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Combats en pays bamiléké

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Article général Pour un article plus général, voir Guerre du Cameroun.

Les combats en pays bamiléké et en pays bassa ou guerre bamiléké[1], est un conflit qui a lieu dans le contexte de luttes au Cameroun entre différentes factions. Les forces coloniales françaises et leurs alliés camerounais attaquent le pays bamiléké dans le Cameroun français (les alentours de la ville de Dschang[2]) en 1957 et 1958[3], puis les combats se poursuivent après la proclamation de l'indépendance en 1960[4].

Le 15 janvier 1971, Ernest Ouandié, dernier chef historique de l'Union des populations du Cameroun, qui avait installé ses quartiers généraux en pays bamiléké et dans la région du Moungo, est fusillé sur la place publique à Bafoussam[5].

Déroulement[modifier]

À Douala, la capitale économique où cohabitent plusieurs communautés, les officiers français appliquent des sanctions collectives contre les habitants « îlots », des sous-quartiers de quelque 500 personnes. Dans le cas où l'un de ses îlots abriterait un rebelle ou si un membre des forces de l'ordre y serait victime d'un attentat, l'ensemble de ses habitants s'expose à différents types de sanction pouvant aller jusqu'à l'expulsion collective[6]. Le , le quartier Congo, habité majoritairement par des Bamiléké, est incendié par des miliciens appartenant à l'ethnie haoussa, que Le Figaro décrivait comme étant « une phalange de tout premier ordre dans la hiérarchie contre-révolutionnaire ». Le bilan officiel fait état de 19 morts et de 5 000 sans-abris, mais d'autres estimations évoquent des centaines de morts[6].

Les milices armées du sultan des Bamoun organisent des raids ciblant les Bamilékés à Foumbot et dans ses environs. Le notamment, les milices détruisent le village de Bamendjing, y tuant une centaine de personnes. En dépit des exactions dont il se rend responsable, le sultan, proche allié du pouvoir central de Yaoundé ne fera l'objet d'aucune procédure judiciaire[6].

Dans la vallée du Mungo, les violences prennent la forme d'un nettoyage ethnique selon l'universitaire Piet Konings. Le , des milices attaquent plusieurs villages et procèdent à une extermination méthodique des villageois bamilékés. Officiellement, ces massacres ont fait 236 morts et un millier de blessés[6].

Interprétation[modifier]

Le gouvernement camerounais recherche à partir du milieu des années 1960 à exploiter les rivalités ethniques pour occulter le caractère politique de la rébellion et la réduire à une dimension ethnique. Les Bamiléké sont dès lors souvent décrits, bien que de manière généralement implicite, comme de potentiels exploiteurs recherchant à s'étendre partout au Cameroun et à accaparer les terrains des autres ethnies. En 1966, la découverte d'un supposé « complot » aboutit à l'incarcération ou à l'éviction d'un certain nombre de personnalités bamilékés de l'administration à Yaoundé[6].

Ces épisodes sont considérés comme un génocide par des écrivains de la mouvance post-colonialiste, comme le chercheur malien Tiefing Sissoko[7] ou l'essayiste d'origine bamiléké Louis Kamga Kamga[8], mais rejetée par d'autres comme Bouopda Pierre Kamé, fils du chef adjoint de la région au moment des troubles[9]. Les témoignages sont à considérer avec prudence, étant donné le contexte extrêmement polémique et militant qui entoure les analyses de ce conflit.

Estimation du nombre de victimes de la guerre[modifier]

  • Max Bardet[10], pilote d'hélicoptère, avance le chiffre, souvent repris, de 300 à 400 000 morts.
  • Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, à la recherche de sources fiables, relèvent que :
    • le général Max Briand, chef des opérations au Cameroun, évoque 20 000 morts en pays bamiléké, pour la seule année 1960[11].
    • le lieutenant-colonel Jean Lamberton, un ancien d'Indochine, chef de la ZOPAC (Zone de pacification) en Sanaga-Maritime depuis le , là où la répression a été la plus meurtrière, puis acteur central des opérations dans l'Ouest, affirme que l'insurrection en pays bamiléké « a été châtiée en 1958 » et que « la région a été dépeuplée à 50 % »[12].
    • André Blanchet, journaliste au Monde, avance, dans une conférence donnée en 1962, qu'un officiel français lui a parlé le de « 12 000 morts d'ores et déjà déplorés en pays Bamiléké » mais que, plus tard, quelqu'un « dont les allégations méritent d'être prises au sérieux » a évoqué « 120 000 victimes »[13].
    • un rapport de l'ambassade du Royaume-Uni à Yaoundé daté de 1964 fait état, pour la période de 1956 à et pour l'ensemble du Cameroun, de « 61 300 à 76 300 civils tués » précisant que « 80 % de ces pertes ont été occasionnées dans la région bamiléké sous administration française ». Ce rapport rappelle également qu'avant l'indépendance, « l'armée française a fréquemment brûlé, ou détruit d'une autre manière, des villages entiers, qui étaient gravement infestés de terroristes »[14].

Bibliographie[modifier]

  • Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun ! une guerre cachée aux origines de la Françafrique 1948-1971, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-5913-7, lire en ligne)
  • Jean Chatain, Augusta Epanya et Albert Moutoudou, Kamerun, l'indépendance piégée. De la lutte de la libération à la lutte contre le néocolonialisme, L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-55523-5)
  • Bouapda Pierre Kamé, De la rébellion dans le Bamiléké (Cameroun), L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-05236-9)
  • Louis Kamga Kamga, Ernest Ouandié : Le Che Guevara africain, dernier chef historique de l'UPC, Editions L'Harmattan, 2016 (ISBN 978-2343091464)
  • Franck Beuvier. LES MAÎTRES DU STADE. CE QUE DANSER AUX FUNÉRAILLES VEUT DIRE : Les cadets, les défunts et l’institution de la chefferie. Ethnologie et histoire des associations masculines en pays bamiléké (Cameroun). Anthropologie sociale et ethnologie. Ecole des Hautes Etudes En Sciences Sociales, 2013. Français. fftel-02138884f

Notes et références[modifier]

  1. Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2012 utilise ce terme entre guillemets p. 17 et 19 en l'attribuant à Max Bardet et Nina Thellier, auteurs de « O.K. Cargo ! » mémoires d'un pilote d'hélicoptère dont ils n'ont pu retrouver trace, derrière lequel ils soupçonnent à mots couverts de se cacher Constantin Melnik, voir à ce propos p. 18
  2. Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, cartes p. 5 et 7
  3. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, chapitre 13, p. 234-246)
  4. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, chapitres 22 à 24, p. 392-454)
  5. Louis Kamga Kamga, Ernest Ouandié, Paris, , 187 p. (ISBN 978-1796528534)
  6. 6,0 6,1 6,2 6,3 et 6,4 Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsita, Kamerun !, La Découverte, , « Chapitre : Répression "à l'africaine" »
  7. Tiefing Sissoko, La jeunesse malienne : entre autonomie, mobilisation et exclusion, L'Harmattan, , 268 p. (ISBN 9782343054117, lire en ligne), p. 26 - note 18
  8. Louis Kamga Kamga, Le Génocide du Bamiléké : la guerre de la France en Afrique (1958-1971), Independly, , 244 p. (ISBN 978-1-7906-6042-1)
  9. Bouopda Pierre Kamé, De la rébellion dans le Bamiléké (Cameroun), Editions L'Harmattan, coll. « Études africaines », , 146 p. (ISBN 9782296193772, lire en ligne)
  10. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, p. 18 et 20). Voir la note 1 ci-dessus au sujet de Max Bardet.
  11. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, p. 24) renvoient à un « Rapport sur les opérations militaires au Cameroun en 1960 », daté du 7 avril 1961 (SHAT, 6H240)
  12. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, p. 245) renvoient à un « PV de la réunion tenue le 3 janvier de 15 heures à 17 heures 30 à l'état-major du GCS concernant la situation dans les pays Mungo et Bamiléké », Brazzaville, daté du 5 janvier 1959 (SHAT, 6H262)
  13. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011) qui renvoient à « Le Cameroun 1962 : pacification et réunification », conférence devant le Groupe d'études des problèmes africains, Centre d'étude de politique étrangère, 26 octobre 1962, p. 7-8, Fonds privé d'André Blanchet à l'Académie des sciences d'outre-mer.
  14. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011, p. 24) renvoient à Goodfellow, British Embassy, Yaoundé, to Mellon, West and Central Africa Dept., 22 juillet 1964 (Foreign Office, 371/146876) et précisent que cette source leur est connue via un article de la chercheuse américaine Meredith Terretta.



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