l’Internationale situationniste (I.S.) et souvent présenté comme un personnage secondaire de ces deux mouvements, s’avère en fait avoir été, notamment pour le premier, une figure centrale de l'I.L., présent tout au long de son histoire[1].

Origines[modifier]

Issu de l'ancienne El Asnam rebaptisée Orléansville sous l'occupation coloniale française (et devenue Chlef depuis 1981), Mohamed Dahou y naît le 8 novembre 1926 d'une mère au foyer et d'un père imam dont il tire le titre, quelques fois utilisé, de Hadj comme fils aîné d'un croyant ayant effectué le pèlerinage à La Mecque, quatrième pilier de l'islam. Ainsi qu'à peine un dixième des garçons musulmans d'Algérie, il est scolarisé dans une école indigène (ou école gourbi) où est dispensé un enseignement "B" plus généraliste et professionnel que l'enseignement "A" conforme à celui de la métropole et offert aux enfants de colons. Cette scolarité qui constitue certes un privilège à l'époque par rapport à l'ensemble de la population indigène ne lui permettra pas cependant d'obtenir le certificat d'études mais nourrira ultérieurement sa réflexion critique sur le colonialisme. Il passe alors son adolescence dans l'Algérie de la période de guerre à employer sa vitalité et sa fougue dans la pratique de divers sports tels que la boxe[2] ou le football dans les premières équipes formées localement pour affronter celles des colons au sein de ce qui deviendra l'emblématique club de l'ASO (Association Sportive d'Orléansville devenu Association Sportive Olympique de Chlef). Cette pratique sportive va lui permettre, quelques années plus tard, de trouver plus facilement du travail en métropole.

En effet, une fois la guerre finie, comme des milliers d'autres, il va tenter l'aventure de la migration vers les grands centres d'emplois français en rejoignant des parents éloignés installés en région parisienne. Sans formation spécialisée, il alterne les petits boulots avant de réussir à se faire embaucher comme ouvrier dans l'industrie automobile grâce à ses talents footballistiques, particulièrement recherchés alors par les entreprises pour leurs équipes corporatives. Cependant, épris d'une vie plus passionnante et mû par des intérêts moins prosaïques que ce qu'offre la terne et répétitive vie ouvrière, il profite des espaces de temps libre que lui permet le travail en 3 x 8 pour se mêler à la vie nocturne des nombreux bars de Saint-Germain-des-Prés et notamment le café Chez Moineau où il s'intègre très naturellement à la faune littéraire et artistique qui en constitue l'essentiel. Il agrémentera ainsi les soirées de cet établissement avec sa guitare en compagnie d'un de ses cousins[3] et abandonnera rapidement son poste à l'usine, lui préférant la vie de bohème qui s'offre à lui.

Membre de l’I.L.[modifier]

Il fait alors connaissance de Guy Debord qui intègre le quartier à l'automne 1951 en provenance de Cannes et dont il va devenir durant toute la période de l’Internationale lettriste, l’un des tout proches amis jusqu'à passer selon certains biographes pour son "garde du corps" voire son “homme de main”[4]. Il sera d'ailleurs son témoin à son mariage avec Michèle Bernstein le 17 août 1954[5].

C’est dans ces circonstance qu’il est amené à participer à la vie du groupe avant-gardiste issu d’une dissidence du lettrisme d’Isidore Isou que fonde "arbitrairement à Bruxelles" Guy Debord en juin 1952 avec Gil J Wolman. L’adhésion de Mohamed Dahou à cette Internationale lettriste est attestée début 1953[6] ; il est l’un des signataires, sous le nom de Midhou Dahou, du Manifeste ouvrant le numéro 2 d’Internationale lettriste et figure en photo avec son cousin aux côtés de Guy Debord et Gilles Ivain (Ivan Chtcheglov), signataire de la proclamation collective  : «La Guerre de la Liberté doit être faite avec Colère» qui constitue l'unique contenu de ce qui sera le dernier numéro d’Internationale lettriste dont il est alors rédacteur en chef[7]. A noter que lors de la rupture de juin 1954 avec Ivan Chtcheglov il conservera un temps avec celui-ci des relations amicales[8]. Par ailleurs, son nom apparaît à de multiples reprises sous divers textes collectifs ou personnels[9] parus dans les revues de l’I.L., Internationale Lettriste (4 numéros de novembre 52 à juin 54) et surtout Potlatch, bulletin dont il sera mentionné rédacteur en chef des numéros 9-10-11 à 18 et 20 à 22[10].

En avril 1953, il est co-signataire à Alger avec Cheik Ben Dhine et Ait Diafer du Manifeste Du Groupe Algérien De L’Internationale Lettriste[11] qui en constitue la première manifestation publique. Essentiellement centré sur Orléansville[12], Mohamed Dahou sera envoyé sur place début 54 pour réorganiser le groupe [13]. A l'été 53, il travaille dans le sud algérien à l’écriture d’une pièce lettriste annoncée comme devant représenter un «bouleversement total de la représentation théâtrale»[14]. Comme plasticien, il produisit également des métagraphies (œuvres lettristes) dont certaines intégrées à des expositions collectives du groupe, notamment celle organisée du 11 juin au 7 juillet 1954 à la galerie du Double Doute, passage Molière à Paris, intitulée Avant la guerre, 66 métagraphies influentielles. À cet égard, une lettre de Guy Debord à Gil J Wolman du 13 octobre 1955[15] informe ce dernier que suite à sa récente intégration à l'I.L., Alexander Trocchi vient de partir avec Mohamed Dahou vers Venise, information confirmée dans le numéro 23 de Potlatch du même jour[16]. Il s'agit en fait de rendre visite à Peggy Guggenheim pour permettre à Mohamed Dahou de lui soumettre certaines de ses œuvres et ainsi postuler au mécénat de la riche collectionneuse au profit de l'I.L. Leur retour est annoncé pour fin novembre ou début décembre sans qu'il soit indiqué si les deux explorateurs sont parvenus à leur fin tels Marco Polo parti pour la Chine[17].

Parmi les apports spécifiques de Mohamed Dahou à distinguer particulièrement, outre sa présence fidèle et constante au côté de Guy Debord tout au long de la courte mais très animée histoire de l'I.L.[18], il faut remarquer notamment son texte Notes pour un appel à l'Orient rédigé et publié dans le numéro 6 de Potlatch, quelques mois avant le déclenchement de la guerre d'Algérie. Alors que le Manifeste du Groupe Algérien De L'Internationale Lettriste d'avril 1953, dans le droit fil du Manifeste qui venait de paraître dans le n° 2 d'Internationale lettriste, s'avérait davantage lettriste qu'algérien, s'achevant par l'audacieuse proclamation «Nous sommes au demeurant des génies, sachez-le une fois pour toutes.», ces "Notes" de juillet 1954 se présentent comme une ébauche d'un manifeste futur pour un éveil des consciences arabes. D'une acuité politique non démentie après des décennies passées et la décolonisation accomplie, des passages entiers peuvent d'ailleurs en être repris sans en changer une virgule :

« L'Arabie Séoudite fonde sa vie sociale sur le Coran et vend son pétrole aux Américains.»

«Tout le Moyen-Orient est aux mains des militaires.»

«Les puissances capitalistes dressent des nationalismes rivaux, et en jouent.»

«Certaines oppositions, comme le conflit avec l'État d'Israël, ne peuvent être résolues que par la révolution dans les deux camps.»

«Il faut dépasser toute idée de nationalisme.»

... »

Membre de l’I.S.[modifier]

Encore présent en 1957 au moment de la fondation de l’Internationale situationniste qui fait suite à l’I.L.[19], il sera l’un des deux représentants, avec Abdelhafid Khatib, de sa section algérienne. Il est mentionné comme membre du Comité de Rédaction des deux premiers numéros (juin et décembre 1958) de la revue éponyme du mouvement dirigée par Guy Debord. Il démissionnera de l’IS en 1959 (s.d.)[20]. Son souvenir est évoqué à deux reprises par Debord dans son ouvrage Mémoires, bilan de cette époque achevée de l’I.L., parmi la douzaine de portraits choisis des compagnons de cette époque : à la 6e page de la seconde partie (décembre 1952, «Comment va le monde à présent, monsieur ?») et à la 3e de la troisième partie (Septembre 1953, «nous n’étions pas tant»)[21].

À la suite du décès de son père fin 1957[22], il doit, en tant qu'aîné de sa nombreuse famille, retourner en Algérie pour subvenir aux besoins de ses proches. Dans le contexte de plus en plus difficile de la guerre d'Algérie, il décide alors, avec Marcelle son épouse, de s'y réinstaller, jusqu'à ce qu'il en soit chassé vingt ans plus tard avec femme et enfants. Cet éloignement forcé le détache alors progressivement de ses anciens amis du groupe situationniste. Il termine ses jours à Nice où il décède le 7 novembre 2010, la veille de ses 84 ans.

Mohamed Dahou est explicitement cité, sous son pseudonyme de Midhou, dans le roman Cain’s Book (Le Livre de Caïn) publié en 1960 par le romancier écossais situationniste Alexander Trocchi[23] (dont il avait occupé un temps l’appartement laissé vacant rue Campagne-Première à Paris[24]) qui y évoque au passage son retour à Alger.

Références[modifier]

  1. Si une preuve devait être fournie de cette importance, il suffit de se référer à la proclamation, certes non exempte de cet humour distancié dont étaient emprunts maints écrits ou manifestations de l'I.L., figurant au paragraphe Philosophie du Panorama intelligent de l'avant-garde à la fin de 1955 qui occupe l'intégralité du numéro 24 de Potlatch du 24 novembre 1955  : «Imbéciles, vous pouvez cesser de l'être Lisez Marx, lisez Dahou.» in Potlatch 1954-57, réédition de l’ensemble des numéros, précédée d’une présentation de Guy Debord, novembre 1985, éditions Gérard Lebovici, Paris, 1985 (ISBN 2-85184-163-7).
  2. Ce qui ne manquera pas d'assoir, outre sa morphologie particulièrement imposante, sa réputation ultérieure d'homme de main de l'Internationale lettriste
  3. cf. Jean-Michel Mension, La Tribu, éditions Allia, Paris, 1998, page 29 (ISBN 2-911188-71-3).
  4. Cf. lettre à Marcel Mariën du 18 juillet 1956 (où il apparaît d’ailleurs sous le nom d’Ibrahim Dahou ?), in Guy Debord, Correspondance volume « 0 », Librairie Arthème Fayard, Paris, 2010, page 110, ou l'épisode très animé du 13 juillet 1955 au café «Bonaparte» à Saint-Germain-des-Prés avec Pierre Liardon (de l'éphémère Groupe suisse de l'I.L.) relaté dans le numéro 22 des vacances de Potlatch du 9 septembre 1955 : Le rouleur et le commissaire.
  5. Christophe Bourseiller, Vie et Mort de Guy Debord 1931-1994, Plon, 1999, pages 72, 82 (ISBN 2-259-18797-8).
  6. Histoire de l’Internationale lettriste, in Enregistrements magnétiques (1952-1961), Nrf Gallimard, Paris, 2010, page 42 (ISBN 978-2-07-012787-0).
  7. cf. Potlatch n° 4, 13 juillet 1954, une enquête de l'internationale lettriste. Le cinquième numéro de la revue annoncé pour janvier 1955 dans le numéro 12 de Potlatch ne verra semble-t-il jamais le jour.
  8. cf. Jean-Marie Apostolidès & Boris Donné, Ivan Chtcheglov, profil perdu, Editions Allia, Paris, 2006, pp. 72-73.
  9. notamment, signés de son seul nom : nouvelle affectation, Potlatch n° 1, 22 juin 1954 ; Notes pour un appel à l’Orient, Potlatch n° 6, 27 juillet 1954 ; la première pierre qui s’en va, Potlatch n° 26, 7 mai 1956
  10. Potlatch 1954-57, réédition de l’ensemble des numéros, précédée d’une présentation de Guy Debord, novembre 1985, éditions Gérard Lebovici, Paris, 1985 (ISBN 2-85184-163-7). La rédaction en chef du numéro 19 (avril 1956) est confiée à Gil J Wolman en raison d’un déplacement à l’étranger de Dahou avec Alexander Trocchi
  11. Internationale Lettriste n° 3, feuillet recto unique, Paris, août 1953
  12. «la ville la plus lettriste du monde» selon de slogan cité dans le numéro 12 de Potlatch.
  13. Guy Debord, Œuvres, Quarto Gallimard, Paris, 2006, pages 122-123
  14. Internationale Lettriste n° 3, Principes d’un Théâtre Nouveau, ibid.
  15. Guy Debord, Lettres à Gil J Wolman 1952-1956, édition privée hors commerce, 2020, p.83 - edition-privee-hors-commerce@mail.com.
  16. cf. article À travers l'Europe : «Jacques Fillon remplace à la direction de Potlatch Mohamed Dahou qui de dispose à sortir de Paris... en direction du Sud-Sud-Est».
  17. Guy Debord, Lettres à Gil J Wolman 1952-1956, édition privée hors commerce, 2020, p.91
  18. on regrettera toutefois son absence dans l'enregistrement fin décembre 1956 de la conférence Histoire de l'Internationale lettriste où il est remplacé par Abdelhafid Khatib (cf. Enregistrements magnétiques 1952-1961), Nrf Gallimard, Paris, 2010.)
  19. Il est dédicataire du long article de Guy Debord occupant l’essentiel du dernier numéro de Potlatch : Encore un effort si vous voulez être situationnistes, (L’I.S. dans et contre la décomposition).
  20. Jean-Jacques Raspaud / Jean-Pierre Voyer, L’internationale situationniste, chronologie, bibliographie, protagonistes (avec un index des noms insultés), éditions Champ Libre, Paris, 1972.
  21. G.-E Debord, Mémoires, structures portantes d’Asger Jorn (ouvrage non paginé), édition originale Internationale situationniste, Copenhague, 1958 ; réédition précédée d'Attestations de Guy Debord, octobre 1993, chez Jean-Jacques Pauvert, Aux Belles Lettres, Paris ; réédition, éditions Allia, Paris, 2004, suivi de Origine des détournements et de 9 pages des collages originaux de Guy Debord avant les interventions d'Asger Jorn. (ISBN 2-84485-143-6).
  22. cf. lettre de Guy Debord à Alexander Trocchi du 21/09/1957 in Correspondance, volume « 0 », Librairie Arthème Fayard, Paris (ISBN 978-2-213-65580-2).
  23. Le Livre de Caïn, traduit par Aanda Golem, Paris, Julliard, collection Lettres nouvelles, 1962 — 2e traduction aux éditions du Lézard, par Edoardo Diaz, collection Littératures hallucinées, 1999, p. 140-141 (ISBN 2-910718-18-2)
  24. Guy Debord, Correspondance, volume « 0 », Librairie Arthème Fayard, Paris, page 109 (ISBN 978-2-213-65580-2).

Liens externes[modifier]

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